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samedi 28 juin 2014

CENDRILLON racontée aux filles ou la formation professionnelle



A bon nombre d’élèves infirmières, on a laissé entendre que le métier qu’elles apprennent (et dans quelles conditions) était l’un des plus sûrs moyens d’épouser un médecin. Presque aussi nombreuses sont les infirmières ayant travaillé de longues années pour permettre à leur époux – étudiant en médecine - de terminer leurs études. Elles se sont trouvées souvent supplantées dans le coeur, le lit et le cabinet du diplômé de fraiche date, lequel réalise soudain que, pour avoir le denier et le faire prospérer, une fille de patron, médical ou  non, est bien plus tuile qu’une quelconque infirmière diplômée d’Etat.

Cendrillon n’est plus qu’une misérable citrouille. Or l’acquisition d’un métier est une priorité absolue. Elle assure l’indépendance, l’autonomie qui permet un choix réel de vie. Les femmes doivent choisir un métier en fonction de leurs aptitudes personnelles et non selon des normes traditionnelles.

Dans les années 1970, la formation des filles diffère aussi beaucoup selon les classes sociales dont elles sont issues. En milieu intellectuellement et financièrement plus favorisé, l’éventuel travail, et en tout cas, la formation scolaire de la fille sont envisagés dans leur aspect psychologique. Elle fera plus facilement des études longues qui favoriseront son épanouissement intellectuel, sans lui ouvrir pour autant des débouchés professionnels très concrets.

En milieu prolétaire, défavorisé financièrement et culturellement, le travail a un aspect plus "économique". Les filles doivent apprendre un métier et rapidement si possible. Elles font des études courtes et spécialisées, qui donnent accès à un métier précis, mais souvent fermé et sans promotion possible ; en fait, la formation des filles est le reflet de la conception d rôle de la femme dans tous les milieux sociaux.

Une enquête de l’AFPA (Association pour la Formation professionnel des adultes) faite en 1975 auprès de femmes candidates à un stage de formation professionnelle, révèle :
-                      le faible niveau de formation générale :
51 % des femmes n’ont été scolarisées que jusqu’à la 4ème .
26 % ont un niveau de 3ème /seconde
17 % de 1ère /terminale. Parmi celles-ci, 30 % sont bachelières.
6 % seulement ont eu accès à des études supérieures, très vite terminées, dont 60 % ne font qu’une année d’études supérieures et seulement 7 % atteignent le niveau de licence ou de maîtrise.

-                      le faible niveau de formation professionnelle :
Sur cent femmes, 46 ont commencé ou acquis une formation professionnelle pendant leur scolarité.
14 % ont suivi des cours de couture,
7 % d’enseignement ménager,
6 % d’esthétique, de coiffure,
5 % de vente,
4 % d’agriculture.

C'est-à-dire que les jeunes filles qui ont eu la possibilité de commencer ou d’acquérir une formation scolaire professionnelle ont choisi des secteurs traditionnellement "féminin".

Les remèdes à la mauvaise formation.
Il faut, outre l’application rapide des lois récentes contre la discrimination (ouverture aux filles des lycées techniques, des grandes écoles, internats des écoles techniques et des stages de formation) :
-          une dénonciation des mentalités, par une éducation véritablement mixte, et non sexiste, une lutte contre l’image traditionnelle de la femme.
-          une information des filles sur les problèmes actuels que réserve le monde du travail aux femmes.

La part des filles dans le Système de formation professionnelle (SFP) représente 42% de l'effectif global des stagiaires en 2012-2013 et 45% des lauréats, a annoncé, lundi à Rabat, le ministre délégué auprès du ministère de l'Education nationale et de la formation professionnelle, Abdelaâdim Guerrouj.

Dans son approche d'élaboration et de mise en œuvre des politiques de formation professionnelle, le ministère veille à prendre en considération, aux côtés des besoins des secteurs d'activités, les besoins et aspirations des individus en général et de la femme en particulier, a expliqué Guerrouj qui intervenait à l'ouverture d'un séminaire sur l'intégration du genre dans les politiques de la formation professionnelle.

Le ministre a, également, fait savoir qu'en termes d'encadrement pédagogique, le corps formateur est constitué de 33% de femmes, relevant qu'une étude est en cours de lancement pour identifier les disparités et défaillances au niveau de l'accès à la formation professionnelle pour les garçons et les filles, ainsi que les difficultés liées à l'insertion du marché du travail. «Des efforts ont été initiés, à cet effet, et méritent d'être consolidés pour un meilleur ancrage de l'approche genre dans les politiques et programmes nationaux», a-t-il lancé. Le ministre a rappelé, à cet égard, l'élaboration d'un Programme stratégique à moyen terme (PSMT) pour l'institutionnalisation de l'approche genre en collaboration avec l'Agence canadienne de développement international, dont le deuxième axe a permis la réalisation d'avancées importantes. Dans ce sens, plusieurs actions de formation ont été organisées au profit du personnel du département de la formation professionnelle et des départements ministériels associés en charge de l'Agriculture et de la Pêche maritime, et du Tourisme, afin de d'assurer un ancrage progressif de l'égalité et de l'équité genre (EEG).

«Nous sommes convaincus que la réussite de projet repose sur des ressources humaines formées et fortement impliquées, à tous les niveaux, dans le cadre d'une gouvernance multi-niveaux qui associe pleinement l'ensemble des partenaires du système», a-t-il poursuivi. Il a, également, souligné la nécessité de la mise en application d'un référentiel des normes et valeurs en matière d'EEG, ainsi que des guides et outils d'application, compte tenu des spécificités du système de formation professionnelle. Pour sa part, l'ambassadeur du Canada au Maroc, Sandra McCardell, a salué les efforts déployés par le Maroc visant à promouvoir l'approche genre, notant que cette dynamique s'est déclenchée depuis l'entrée en vigueur du nouveau Code de la famille marocain et l'adoption de la nouvelle Constitution.

L'ambassadeur a relevé que le Maroc détient tous les fondamentaux nécessaires à la mise en œuvre de cette intégration, soulignant que l'absence de participation féminine dans le tissu économique implique un manque à gagner en termes de développement. Ce séminaire s'inscrit dans le cadre de la politique engagée par le ministère et en continuité des efforts entrepris pour consolider le renforcement de l'égalité et de l'équité genre dans le système de formation professionnelle conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution, qui a érigé la formation professionnelle en droit devant être garanti sur le même pied d'égalité aux citoyennes et citoyens. 


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