Beaucoup de
contes vous présentent comme des êtres à double facettes : nous considérant soit
sous l'angle positif de la vierge pudique ou de la bonne mère, soit sous
l'angle négatif de la maléfique et belle enchanteresse ou de l'horrible
sorcière destructrice.
Dans certaines
cultures, on pensait que le premier rapport sexuel d'une fille avait lieu avec
le serpent, et qu'il était à l'origine de la menstruation, alors que dans
d'autres, c'était la morsure du reptile qui provoquait le premier saignement.
L’Eve présentée dans L'Eveil et l'Eve du
jardin d'Eden se sont éveillées à leur féminité grâce à l'intervention du serpent.
La connaissance de la vie offerte par le
fruit et héritage de la féminité, ne peut être accueillie qu'en acceptant
également les énergies sexuelles et créatrices rythmiques du reptile.
Le Cheval
Beaucoup de
cultures considéraient le cheval et plus précisément la jument, comme le symbole
des forces de la fécondité, de l'énergie vitale, de la prophétie, de la magie
et des profondeurs émotionnelles et instinctuelles. En particulier, une jument
blanche représentait les facultés lunaires et ses fers en forme de croissant
apportaient chance et protection. Elle symbolisait l'amour, la fécondité de la
terre et la maternité. En un mot, elle détenait la souveraineté. En Irlande, le
cheval était intégré aux rites élevant à la royauté. On pensait par ailleurs
qu'au moment des moissons, l'âme du blé adoptait l'apparence d'un cheval.
Aujourd'hui à
l'occasion des parades ou des manifestations annuelles, on peut encore
rencontrer l'image du cheval sous la forme de la marotte d'osier. D'ordinaire
c'est un costume, souvent de couleur noire, rouge ou blanche, fait pour une
seule personne.
Pour les
Celtes, le cheval avait une grande importance. Ainsi la déesse équine Epona était une divinité triple représentée montant
une jument, ou accompagnée de juments et de poulains, tenant une corne
d'abondance, un peigne, un miroir ou un gobelet. La déesse équine galloise
Rhiannon possédait une troupe d'oiseaux dont le chant pouvait réveiller les
morts ou endormir les vivants, renvoyant ainsi au côté obscur de la divinité en
tant que déesse de la mort et de la renaissance.
Cet animal
était associé aux lacs et à la mer autant qu'à la terre. La jument symbolisait
la Mère Enceinte des eaux primordiales, source de toute vie. Même aujourd'hui,
on fait allusion aux blanches crêtes écumeuses des vogues comme à des «chevaux
blancs ». L’eau était associée à l'autre-monde celtique, et le légendaire parle
de chevaux magiques qui mèneraient les héros par-delà les mers vers cette terre
fabuleuse.
Les contes
populaires rapportent que des chevaux magiques passaient les rives des lacs et des
étendues d'eau, et que si on essayait de les monter, ils plongeaient le
cavalier dans l'eau pour le noyer ou le dévorer. Dans certains contes, on
pouvait identifier ces chevaux à leurs sabots et aux fers qui étaient
retournés. Ces images reflètent les facettes occultes de la nouvelle lune,
représentées par la mort et le transfert dans les profondeurs intérieures.
Les chevaux
gardaient le pont entre les mondes visible et invisible, et ils étaient montés
par les chamanes, capables d'évoluer entre les deux. On croyait aussi que
c'était l'un des animaux en lesquels une sorcière pouvait se transformer. En
résumé, le cheval symbolise le cycle lunaire complet. Il représente la dynamique
biologique et l'évidente fécondité des phases lunaires visibles, mais il symbolise
en même temps les facultés internes, occultes, de transformation et de mort propres
à la nouvelle lune.
Le Lièvre
Les lièvres puis,
plus tard les lapins, représentaient la fécondité, le dynamisme biologique de
la croissance, du renouveau et du plaisir sexuel, de même qu'on les associait
étroitement à la lune et à ses divinités. Le lièvre était notamment associé à
la déesse Oestra, qui devait par la
suite donner son nom à la fête de Pâques. On la représentait avec une tête de
lièvre et les animaux qui l'accompagnaient pondaient les oeufs de la vie
nouvelle pour annoncer la naissance du printemps - une image que nous
retrouvons dans le « Jeannot lapin » pascal.
