"Pour
certains hommes, la femme apparaît comme d'autant plus dangereuse qu'elle
possède, dans leurs fantasmes, deux bouches dévoratrices, qu'elle est (comme
certains monstres dessinés par Grandville) doublivore.
Car le
sexe féminin leur semble une castration, une blessure, une bouche. Et dans leur
inconscient, la bouche avale, la blessure blesse, la castration châtre : par`
contagion, par dissolution chimique, par morsure. R. Gessain a pu ainsi étudier
la monstrueuse figure du vagin denté. Verlaine parle du « sexe mangeur ».
Sartre d'une « bouche vorace pour avaler le pénis ». Claude Simon (la Route des
Flandres) évoque, non sans amitié, le sexe carnivore « Au creux des replis
cette bouche herbue, cette chose au nom de bête, de terme d'histoire naturelle
- moule poulpe pulpe vulve - faisant penser à ces organismes marins et
carnivores aveugles, mais pourvus de lèvres, de cils. » A cette bouche cruelle
et tendre, étrange et familière, on opposera la vision plus féroce du
garde-chasse de Lady Chatterley : « Les vieilles drôlesses ont 'des becs entre
les jambes et vous déchirent avec. »
W.
Lederer cite un certain nombre de mythes liés au vagin denté. Avec une ficelle,
des tenailles, une pierre, une barre de fer; le héros joue le rôle de dentiste
vaginal. On nous narre des contes sanglants, de lugubres histoires : « Il y
avait une fois la fille d'un démon qui avait la vulve hérissée de dents.
Lorsqu'elle apercevait un homme, elle se transformait en jolie jeune fille;
elle le séduisait, lui coupait son pénis qu'elle mangeait alors, et donnait à
dévorer le reste de son corps à ses tigres. »
Les Mythologies de Claude Lévi-Strauss reprennent
plusieurs mythes du vagin denté. Dans un mythe kalapalo, il note la
transformation de femme sans vagin à femme à dents de piranhas, qui lui
permettent de manger les poissons crus. Parfois (par exemple dans un mythe
crow), vagin denté, cannibalisme, férocité vont ensemble. Parfois, au
contraire, les femmes au vagin denté (d'un mythe wawai) sont des bienveillantes
et elles déconseillent à des Dioscures qui les ont pêchées de coucher avec
elles. Dans certains cas cliniques, les dents qui pourraient apparaître dans un
sexe de femme ont paradoxalement une fonction rassurante. Elles éviteraient,
par leur barrière, à l'homme de s'engloutir entièrement en lui. Elles
structureraient ce qu'il vit comme un informe redoutable.
Permettant
une meilleure analogie entre le haut et le bas, elles transformeraient le sexe
en un organe de parole, de communication ; il cesserait d'être le lieu d'une
jouissance où le sujet redoute de s'annihiler. « Ce trou, le sexe féminin, (dit
un malade, cité par Gessain) c'est une bouche sans dents... Ça n'a rien, c'est
bête, désagréable à la vue. S'il y avait des dents et une langue, ce serait
moins passif, moins trou ; ça pourrait remuer, se manifester ; s'il y avait une
langue et des dents, il y aurait des possibilités d'échanges. »
Le
fantasme du vagin dangereux n'est pas seulement masculin. Il existe aussi chez
les femmes, homosexuelles ou non. Priée par son médecin de retirer un anneau
anticonceptionnel, une patiente introduit le doigt dans son vagin (pour la
première fois, selon ses souvenirs conscients) ; elle s'évanouit presque en
sentant. « quelque chose qui lui mord le doigt». Une autre femme rêve qu'elle
glisse la main dans' son sexe et qu'un de ses doigts lui est arraché par
morsure. Une autre encore, à qui son amie demandait de lui introduire ses
doigts dans le sexe, ne peut le faire « J'étais sûre que mes doigts allaient
rester pris en elle ; et qu'il faudrait recourir à un chirurgien pour nous
séparer. » On imagine donc un cannibalisme de femmes. Et les petits mâles
redoutent de devenir leur nourriture. Parmi les gravures de Théodore de Bry
(XVIe siècle) qui figurent des cannibales, certaines montrent des femmes
partageant entrailles et membres humains entre elles et avec leurs enfants. En
une communion sanglante".
article
Gilbert Lascault Figurées défigurées. Petit vocabulaire de la
féminité représentée. Article "dévoration"
Bonjour, Françoise .
RépondreSupprimerJ'ai une autre interprétation du sexe féminin .
Pour l'homme qui force une femme pour la pénétrer , peut être représenté comme un risque d'émasculation ?
Ainsi la femme peut alors trancher le sexe de son violeur , d'un exhibitionniste ,pour se venger de l'affront qu'elle a subit ?
Un homme nu a son sexe très exposé ,et c'est peut être un peut pour ça qu'il est violent et dominateur ?
Les femelles non consentantes sont elles aussi très violentes ?Un eunuque .
Les périodes de rut chez les mâles s'accompagnent d'une prise de risque .
RépondreSupprimerS'il veut s'accoupler, il doit prendre le risque d'être sanctionné .