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samedi 26 août 2017

Les mères garantes de la première démocratie américaine



Les Iroquois (ou Haudenosaunee) connus aussi par l’expression Cinq-Nations comprennent effectivement cinq et puis plus tard six nations amérindiennes de langues iroquoises vivant historiquement dans le nord de l’État de New York aux États-Unis au sud du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. La plupart des quelques 125 000 Iroquois vivent aujourd’hui en Ontario au Canada et dans l’État de New York. D’autres vivent au Wisconsin, au Québec et en Oklahoma. Seule une petite minorité des Iroquois parle aujourd’hui une des langues iroquoises dont notamment près de 1 500 locuteurs du mohawk dans le village Kahnawake, au sud de Montréal.



Un état matriarcal

Les Iroquois sont ceux qui se rapprochent probablement le plus de l’état matriarcal. Le jésuite Joseph-François Lafitau qualifie les sociétés iroquoiennes d’«empire de femmes». Elles se comportent parfois en véritables guerrières amazones. Les femmes, surtout celles qui sont âgées, sont reconnues pour leur sagesse. Chez ces Indiens, c’étaient les femmes qui arrangeaient les mariages et qui, possédaient maisons et terres. Quelques-unes des plus importantes organisations cérémonielles étaient en bonne partie constituées et dirigées par les femmes et c’était dans leurs rangs qu’on choisissait trois sur six des fonctionnaires rituels de chaque clan. Les femmes nommaient leur candidat lors d’une vacance au conseil des chefs et avaient le droit de désapprouver et même d’empêcher l’élection d’un chef qu’elles jugeaient indigne. Néanmoins, c’est un fait certain que, même parmi les Iroquois, les femmes n’entraient pas dans le conseil suprême de la Ligue.

La position sociale de la femme iroquoise

Les Iroquois vivaient dans des villages de 2000 habitants et plus et étaient jardiniers ou chasseurs. Les deux sexes travaillaient ensemble à la construction des longues-maisons permanentes, habitées par environ vingt-cinq familles. Les familles qui y vivaient en face l’une de l’autre utilisaient le même feu et des séparations délimitaient les zones de sommeil de chaque famille. Comme la plupart des peuplades natives nord américaines, les iroquois furent relativement matriarcaux. Au temps des premiers contacts (autour de 1650), la femme occupe une position sociale enviable si on la compare à celle qui s’impose dans les sociétés occidentales. 

La fonction procréatrice y est valorisée, les mères exercent une forte autorité sur leurs filles et fils, la femme occupe une place centrale dans le discours religieux, ses connaissances en matière médicale sont reconnues et elle détient souvent un droit de vie ou de mort sur les prisonniers de guerre. La terre est propriété des femmes. Elles ont un droit de véto sur toutes les décisions des hommes. Ce rôle leur donnait même le pouvoir d’inciter les chefs de guerre à organiser des expéditions pour venger la mort des membres de leur famille ou de la même lignée.



La mère possède la terre, le foyer, et les enfants

Article 44 de la constitution iroquoise :  » La descendance se fait par le lien maternel. Les femmes sont la source de la Nation, elles possèdent le pays et sa terre. Les hommes et les femmes sont d’un rang inférieur à celui des mères ».

L’usage d’un objet entraînant sa possession chez les nations sauvages, la Mère, qui a charge de la demeure et de ses provisions, est maîtresse de la maison et de ce qu’elle renferme ; l’homme ne possède que ses armes et ses instruments de pêche et de chasse. Les enfants appartiennent à la mère, qui les a engendrés, nourris, élevés et logés ; la fille lorsqu’elle se marie, ne quitte pas la demeure maternelle ; le mari est un hôte, qui doit lui procurer des vivres. Le foyer servant à la préparation des aliments est propriété de la Mère et de sa fille aînée, quand elle meurt. Les matrones de la longue-maison contrôlaient la répartition de la nourriture et des autres marchandises qui assuraient le bien-être du groupe.

« Parmi les Iroquois…les enfants sont de la tribu de la mère, dans la majorité des nations; mais la règle, même si elle était universelle depuis l’antiquité, ne l’est plus aujourd’hui. Quand la descendance de la lignée maternelle prévalait, elle était suivie par d’importants résultats, dont le plus remarquable était que la lignée paternelle était constamment déshéritée. Puisque tous les titres ainsi que les propriétés descendaient de la lignée maternelle, et étaient héréditaires, strictement, dans la tribu elle mêle, un fils ne pouvait jamais succéder au titre de son père en tant que Sachem, ni hériter de sa médaille ou de son tomahawk »

– McLennan 1970 [1865]:51



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