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jeudi 2 octobre 2014

Etre femme dans la cité grecque



Dans la Grèce antique, il faut préciser pour spécifier la supériorité de la beauté masculine que les qualités du jeune garçon ou de l’homme diffèrent en tous points de celles de la femme. Celle-ci est « tantôt assimilée à l’enfant, tantôt au barbare, voire à l’animal »

De plus ce que la cité grecque exige des femmes, c’est la réserve et la discrétion. « Sa parure la plus grande est [donc] le silence. (...) [Et] le plus grand éloge que l’on puisse faire d’une femme, disent les auteurs anciens, est qu’elle ne fasse pas parler d’elle (...). Est associé [ainsi] au féminin tout ce qui est posture de soumission et passivité (...) ». Dans la culture grecque en effet, la femme n’a que peu d’importance en tant qu’épouse. Sa vie s’organise autour du métier à tisser et de l’éducation de ses enfants, plus précisément des garçons jusqu’à 7 ans. « La quenouille, outil de la fileuse est l’un des attributs de la femme, dès le monde homérique (...) » .

La femme légitime n’a de rapport avec son époux que dans le but de procréer, à tel point que même la discussion entre mari et femme est relativement rare. Par contre quand il est avec une courtisane, l’homme peut avoir une relation plus proche de celle qu’il entretient avec un jeune garçon. La courtisane est appelée, hétaïre, le terme est d’ailleurs le féminin du terme masculin hétaïros qui signifie compagnon. L’hétaïre est donc la compagne de l’homme dans les banquets, lieu de musique, de danse, de poésie, de discussions et d’amour. Son rôle est de susciter le désir masculin, elle est donc formée à ce type de pratique. Mais alors que la femme légitime n’a reçu aucune éducation autre que celle dispensée par sa mère, l’hétaïre étrangère et donc non-citoyenne, reçoit une éducation lui permettant d’avoir des échanges avec les hommes qui ne se limitent pas à la seule relation sexuelle.

Aspasie, compagne de Périclès en est un exemple. Elle va l’influencer dans ses décisions. Comme certaines hétaires qui donnent des leçons de philosophie ou de science politique à de jeunes hommes, Aspasie a ouvert une école pour former des jeunes filles. Son enseignement est composé de cours de techniques érotiques, mais aussi de poésie, de danse. Si ce type de femme n’est pas l’égal de l’homme, son statut est néanmoins proche du jeune garçon.

Mais de manière générale, il faut souligner que si la femme a essentiellement pour rôle de donner naissance à des enfants, c’est aussi parce que « l’amour est plutôt réservé aux relations masculines. Aimer les femmes est un signe de faiblesse et de féminitude, et le modèle du séducteur de femmes, Pâris, l’amant d’Hélène, passe pour un efféminé.

Quant à aimer sa propre femme, au Ve siècle avant notre ère, c’est un grand ridicule». Par contre, les rapports entre les hommes et les jeunes garçons est tout autre. L’éducation des jeunes garçons est nourrie par l’art, la philosophie et la pratique sportive. D’ailleurs au gymnase, des salles de discussions permettent aux philosophes et aux poètes de s’entretenir avec les jeunes. Dans ces salles, des statues grecques représentent l’idéal de beauté. La beauté des jeunes garçons est mise en valeur lors des fêtes, des compétitions sportives ou des banquets. Ils s’y présentent le plus souvent nus. Notons d’ailleurs que le terme gymnase, gymnos en grec renvoie à la nudité. Or, « la nudité est symbole de beauté et de puissance, (...) [c’] est une preuve de civilisation, [alors que] les barbares sont ceux qui sont habillés (...) [dans la mesure où le fait d’avoir] honte de son corps est une preuve de barbarie. (...).

Pour les grecs, les exercices sportifs dans les palestres nécessitaient une nudité intégrale, mais elle ne s’appliquait qu’aux hommes. Si l’homme nu ne choquait pas, la femme nue scandalisait (...) ». « L’opposition du nu et du vêtu recoupe l’opposition du masculin et du féminin. La beauté masculine est corporelle, la beauté féminine réside dans le vêtement et se résume à son visage, sinon à sa chevelure ». « Dans l´éducation grecque, la gymnastique, en sculptant et en ciselant les muscles, associée aux massages d´huiles parfumées, aux soins des cheveux et de la barbe suffit à rendre beau naturellement. Le fard relève du simulacre, du mensonge et de l´illusion : il ne donne qu´une beauté éphémère, inauthentique et insignifiante».

Comme le montrera Xénophon la beauté masculine est supérieure à toute beauté féminine, car « la beauté juvénile des garçons, qui fascine les Grecs, est définie comme beauté naturelle.

Inversement la beauté féminine est dite artificielle et s’obtient par artifice ». Le maquillage des femmes : « teint blanchi de céruse, yeux charbonnés, pommettes et lèvres d’un rouge violent » en est une constante. « De fait la représentation grecque de la femme oscille entre deux pôles : d’une part c’est une créature sauvage qu’il faut domestiquer et civiliser pour l’intégrer à la société par le mariage, d’autre part c’est une créature hyper artificielle qui séduit l’homme. Dans les deux cas, l’homme veut la femme artificielle, jamais naturelle, jamais mise à nu. Elle doit donc également se vouloir artificielle : bien habillée, maquillée, (…) parée et bijoutée» .

extrait de L’Etre féminin ou le fondement ontologique de la laideur.

Par Claudine Sagaert

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