La naissance
des cités et l’organisation militaire de la société leur firent prendre
conscience de leur propre pouvoir créateur et de leur force. Il fallut des rois
pour diriger tout cela. (De droit divin). Il leur fallut alors des dieux
dominateurs à leur image…Pour justifier leur prise de pouvoir. Des dieux qu’il
fallait craindre !
Les femmes
devinrent garantes de la procréation de nombreux guerriers ; dispensatrices
d’un indispensable plaisir, elles devinrent au sein de certaines civilisations,
un bien précieux, une marchandise, une servante.
Apparition du Dieu Mâle :
Tout s’est
joué en Mésopotamie il y a 6000 ans ; c’est là que cette dramatique mutation
culturelle semble avoir pris naissance : Le dieu Mardouk en vient à tuer sa
mère Tiamat (un serpent gigantesque…) et s’empare du pouvoir et du sacré
qu’elle détenait jusqu’alors. Issue des traditions sumériennes, la Genèse biblique
demande à l’homme de dominer et d’exploiter la Nature ; donc ses forces vives, donc
la femme elle-même. D’autre part le serpent y sera présenté comme l’ennemi, le
corrupteur ; il y est associé à la femme : d’abord Lilith puis Eve.
La Grande
Déesse solaire devient lunaire, un pâle reflet d’elle-même. Elle est alors
associée au dieu, son amant ou –et- son fils, auquel elle transmet son pouvoirs
solaire. La Déesse des origines devient la Mère de Dieu, ou sa parèdre. Son
faire valoir…Reléguée sous le masque de la lune par l’homme, la déesse des
origines devint alors le miroir dans lequel il se cherche toujours,
désespérément. C’est ainsi que la Déesse a perdu son trône.
Le Féminin
sacré, expression même de l’inconnu, du mystère de la Nature indomptée, et détentrice
des secrets de la Vie, sera bafouée pendant les millénaires qui suivront par
les dieux mâles … et les femmes par les hommes.
Domination du sacré
viril :
L’homme
s’est donc crée des dieux à son image, capables de justifier sa prise de
pouvoir sur l’univers féminin. Incontrôlable était la Nature, incontrôlables
étaient par là même les femmes. En prenant le contrôle de la société organisée,
aux yeux du nouveau pouvoir mâle, la Nature devenait l’élément chaotique,
hostile, qu’il fallait tenir à distance ou apprendre à dominer ; elle en devint
par la suite, au sein des religions judéo chrétiennes, la porte des enfers. Il
en fut de même pour la féminité qui, ayant perdu sa couronne sacrée, n’était
plus qu’un cortège de provocations, fauteuses de troubles et de désordre
social, incarnant les énergies libres, la magie et les pouvoirs occultes qui
échappaient encore au contrôle des mâles.
Les antiques
déesses sont chassées du panthéon judéo-chrétien alors que le Yaweh primitif
avait une parèdre, tout comme le Allah préislamique. Le monde Judéo chrétien se
méfie de la nature libre, celle-ci incarnera dans le christianisme le mal, la perdition le chaos, l’antique paganisme auquel
on associera le Satan aux pieds de bouc. Les déesses seront alors occultées,
leurs prêtresses combattues, persécutées, brûlées (chasse aux « sorcières »)
La féminité
et les femmes seront associées aux oeuvres du diable. Lilith, la première femme
d’Adam et réminiscence de la déesse mère, sera associée à l’aspect négatif du
serpent. Diabolisée par le pouvoir mâle, elle représente, aux temps bibliques,
le matriarcat révolu, la féminité libre et dominante par trop dangereuse pour
le pouvoir des hommes.
Rejetée par
Adam, chassée du Paradis, Yaweh interdit à l’infortunée Lilith le monde céleste
et la relègue dans les abîmes sous-marins de l’inconscient collectif ; où elle
sera la compagne de Lucifer ou de Samaël. Ce mythe, associé à la « faute »
d’Eve qui suivra, va contribuer à dévaloriser la féminité en lui ôtant tout
caractère sacré. Il va justifier la domination et le contrôle rigoureux de
l’homme sur la femme dans les 3 religions du Livre. Elle en perdra même son âme
…
C’est ainsi
que la première femme solaire devint la première démone active et dangereuse
sous la pâleur de la lune. Telle Kali, Lilith était noire et elle est associée
à la lune noire en astrologie.
LA DEESSE MERE
CELTIQUE ET L’EGLISE
Chez les
anciens celtes le monde fut crée par la Mère des dieux et des hommes : Dana, ou
Anna. Elle incarnait la fertilité, le pouvoir et l’opulence de la Nature. Elle
était aussi le Terre Mère nourricière en tant qu’être vivant. Tout comme Gaïa
en Grèce ou Lakshmi en Inde.
Dana s’est
démultipliée en une quinzaine de divinités féminines : Telles Birgit, Morgane,
Epona, Rihannon etc. dont la plus part sont toujours présentes dans les
légendes et les rites d’Irlande et de Bretagne. La position dominante de la
déesse offrait aux femmes une place élevée et respectée dans la société
celtique ; (voir : « la femme celte » de Jean Markale) elles avaient accès à la
prêtrise et dirigeaient les rituels de fécondité.
L’Eglise et
ses missionnaires ont eu fort à faire avec la grande déesse celte et ses
représentantes, prêtresses et magiciennes, et le combat n’est toujours pas
gagné. La lutte fut âpre, les bûchers ne suffisant pas à éradiquer l’ancien
culte, il fallut user de la ruse.
C’est ainsi
qu’Anna devint la mère de la Vierge, sainte Anne, particulièrement vénérée en
Bretagne. Et Birgit enfila la robe de sainte Brigitte tout en conservant ses
prérogatives sur la fécondité et les naissances.
Les lieux de
cultes antiques furent récupérés par l’Eglise : nombre de chapelles et de
cathédrales furent bâties sur d’anciens sanctuaires de la déesse, où l’on
trouve encore vierges noires, fontaines miraculeuses ou menhirs. (St Anne la
Palud, Locronan, Chartres, etc.) La Grande Déesse est donc toujours présente en
terre celtique, cachée sous des habits et des rituels chrétiens.
Source : LE FEMININ SACRE ET LA QUETE DE L’UNITE
PERDUE de Jean Bernard Cabanes
Merci pour ce partage ♡
RépondreSupprimer