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vendredi 6 janvier 2017

Le Concile des Sorcières


Le Concile est une communauté discrète de sorcières. Bien que nous levons aujourd’hui un coin du voile, nous préférons rester un peu dans l’ombre. Les sorcières de notre groupe mènent une réflexion approfondie sur la sorcellerie contemporaine et la wicca. Un des buts que nous nous sommes fixés est de renouer avec les anciennes pratiques aussi bien anglosaxonnes qu’européennes. Il est cependant nécessaire d’être créatif, de nous adapter à notre époque, à de nouvelles envies, c’est même un impératif mais il faut souvent revenir aux bases fondamentales pour ne pas perdre le fil directeur. C’est l’éternelle querelle des anciens et des modernes. Il faut trouver le juste équilibre entre le respect des traditions et une évolution nécessaire.



Robert Cochran, le magister contemporain de Gardner prônait déjà cette attitude et nous sommes en accord avec lui. Le partage de nos connaissances et de nos expériences est aussi très important à nos yeux. Il faut que les anciens ou les plus avancés puissent passer leur savoir aux plus jeunes. Ceci sans prétention aucune puisqu’il faut aussi savoir teinter d’humour nos pratiques. Il est important de notre point de vue de continuer le chemin qui nous à été ouvert par ceux qui ont oeuvré pour la Wicca, que ce soit Gardner, Doreen Valiente ou Alex Sanders et les autres aussi. Nous sommes tous un peu les enfants de Gardner sans parfois nous en rendre compte.

Pouvez-vous préciser certains termes comme sorcellerie contemporaine et wicca ?

Cette question a de multiples réponses suivant le point de vue où l’on se place. Le culte des sorcières que l’on appelle communément Wicca (ou plus exactement la Wica) remonte à Gerald B. Gardner et est initiatique par nature. On devient sorcière en étant initié d’une femme à un homme ou d’un homme à une femme en suivant des rituels très précis qui ont pour but de provoquer un changement de conscience et d’ouvrir les capacités psychiques latentes de l’adepte.

En Angleterre, la sorcellerie traditionnelle désigne une «craft» d’essence pré-gardnérienne, en tout cas en dehors du courant initié par Gardner. Elle a ses propres confréries de sorciers et de sorcières. On peut citer ceux de la sorcellerie de Cornouaille, les groupes issus de la Horsa ou le clan de Tubal Cain du regretté Robert Cochran, déjà cité précédemment. La sorcellerie contemporaine est une vision plus récente de l’univers sorcier où l’on n’hésite pas à ouvrir de nouvelles voies. Des auteurs comme Nigel Jackson et d’autres ont contribué à un regain d’intérêt pour l’ancien «Folk lore» du terroir. La «Vieille Religion», un terme repris de «la Vecchia Religione» est pour nous une façon commode de dire que nous suivons la voie des dieux anciens, que ce soit la Wicca ou toute autre forme de sorcellerie. Nous ne sommes ni Druide, ni d’une autre spiritualité païenne.


Nous ne sommes pourtant pas naïfs pour croire que cela signifie que la Wicca remonte aux premiers âges de l’humanité à partir d’une lignée ininterrompue. Pourtant, les racines de la sorcellerie puisent dans un fond commun qui remonte très loin dans le temps. Mais nous n’essayons pas de reconstruire exactement à l’identique. Nous nous inspirons tout autant des pratiques telles qu’elles nous sont parvenues au début du siècle dernier dans les îles britanniques ou sur le continent, que du paganisme antique stricto sensu. Pour donner un exemple concret, nous célébrons plus volontiers Hécate dans une forme plus récente, plutôt que l’Hécate purement hellénique des origines.

Pour finir, je dirais que Gardner était anxieux de s’assurer que la wica ne meurre pas après lui. Elle est bien vivante et pour longtemps encore !

Qui sont les membres du Concile ?

Les membres du Concile sont avant tout des sorcières. Ceci est très important. Il ne suffit pas de se dire sorcière. La sorcellerie et la wicca sont des voies exigeantes qui ne sont pas adaptées à tous. On ne devient pas sorcière en prenant uniquement des cours ni en garant un balai devant sa porte. Quelques fois oui, mais pas toujours ! Etre sorcière, c’est le sentier d’une vie et cela commence le plus souvent comme un appel que l’on ressent profondément en soi. J’aime bien aussi ajouter que si l’on peut se targuer d’être ceci ou cela, c’est à la fin de sa vie, quand l’ombre de la Grande Mère s’approche doucement qu’on peut vraiment dire si l’on a pas été une sorcière d’un jour !

