A bon nombre d’élèves infirmières, on a
laissé entendre que le métier qu’elles apprennent (et dans quelles conditions)
était l’un des plus sûrs moyens d’épouser un médecin. Presque aussi nombreuses
sont les infirmières ayant travaillé de longues années pour permettre à leur
époux – étudiant en médecine - de terminer leurs études. Elles se sont
trouvées souvent supplantées dans le coeur, le lit et le cabinet du diplômé de
fraiche date, lequel réalise soudain que, pour avoir le denier et le faire
prospérer, une fille de patron, médical ou
non, est bien plus tuile qu’une quelconque infirmière diplômée d’Etat.
Cendrillon n’est plus qu’une misérable
citrouille. Or l’acquisition d’un métier est une priorité absolue. Elle assure
l’indépendance, l’autonomie qui permet un choix réel de vie. Les femmes
doivent choisir un métier en fonction de leurs aptitudes personnelles et non
selon des normes traditionnelles.
Dans les années 1970, la formation des
filles diffère aussi beaucoup selon les classes sociales dont elles sont
issues. En milieu intellectuellement et financièrement plus favorisé,
l’éventuel travail, et en tout cas, la formation scolaire de la fille sont
envisagés dans leur aspect psychologique. Elle fera plus facilement des études
longues qui favoriseront son épanouissement intellectuel, sans lui ouvrir pour
autant des débouchés professionnels très concrets.
En milieu prolétaire, défavorisé
financièrement et culturellement, le travail a un aspect plus
"économique". Les filles doivent apprendre un métier et rapidement si
possible. Elles font des études courtes et spécialisées, qui donnent accès à un
métier précis, mais souvent fermé et sans promotion possible ; en fait, la
formation des filles est le reflet de la conception d rôle de la femme dans
tous les milieux sociaux.
Une enquête de l’AFPA
(Association pour la Formation professionnel des adultes) faite en 1975 auprès de femmes
candidates à un stage de formation professionnelle, révèle :
-
le faible niveau de formation générale :
51 % des femmes n’ont
été scolarisées que jusqu’à la 4ème .
26 % ont un niveau de 3ème
/seconde
17 % de 1ère
/terminale. Parmi celles-ci, 30 % sont bachelières.
6 % seulement ont eu
accès à des études supérieures, très vite terminées, dont 60 % ne font qu’une
année d’études supérieures et seulement 7 % atteignent le niveau de licence ou
de maîtrise.
-
le faible niveau de formation professionnelle :
Sur cent femmes, 46 ont
commencé ou acquis une formation professionnelle pendant leur scolarité.
14 % ont suivi des
cours de couture,
7 % d’enseignement
ménager,
6 % d’esthétique, de
coiffure,
5 % de vente,
4 % d’agriculture.
C'est-à-dire que les
jeunes filles qui ont eu la possibilité de commencer ou d’acquérir une
formation scolaire professionnelle ont choisi des secteurs traditionnellement
"féminin".
Les
remèdes à la mauvaise formation.
Il faut, outre l’application rapide des
lois récentes contre la discrimination (ouverture aux filles des lycées
techniques, des grandes écoles, internats des écoles techniques et des stages
de formation) :
-
une dénonciation
des mentalités, par une éducation véritablement mixte, et non sexiste, une
lutte contre l’image traditionnelle de la femme.
-
une information
des filles sur les problèmes actuels que réserve le monde du travail aux
femmes.
La part des filles dans le Système de formation professionnelle
(SFP) représente 42% de l'effectif global des stagiaires en 2012-2013 et 45% des lauréats, a annoncé, lundi à Rabat, le
ministre délégué auprès du ministère de l'Education nationale et de la
formation professionnelle, Abdelaâdim Guerrouj.
Dans son approche d'élaboration et de mise en œuvre des politiques
de formation professionnelle, le ministère veille à prendre en considération,
aux côtés des besoins des secteurs d'activités, les besoins et aspirations des
individus en général et de la femme en particulier, a expliqué Guerrouj qui intervenait
à l'ouverture d'un séminaire sur l'intégration du genre dans les politiques de
la formation professionnelle.
Le ministre a, également, fait savoir qu'en termes d'encadrement
pédagogique, le corps formateur est constitué de 33% de femmes, relevant qu'une
étude est en cours de lancement pour identifier les disparités et défaillances
au niveau de l'accès à la formation professionnelle pour les garçons et les
filles, ainsi que les difficultés liées à l'insertion du marché du travail.
«Des efforts ont été initiés, à cet effet, et méritent d'être consolidés pour
un meilleur ancrage de l'approche genre dans les politiques et programmes
nationaux», a-t-il lancé. Le ministre a rappelé, à cet égard, l'élaboration
d'un Programme stratégique à moyen terme (PSMT) pour l'institutionnalisation de
l'approche genre en collaboration avec l'Agence canadienne de développement
international, dont le deuxième axe a permis la réalisation d'avancées
importantes. Dans ce sens, plusieurs actions de formation ont été organisées au
profit du personnel du département de la formation professionnelle et des
départements ministériels associés en charge de l'Agriculture et de la Pêche
maritime, et du Tourisme, afin de d'assurer un ancrage progressif de l'égalité
et de l'équité genre (EEG).
«Nous sommes convaincus que la réussite de projet repose sur des
ressources humaines formées et fortement impliquées, à tous les niveaux, dans
le cadre d'une gouvernance multi-niveaux qui associe pleinement l'ensemble des
partenaires du système», a-t-il poursuivi. Il a, également, souligné la
nécessité de la mise en application d'un référentiel des normes et valeurs en
matière d'EEG, ainsi que des guides et outils d'application, compte tenu des
spécificités du système de formation professionnelle. Pour sa part,
l'ambassadeur du Canada au Maroc, Sandra McCardell, a salué les efforts
déployés par le Maroc visant à promouvoir l'approche genre, notant que cette
dynamique s'est déclenchée depuis l'entrée en vigueur du nouveau Code de la
famille marocain et l'adoption de la nouvelle Constitution.
L'ambassadeur a relevé que le Maroc détient tous les fondamentaux
nécessaires à la mise en œuvre de cette intégration, soulignant que l'absence
de participation féminine dans le tissu économique implique un manque à gagner
en termes de développement. Ce séminaire s'inscrit dans le cadre de la
politique engagée par le ministère et en continuité des efforts entrepris pour
consolider le renforcement de l'égalité et de l'équité genre dans le système de
formation professionnelle conformément aux dispositions de la nouvelle
Constitution, qui a érigé la formation professionnelle en droit devant être
garanti sur le même pied d'égalité aux citoyennes et citoyens.
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