Norse,
divinité lunaire scandinave et Freyja, déesse de l'amour et de la fécondité, étaient
toutes deux assistées de lièvres, comme l'était Vénus, divinité romaine. On dit
par ailleurs que les motifs visibles à la surface de la pleine lune tracent le
portrait d'un lapin ou d'un lièvre, tandis que la tradition orientale montre
que cet animal tire sa fécondité de la contemplation de l'astre nocturne. On
l'associait aussi aux facultés féminines et lunaires que sont divination, transmutation,
folie inspirée et sexualité. La reine celte Boudicca élevait un lièvre pour la divination
: avant une bataille et afin de prédire son dénouement, elle le lâchait de sous
son manteau et observait la voie qu'il suivait.
L’association
du lièvre et de la sexualité est parvenue jusqu'à nous, trouvant à s'exprimer
dans le concept d'employée de boîte de nuit habillée en lapin (bunny girls). Il
est possible qu'en raison de ces connotations « indésirables » l'église
médiévale ait regardé le lièvre comme un animal de mauvais augure. Dès lors, on
associa les lièvres aux sorcières et on ne pouvait tuer celle qui en avait pris
l'apparence qu'avec un crucifix d'argent ou, plus tard, avec une arme tirant
des balles fabriquées dans ce même métal.
La Colombe
Beaucoup de
divinités lunaires sont également assimilées à des oiseaux et à la colombe en particulier
qui est depuis longtemps associée au féminin divin et à la lune. Elle
symbolisait
Ishtar,
Astarte, Inanna, Rhea, Déméter, Perséphone, Vénus, Aphrodite, Isis et, plus
tard, le
Saint Graal.
On la retrouve aussi dans l'iconographie de la Vierge Marie. Elle représentait la
reine des cieux, de même que la féminité, la douceur, l'amour, la sexualité, la
spiritualité, la sagesse et la paix.
Image de la clarté
lunaire, elle apportait au monde sagesse et inspiration. Selon la tradition
gnostique, Sophie ou la « Sagesse Sacrée » de Dieu, était représentée par une colombe
dont on pensait qu'elle apportait sur la terre la lumière de la mère céleste.
Au Moyen-Age, l'art chrétien s'en servait pour symboliser le Saint-Esprit,
aussi les tableaux de l'Annonciation et du baptême du Christ la
représentent-ils planant respectivement au-dessus des têtes de Marie et de
Jésus.
On l'associait
aussi à l'Arbre-lune puisqu'elle était posée sur une de ses branches. Une image
analogue se retrouve dans les peintures la montrant sur la chevelure d'une divinité
lunaire. La figure emblématique de la vie régénérée pour Ishtar et Athéna représentait
la colombe tenant un rameau d'olivier dans son bec et l'offrant. Sacrées aux
yeux des divinités, les tourterelles l'étaient également pour les Parques, car
elles symbolisaient le rapport entre les oiseaux et les pouvoirs lunaires
qu'étaient la prophétie et l'oracle. L’oracle antique de Dodona était un chêne
habité par un groupe de colombes assistées de nombreuses prêtresses portant
elles-mêmes le nom de « colombes ».
Il était
prononcé par le chant des oiseaux, le son produit par leur bruissement dans les
feuilles ou par leurs battements d'ailes en vol. Les tableaux représentant
l'Annonciation montrent parfois une colombe tournant la tête vers l'oreille de
Marie, comme si elle lui dévoilait son destin.
Cet oiseau
symbolisait la facette de la lune qui dispensait vie et amour, la faculté que
possède le caractère féminin de réconcilier dans l'harmonie l'âme et la
conscience, l'humanité et la nature, la voix intérieure de la sagesse et
l'intuition.
Extrait du livre : La Femme
Lunaire de Miranda Gray
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