Combien ont tout abandonné en chemin pour retourner à la vie profane ? Peut-être à cause d’un conjoint ? Ou pour toute autre raison.

Certaines sorcières ne se reconnaissent pas comme païennes. Sans doute un besoin de revendiquer haut et fort leur liberté. Dans un sens, les sorcières sont par nature un peu des «Outlaws». Elles ne se laissent pas facilement enfermer dans des cages. Point de dogmatisme donc ! Il y a finalement très peu de sorcières et nombre d’entre elles n’ont quasiment jamais mis les pieds sur le net ou s’y font rares.

Comment savoir si on est une sorcière ?

Quant à nous, nous utilisons l’ancienne méthode pour reconnaitre une sorcière ! Nous la soumettons à la question (Rire) ! Il est évident qu’une sorcière initiée dans un groupe de sorcellerie traditionnelle anglo-saxon ou dans la wicca Gardnérienne ou Alexandrienne peut le prétendre. Il y a aussi les sorcières de naissance et/ou héréditaire qui ont leur propre pratique familiale ou celles qui travaillent en solitaire (et qui ont quelquefois reçu des dons spécifiques). Ce qui est important c’est d’avoir l’esprit sorcier, une certaine façon de voir le monde, sans préjugé, ni dogmatisme et de suivre avec honneur les anciens rites. C’est difficile d’expliquer cela puisqu’il n’y a pas de «Curriculum vitae» officiel. Il y a des sorcières solitaires vraiment très fortes aussi. Bref, nous n’avons pas d’a priori.
Alex Sanders, le «Roi des Sorcières»


Ce n’est pourtant pas le seul critère que l’on demande ! Que faut-il d’autre ?

Il est nécessaire que nous puissions entrer dans le cercle en parfait amour et parfaite confiance. Cela demande du respect, de la fidélité, de l’amitié. Sans ces valeurs essentielles nous ne pouvons pas avancer ensemble. C’est triste mais beaucoup ignorent délibérément ces valeurs, sont inconstants dans l’effort, dans le respect de la parole donnée. Nous travaillons plutôt à l’ancienne. C’est-à-dire que nous privilégions l’oralité et la rencontre physique quand cela est possible. En tout cas c’est souhaitable. Il semble difficile de travailler avec une personne que nous n’aurions jamais pu rencontrer. De plus, nous ne pouvons partager certaines de nos pratiques qu’avec des personnes qui suivent sincèrement la même voie que nous. Nous sommes tenus par certains serments en fonction de nos traditions respectives et nous ne transmettons pas le corpus sorcier au premier venu.

Le secret est-il encore de mise au XXIème siècle ?

Tout à fait ! D’abord parce que certaines de nos expériences sont incommunicables avec des mots. Il faut les vivre, les ressentir. C’est inutile d’en parler. L’initiation, entre autres, ne doit pas être bradée, par respect pour les dieux et le candidat. Il y a trop de demandes farfelues, il est donc nécessaire de faire un tri sévère. De plus, transmettre son savoir est un acte sacré qui demande du temps, de l’engagement, le plus souvent sur de longues années. Cela ne peut être envisagé à la légère. D’où par exemple la traditionnelle règle d’un an et un jour qui sert à éprouver la motivation du candidat à l’initiation.

Pourquoi employer le terme de sorcière plutôt que celui de wiccan ?

Pourquoi pas ? Les membres des covens de Gardner se sont toujours présentés comme sorcières. Ce n’est qu’assez récemment - enfin, à partir des années 70 - que le terme wiccan est devenu populaire dans les milieux de la wicca. Il s’agissait à l’époque pour certains de se démarquer de l’aspect par trop magique et connoté de l’univers de la sorcière, pour le remplacer par un substantif plus neutre, et d’autre part d’en profiter pour mettre l’accent sur le côté spirituel. Par un étonnant retour du balancier, il semble maintenant que le terme Wiccan soit de plus en plus perçu, comme étant lié à une pratique de masse, avec toutes les dérives que cela comporte.

