Qui dit
«masculin» sous-entend souvent «homme». Comme nous avons pu le voir, ces deux
concepts sont différents. Le masculin et le féminin sont
complémentaires et nécessaires pour que se vive l’équilibre. Le principe mâle
et celui femelle sont nécessaires pour la procréation. Mais un homme n’a pas
besoin d’être avec une femme pour vivre l’équilibre et l’inverse est tout aussi
vrai. Pas besoin d’être un homme pour travailler sur son masculin, pas besoin
d’être hétérosexuel pour vivre l’équilibre et la complémentarité au sein d’un
couple.
Cependant, à travers l’ouverture progressive au féminin (ou le
retour), de nombreux hommes ont du mal à se situer et peinent à trouver leur
place entre le macho et l’homme «efféminé». Un bon nombre ne se retrouve plus
dans les repères passés sans pour autant savoir dans quelle direction avancer.
Certains penseurs (et penseuses) considèrent que les hommes, les vrais, sont en
cours d’extinction. Mais ce qui semblerait plus juste serait que, ainsi que le
souligne Paule Salomon, «les hommes ne sont pas en voie de disparation, ils
sont en crise de mutation».
Aussi, afin de (re)trouver leur identité (pour ceux qui se posent
la question), tant masculine que globale, certains hommes éprouvent le besoin
de se construire au contact d’autres hommes.
Réseaux et groupes d’hommes
Les anciennes fraternités spirituelles
(druidisme, francs-maçons...) puisaient la raison de leur regroupement unisexe
dans de nombreuses idées. Certaines sont, avouons-le, purement sectaires et
misogynes ou misandres. D’autres se veulent plus logiques selon leur
conception du monde. Ainsi, nous retrouvons les courants qui considèrent que
les principes masculin et féminin ne sont respectivement l’apanage que des
hommes et des femmes. Pour pouvoir travailler et intégrer pleinement une des
deux énergies, il serait donc nécessaire de se concentrer sur une seule
polarité (autrement dit celle correspondant à son genre). Selon ces
conceptions, l’autre polarité est reconnue, acceptée mais rarement comprise.
Toutefois, on peut souligner la pertinence du fait que les corps féminins et
masculins ne fonctionnent pas sur les mêmes rythmes et qu’à un niveau purement
physique (ce qui n’est pas négligeable), une compréhension instinctive peut se
faire jour.
Hormis ces considérations, les groupes d’hommes m’apparaissent
plus pertinents dans leur dimension évolutive. Pour illustrer cette idée, à
l’heure actuelle, de nombreux hommes se remettent en cause dans leur identité.
Se retrouver afin d’évoquer le parcours de chacun, découvrir que l’on vit des
situations similaires et s’entraider permet de renforcer la dynamique évolutive
de chacun.
Ainsi un certain nombre de groupes d’hommes se sont formés dans le
monde (en partie avec les travaux de Robert Bly), notamment au Québec et en
France (principalement le réseau Hommes, fondé en 1992 par Guy Corneau).
L’intérêt de ces groupes est double : il permet à la fois aux hommes
d’expérimenter une complicité, une intimité toute masculine (dans le sens d’«homme»)
- en bref : expérimenter la fraternité - tout en faisant partie d’un groupe
dans lequel ils évoluent. Ces cercles se basent sur la convivialité, le respect
et le partage à coeur ouvert. Chacun partage son expérience, ses ressentis, ses
parcours (sans obligation de parole). Un des avantages se situe aussi dans le
fait que de nombreuses personnes sont plus à l’aise pour évoquer certains
sujets avec des gens de leur sexe – se sentant moins jugées ou ayant moins le
souci de vouloir plaire aux autres.
De sujets spirituels à la vie quotidienne, de la philosophie à la
sexualité, chacun s’exprime avec ses mots et sa sensibilité, lui permettant de
se sentir homme parmi d’autres hommes sans intermédiaire féminin (au sens de
«femme»).
Travailler avec les dieux et l’énergie masculine
Au-delà du besoin de se retrouver entre hommes et d’explorer une
facette de sa masculinité, le travail avec les dieux et l’énergie masculine
peut tout aussi bien se faire à travers un cercle contenant les deux genres ou
de façon individuelle, chaque individu étant la somme des deux polarités.
