Annie Lévy m’a confié ressentir une véritable vibration intérieure quand la femme qu’elle accompagne est dans un état d’esprit de guérison. Elle a su créer une relation tout à fait unique avec ces femmes, « rescapées » du cancer du sein, qui va bien au-delà d’une restauration de leur féminité. Voici son expérience.
Article de Annie Lévy
Parcours d’une femme – Au premier jouir de sa vie, chaque petite fille naît avec des richesses de beauté et de féminité qui lui sont propres. Jour après jour, ces valeurs grandissent et s’épanouissent car c’est un jardin que la femme cultive au quotidien, consciemment ou non.
Je fais partie de ces êtres qui ressentent que cette nature féminine s’exprimera, au fil du temps, toujours plus vite, plus fort et plus profondément que tout autre trait de son tempérament. En effet, depuis l’enfance, les valeurs de la beauté et de la féminité coulent dans mes veines. A l’école déjà, je voulais transformer ma maîtresse pour la rendre plus jolie ! Plus tard, je remarquais toujours spontanément les points forts d’un visage ou d’une anatomie et je savais de quelle manière les mettre en valeur. Puis, de plus en plus régulièrement, mes proches me demandèrent des conseils en esthétisme et c’est ainsi que cette vocation m’a amenée à créer ma première boutique de lingerie fine. Mon destin professionnel prit un autre tournant en 1995 lorsque j’ai souhaité exercer ce don empathique dans le domaine médical et plus précisément pour les femmes opérées d’un cancer du sein. J’ai ainsi enseigné en école d’infirmières durant sept ans et animé des ateliers et conférences en milieu hospitalier.
Depuis 2008, j’accompagne les femmes, opérées du sein, par un coaching thérapeutique personnalisé afin de les aider lors de cette épreuve. Il faut savoir qu’une femme sur neuf la traversera au cours de sa vie. Cela concerne donc un grand nombre d’entre nous.
La beauté intérieure
Si depuis plusieurs années, les progrès de la science et de la médecine ont pu abaisser le taux de mortalité, cela ne peut faire oublier que le cancer du sein est une maladie traumatisante, et ce à plus d’un titre, car elle induit non seulement une souffrance physique, mais également une souffrance psychique. Même lorsque son pronostic vital n’est pas engagé, une femme ne sort pas indemne d’une intervention chirurgicale telle qu’une mastectomie ou une tumorectomie. A cela s’ajoutent des traitements comme la chimiothérapie, la radiothérapie ou l’hormonothérapie. En dernier lieu vient la reconstruction, lorsque celle-ci est possible. Ce sont ces femmes rescapées, mais blessées au plus profond de leur corps, que je rencontre depuis de nombreuses années. Je les aide dans la restauration de leur image corporelle et des valeurs de leur féminité, par des solutions et conseils adaptés.
Lorsqu’elles sont atteintes du cancer du sein, les femmes ressentent une violente attaque envers ce que l’on pourrait appeler leur ADN de beauté et de féminité. Devant ce corps qui les a trahies et les fait souffrir, elles se sentent désemparées, impuissantes. Certaines sont dans le déni, d’autres sont en colère et en pleurs face à ce sentiment d’injustice. D’autres encore ressentent même du dégoût devant leur miroir et les signes visibles de la maladie comme la fatigue, l’amaigrissement, la perte des cheveux et bien sûr la perte d’un sein. L’ablation d’un sein est un véritable cataclysme tant il est vrai que le sien est un symbole très fort pour la femme. Le sein représente la sexualité, la maternité, une partie intime purement féminine. Beaucoup de femmes vivent alors sa perte comme une négation de leur féminité.
Le processus d’acceptation
Cette épreuve individuelle de la féminité est un combat au quotidien que ces femmes doivent également mener dans leur sphère amoureuse, intime, familiale, amicale, sociale et professionnelle. Pour en sortir victorieuses, il leur est nécessaire d’effectuer un travail sur elles-mêmes. « A quelque chose malheur est bon » dit le proverbe. Quand on est au plus mal, il est difficile de l’entendre et de le croire, mais cela n’en reste pas moins une réalité. L’adversité permet de devenir plus fort pour la surmonter, en développant de nouvelles capacités. Il faut d’abord comprendre et accepter que la blessure physique et psychologique est légitime. Il ne s’agit pas ici de se poser en victime mais d’accepter ses limites sans culpabiliser. Oui, la vie peut et doit continuer pendant la maladies : travailler, s’occuper des enfants, de son couple, de sa maison… Non, cela ne doit pas mener à l’épuisement parce que l’on a oublié un sujet essentiel : soi.
Pour cicatriser, au sens propre comme au figuré, la femme doit se repositionner dans son existence, dans sa relation aux autres, mais aussi face à elle-même. Sur le chemin vers l’acceptation, il est nécessaire qu’elle se donne du temps pour faire le deuil de son sien, mais aussi pour la reconquête de sa féminité.
Une grâce qui vient de l’âme
Car une femme, bien heureusement, n’est pas qu’un sein. Tout comme un homme n’est pas qu’un corps ou une partie de corps. L’être humain s’envisage dans son entièreté. La notion et le ressenti de féminité recouvrent d’innombrables aspects. Les valeurs de la beauté et de la féminité peuvent se traduire par une attitude, une grâce naturelle, un sourire, une autre partie du corps mise en valeur, un parfum, un vêtement soyeux, un maquillage, une coiffure mais aussi par la générosité, la flamme de vie, l’attrait, la sérénité qui émanent d’une femme qui a retrouvé confiance en elle et rétabli son estime perdue. C’est en continuant de prendre soin d’elle qu’elle peut réapprivoiser son image corporelle et se réapproprier sa féminité. En rétablissent le contact avec elle-même, elle communique alors mieux avec son entourage, son conjoint, ses enfants et sa famille lesquels sont également affectés par l’épreuve de la maladie. Ce rapprochement est salutaire pour combattre le sentiment d’isolement et les malentendus qui s’installent parfois quand on n’ose pas exprimer ses souffrances et ses craintes. Cette communication permet ainsi de ne pas rompre le lien avec son conjoint et de réinventer une sexualité harmonieuse.
Cocréation
Renaître à soi après la maladie, c’est aller chercher courage, force et détermination au plus profond de son être pour renouer avec son corps, faire la paix avec lui et avec son esprit, se tenir debout pour aller de l’avant et marcher vers une lumière plus forte que l’ombre. C’est en regagnant le respect de soi que les femmes atteintes d’un cancer du sein changent leur propre regard sur elle-même et celui des autres à leur égard. C’est en se réconciliant avec leur féminité qu’elles reprennent goût à la vie.
Depuis plus de 20 ans j’accompagne de nombreuses femmes lors de coaching thérapeutique en féminité et leur propose des conseils et solutions afin qu’elles retrouvent la certitude que dans chacune d’elles, quelque soient la physionomie, ses origines sa personnalité ou ses atouts, les valeurs de la beauté et de la féminité ne meurent jamais. Elles peuvent évoluer ou changer d’aspect avec l’âge, le vécu, les épreuves comme la maladie mais aussi les joies et les bonheurs comme la grossesse. Ainsi, lorsqu’une femme se regarde et s’envisage avec respect et dignité, elle ne perd jamais ce qui fait l’essence de sa beauté.
Pour dépasser la maladie et le handicap, le parcours de soins est essentiel. Le parcours de soi l’est tout autant. Renaître à sa féminité, c’est renaître à soi et à la vie. C’est être une femme plus forte que l’épreuve et une femme plus fort après l’épreuve.
ARTICLE DE ANNIE LEVY – coach thérapeutique en féminin.
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