Personnellement, je préfère rester fidèle à la dénomination de sorcière. On pourra gloser longtemps sur le rôle de la sorcière aux temps anciens, sur  ses connaissances, ses croyances, ou si elle avait recueilli une partie du savoir ancestral. Qu’importe, la sorcière moderne se nourrit à toutes les sources du savoir. C’estl’archétype à venir de la sorcière du XXIème siècle qui nous intéresse de faire vivre.

N’êtes-vous pas trop traditionaliste ?

Nullement. Nous aimons juste ne pas tomber dans le n’importe quoi. La wicca initiatique de Gardner est la brique fondamentale, les nécessaires fondations si vous préférez, de notre voie. S’il y avait une loi de copyright pour l’utilisation du corpus de la wicca, on pourrait élever à Gardner une statue en or massif avec les royalties. La wicca traditionnelle semble donc une piste de départ logique pour acquérir les bases. Mais même Doreen Valiente a été voir ailleurs. D’abord dans les anciennes pratiques magiques de l’Angleterre et puis un temps auprès de Robert Cochran. Nous n’avons fait qu’effleurer la surface de nos traditions et il nous reste encore beaucoup à découvrir.

Notamment du côté du chamanisme européen. Nous explorons aussi tout naturellement ce que l’on appelle l’«Hedge Witchcraft», en fait une simple branche de la sorcellerie où le savoir des «Cunning Folks». Certains d’entre nous étudient Agrippa, l’astrologie, la magie cérémonielle. Il n’y a pas pour nous de cloisonnement des disciplines. L’Art des sages est juste la façon subtile de tresser entre eux les différentes branches de notre arbre de la connaissance. Notre héritage est à la fois celui des temples et celui des landes sauvages. Les archétypes féminins ne nous sont pas étrangers non plus, ni même les concepts Jungien. On se tient au courant tout de même ! On pourrait dire pour résumer que nous sommes très rigoureux mais aussi très ouverts.

Y-a-t-il une éthique particulière au Concile ?

Nous reconnaissons que le monde montre autant de lumière que d’ombre, de joie que de peine. Nous préférons cependant faire oeuvre de lumière plutôt que nous vouer à des actions négatives. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Nous essayons d’agir sans léser autrui. C’est sûrement un conseil qui vous rappelle quelque chose ! Plus simplement, si quand vous vous levez le matin vous pouvez vous raser (original pour une sorcière, non !) en vous regardant dans la glace sans problème alors vous êtes peut-être sur la bonne voie (de l’éthique sorcière !).


Et la magie ?
Il y a comme une sorte de tabou apposé sur la magie. Beaucoup disent qu’il ne faut pas en user, beaucoup en ont peur, beaucoup parlent sans savoir. La magie fait partie de notre culte, c’est indéniable. Une incantation comme une prière est déjà en soi de la magie. Notre façon de projeter le cercle aussi. Il ne faut pas oublier que lors des esbats les membres des covens alexandriens n’hésitaient pas à demander des guérisons ou toute autre aide magique. C’était même une part importante des activités de la «pleine lune». Mais une sorcière saura ne jamais outrepasser ce qu’il est possible et raisonnable de faire. Elle connait les lois de l’invisible et n’agit pas à la légère. C’est la grande différence avec celui qui connait imparfaitement les règles de l’Art et se lance dans la magie. La magie ne prend de sens que lorsqu’elle est un acte sacré. 


Comment peut-on venir à vous ?
Pour ceux ou celles qui voudraient en savoir plus, il y a toujours des portes d’entrées que l’on peut trouver.

Y-a-t-il des conditions particulières ?
Etre majeur. C’est un pré requis absolu. Nous avons une préférence pour des personnes qui ont déjà eu le temps d’expérimenter un peu la vie. Il y a trop de jeunes qui idéalisent le sujet.

Des projets ?
Chaque sorcière du concile à sa propre liberté et agit dans sa propre sphère personnelle. Sinon, bien sûr, toujours les rencontres, les célébrations et les rituels, le travail commun de réflexion. Une vie de sorcière en somme !

Article de  Laborare et Orare !


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