Mère nécessaire que je vois passer dans
la rue, tendue de fatigues trop longues, mère laborieuse, crois en cet homme
nouveau que tu tiens en ton ventre, ce preux, ce héros, ce chevalier sorti des
gangues et des misères, étourdi de ce si long passage, grandi par cet
impitoyable ouvrage entre le ciel et la terre pour quoi il a été choisi, lui,
l'aura collée à la matière... et qui cherche son ciel, cet homme, à la sueur de
son front, à la limpidité de son coeur, à la grandeur de son âme, à la lumière
de son esprit.
Mère, c'est maintenant qu'il faut croire
en ce temps de la lumière en premier, toi la formatrice de vie, le sacrer dès
ton ovulation pour que ton oeuf en reçoive les premières traces, y croire pour
cet enfant. Il vient ma mère par ton ventre charnel... mais sais-tu que ton
amour peut, dès aujourd'hui, lui préparer l'espace.
Car cet espace tout autour de la terre
ce n'est pas que du vent, des ondes électriques ou hertziennes, des rayons X ou
gamma, de la lumière noire ou des ultra-sons, des circuits électroniques, des
relais pour satellites, ou les engins de mort qu'y font tourner les fous. Cet
espace c'est davantage encore. C'est le bain collectif de milliards d'humains
qui y vivent nuit et jour, qui s'y prennent l'amour et s'en lavent les mains. Tout est lié dans la nature, l'air et le
vent, l'eau et le sang. Dans la même chimie organique... Tout vit en chaîne de
conséquence, continue et ininterrompue. Ce que nous mangeons et buvons, ce que
nous respirons. Alors, ce que nous émanons! Nos auras émanées dans l'aura de la
terre, du vent, des eaux et des rivières.
Toute la création n'est qu'une
vibration, qui émane, rayonne, comme un grand champ ondulatoire, où nos propres
ondes ébranlent un à un les atomes d'harmonie du ciel jusqu'à la terre...
Oui, nous sommes responsables de nos
stimulations, de nos distorsions, de nos divagations, qui agissent sur les
organisations des hautes atmosphères... Dans ce champ vibratoire, chaque
principe y a son rôle. Le féminin est formateur à part Entière et la femme
formatrice.
Par son immatérielle matière et son
corps éthérique, elle participe des espaces subtils de la terre. Elle y émane
ses qualités de cellule féminine, ses puissances de matrice capables d'appeler
les hautes vertus du ciel pour leur donner forme. Elle peut si elle le veut
attirer les éléments des mondes supérieurs pour les concrétiser et changer les
saisons.
Ce pouvoir magnétique qui est le sien
appartient à son destin biologique sexuel. Il l'inscrit en premier pour cette
gestation de l'espace, comme on voit certaines femmes emplir par leur beauté
les espaces de la rue ou les espaces du temps, qu'elles animent, exaltent,
stimulent, ressuscitent, capables de phénomènes de haute magie, sur tout ce qui
est vivant. Ce pouvoir du féminin absolu était connu dès l'Antiquité. Salomon
nous en a laissé la trace. Il est de nouveau
porté par les courants du Verseau.
Je crois à cet avenir où le féminin nous
apprendra un autre espace du temps, non dans un féminisme autoritaire,
justicière, fonctionnaire, comme trop souvent aujourd'hui, mais dans l'aura de
son regard, de sa voix, et de son geste clair. La femme réinventera l'espace de
nos fraternités, de nos marchés communs où nous séparent encore nos vieilles
mentalités. Elle réinventera l'accueil aux portes des maisons, à l'entrée des
congrès, le rendra synarchique comme un seuil solaire. Pour préserver le jour, nous délivrer
d'une guerre...
Si ce matin elle ose ce regard sur
elle-même. Si, seule, en ouvrant sa fenêtre, elle ose s'offrir en toute
intimité à la tendresse des choses, comme si un cordon de lumière reliait sa
mamelle à la mamelle du monde. Comme si entre le ciel et elle, en toute nudité,
s'engageait une histoire secrète, réelle, animant. Comme si, tout ensemble, et
les chaleurs du jour et celles de son coeur s'accordaient pour s'ouvrir aux
musiques des sphères, lui montrant que ces vagues aquatiques, ces courbes
océaniques, cette vibration organique qui l'immergent, lui viennent des
horizons solaires. Si elle osait ce soir, là au creux de son ventre, y retrouver
ses mémoires anciennes, et tout en respirant, et tout en vibrant, et tout en
aimant, et tout en même temps, y vivre dans l'âme des étoiles jusqu'à l'infini
du possible, jusqu'à devenir flamme, et s'étendre en lumière aux confins
zodiacaux des hommes et des humanités.
Si elle osait son rôle, là au creux de
sa vie, se lier aux quatre coins du ciel, qui ont nom Gabriel, Raphaël, Ouriel
et Mikhaël... Et y porter l'amour, comme le jour porte la lumière. Qu'elle ose
se dire enfin «ce soir-je suis enceinte d'amour»...
Que cet amour emplisse les espaces, afin
qu'elle ne se sente plus jamais stérile, mais toute utile de l'univers et des
hautes atmosphères de notre planète bleue. Si elle osait ce matin, cette
prêtrise de l'espace comme prix de la paix, alors, avec elle, je me ferais
femme et dans mon féminin je m'illuminerais dans la présence de ces êtres
fabuleux qui ont porté l'espace. Je m'inscrirais comme amante dans ce chapelet
flamboyant d'hommes nouveaux, ces Chevaliers d'Aour, ces fils de la lumière,
ces hommes solaires: Rama, Krishna, Hermès, Moïse, Lao-Tseu, Confucius, Orphée,
Pythagore, Platon, Jésus... Alors j'aurais peut-être une idée de l'homme
nouveau et de la grandeur d'être femme...
extrait
de LE POUVOIR FORMATEUR DE LA FEMME
Par
Pierre C. Renard 1996
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