Ainsi
le travail avec le masculin sacré peut s’amorcer par des remises en question,
une observation de sa vie et de son cheminement. Des lectures – accompagnées
d’un regard critique – peuvent aussi enrichir cette perspective. Ce travail
peut passer par l’auto-analyse mais ne nécessite pas une approche rigide, bien
au contraire. Chaque activité et interaction peut être l’occasion de s’ouvrir
et de mieux comprendre sa part masculine. Travailler avec son masculin n’exclut
pas d’ailleurs le travail avec le féminin. Même s’il peut apparaître opportun
de se focaliser sur l’une ou l’autre des polarités dans un premier temps (pour
se familiariser avec et pouvoir l’intégrer), en cultivant chacune d’entre
elles, nous facilitons l’accès à l’autre. Ainsi l’accès au masculin passe
autant par la constance, l’engagement, la droiture que par le lâcher-prise,
l’intuition et l’ouverture.
De
plus en plus d’études en sciences sociales tendent d’ailleurs à montrer que les
individus adoptant une sexuation psychique androgyne tant dans leurs tâches
quotidiennes que dans leurs attitudes présentent les scores les plus élevés sur
des échelles d’épanouissement personnel, de bien-être et d’équilibre.
A
un niveau purement pratique, cela peut passer par des méditations, des rituels
dédiés au principe masculin (au Dieu-père-fils-amant-frère) ou à un dieu
particulier avec lequel on se sent en adéquation.
Un
autre point intéressant est de s’interroger sur les facettes du masculin et de
divinités masculines qui nous dérangent et nous perturbent. Sont-ce des parts
de nous-mêmes que nous avons du mal à accepter ou des facettes déséquilibrées
et transformées par des millénaires de patriarcat ?
En
conclusion
Le
Masculin à redécouvrir
Cet
article sur le masculin ne peut qu’être tronqué et succinct. Il reflète une
part de mes croyances, de mon expérience et de mes propres limites, ajoutées à
celles d’autres personnes. Toutefois, il se veut avant tout un appel, un
témoignage. Il existe bien une autre force que le Féminin Sacré mais, tout
comme la première, elle demeure souvent mal comprise. Pour bien la comprendre
et l’appréhender dans sa totalité, les articles, les livres et les discussions
ne suffisent pas. Le prochain pas, c’est à vous de le faire.
Bibliographie
-
L’art de l’extase sexuelle, Margot Anand, Guy Trédaniel
-
L’art de l’extase au quotidien, Margot Anand, Guy Trédaniel
-
Le manuel de sexualité tantrique, Bodhi Avinasha & Sunyata Saraswati,
Jouvence
-
Le héros aux mille et un visages, Joseph Campbell, Oxus
- Urban Tantra, Barbara Carellas,
Celestial Arts
- Gods of light & shadow, D.
J. Conway, Llewellyn
-
Père manquant – fils manqué, Guy Corneau, de L’homme
-
Les secrets de l’extase, Nick Douglas & Penny Slinger, Guy Trédaniel
-
La déesse blanche, Robert Graves, du Rocher
- The Art of Tantric Sex, Nitya
Lacroix, Dorling Kindersley
- Celtic Myths and Magick, Edain
MacCoy, Llewellyn
-
Merlin l’enchanteur, Jean Markale, Albin Michel
- The 21 lessons of Merlyn,
Douglas Monroe, Llewellyn
- The lost books of Merlyn,
Douglas Monroe, Llewellyn
-
Le parcours de l’héroïne ou la féminité retrouvée, Maureen Murdock, Dangles
- Sons of the Goddess,
Christopher Penczak, Llewellyn
- The living temple of witchcraft
– Journey to the God, Christopher Penczak, Llewellyn
-
Les hommes se transforment – l’homme lunaire, Paule Salomon, Albin Michel
-
La femme solaire, Paule Salomon, Albin Michel
-
Le couple intérieur, Paule Salomon, Pocket
-
Tantra – le culte de la féminité, André Van Lysebeth, Flammarion
Crédits
Illustrations
Marizano
Cyano http://marizano.deviantart.com
Dorotea Gizzi http://greatdoro.blogspot.com
Morgane
Grosdidier www.morganegrosdidier.com/
Lorine
Pimenta www.lorineart.com
Sandra SanTara http://windwolf.com
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