« L'Histoire des femmes ». Cette
expression aujourd'hui d'usage n'a fait son apparition que dans les années
1970. Auparavant, l'image de la femme était celle de la mère foyer, de
l'ouvrière mais pas d'une personne faisant partie intégrante de notre Histoire.
C'est notamment grâce au MLF que l'on s'est intéressé à l'histoire des femmes,
c'était une demande sociale de la part des femmes qui souhaitaient affirmer
leur identité et exprimer leur différence. De là est né ce besoin d'histoire et
de recueil de mémoire, qui fût dans un premier temps étudié par des
historiennes telles que Michelle Perrot, Yvonne Knibiehler.
Cette histoire englobe l'histoire au
féminin, l'histoire du genre et les femmes dans l'histoire.
I. Les femmes durant la seconde guerre
mondiale
Avec la seconde guerre mondiale, les
femmes subissent l'idéologie du Maréchal Pétain « Travail, Famille,
Patrie ». Les droits de la femme s'effacent au profit de la famille. La
priorité est donnée à la famille, notamment par la loi Gournot du 29 décembre
1942, aussi appelée « Charte de la Famille ». Par cette loi, la
famille légitime est protégée, le mariage encouragé et on prône les familles
nombreuses. De part cette idéologie, le divorce est rendu plus difficile et plus
lent avec la loi du 2 avril 1941.
Le régime de Vichy véhicule des valeurs
conservatrices où une femme qui fume ou encore est court vêtue, est perçue
comme une femme de « mauvaise vie ». L'idéal féminin de cette période
est la mère au foyer, pilier de la famille, encouragée à faire des enfants. Des
prix sont décernés en fonction du nombre d'enfants et en mai 1941, la fête des
mères devient nationale.
Au cœur de cette politique nataliste,
l'avortement qui est interdit est d'autant plus réprimé. Le 15 février 1942,
l'avortement est qualifié de « crime de haute trahison ». Cette
répression vis à vis de l'avortement restera longtemps gravée dans les
mémoires, si bien qu'aujourd'hui encore et malgré la légalisation de
l'avortement, certaines sages-femmes refusent encore de dire si elles ont
pratiqué des avortements durant cette période.
L'éducation subit aussi la politique de Vichy, ainsi les instituteurs et
institutrices ne reçoivent plus de formation d'ordre général, mais selon leurs
sexes afin d'enseigner les travaux manuels et ménagers. Les filles sont formées
à la couture, le repassage, le lavage, la cuisine ; tandis que les garçons
sont formés aux métiers de forgerons, menuisiers, maçons. La loi du 18 mars
1942 rend obligatoire pour les jeunes filles « l'enseignement ménager
familial », une heure par semaine. De plus, le régime encourage les écoles
non-mixtes.
Une contradiction apparaît quant à la politique du régime vis à vis du travail
des femmes. En effet, s'inscrivant dans cette idéologie de la famille, Vichy promulgue
une loi le 11 octobre 1940, qui prévoit que les femmes mariées et de plus de 50
ans soient exclues du service public. De même dans le secteur privé, on incite
à la non-embauche.
Cette politique subit un revirement en
1942. La loi est suspendue à cause du STO ( Service de Travail Obligatoire). La
France manque de main d'œuvre et les femmes de 18 à 35 ans n'ayant pas
d'enfants légitimes sont astreintes au travail obligatoire, pour
« l'effort de guerre ». En juin 1944, 44 835 françaises contraintes
ou non, travaillent en Allemagne.
Ainsi, les femmes sont
« utilisées » au bon vouloir du gouvernement, reléguées dans un
premier temps au statut de femmes au foyer, de mères, puis de travailleuses
lorsqu’on a besoin d'elles.
Pour celles qui n'acceptent pas ce statut, c'est la résistance. Cette
résistance passe par diverses actions. On observe une résistance à travers le
marché noir et les réseaux d'entraide afin de faire vivre la famille en
l'absence du père. La participation des femmes dans la résistance a longtemps
été occultée, sauf pour quelques grandes figures comme Lucie Aubrac, Danielle
Casanova, Bertie Albrecht, Marie-Madeleine Fourcade. Ces femmes distribuent des
tracts, font partie de réseaux où elles assurent la logistique, le
ravitaillement, les liaisons. Plus rarement, elles portent les armes ou
dirigent un groupe. Certaines sont cependant enrôlées et portent les armes .
Malgré cette participation leurs rôles respectifs n'est pas clairement défini
dans le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) en 1943.
Le rôle de ces résistantes a souvent été
sous-estimé.
Cette participation n'a pas toujours été reconnue après-guerre. Seulement 6
femmes, dont 4 à titre posthume ont été décorées en tant que « compagnons
de la liberté », contre 1030 pour les hommes. Bien souvent, au lendemain
de la guerre, les femmes reprennent leur vie « ordinaire » et c'est
le rôle de l'épouse et de la mère qui est mit en avant dans la reconstruction
de la France. La libération de la France n'a pas été une libération pour la
femme, c'est l'image de l'homme en tant que héros qui est mise en avant. Le
rôle des femmes n'est pas mis en avant, tout du moins pas celui attendu.
L'image de la femme à la libération passe
par l'épuration. Entre 1943 et 1946, 20 000 françaises sont tondues et
humiliées publiquement. On parle alors de « collaboration horizontale,
collaboration intime, collaboration sentimentale ». C'est un phénomène de
masse que l'on peut observer dans la quasi-totalité des départements français.
Notamment en Bretagne, où Luc Capdevila, professeur d'histoire contemporaine à
l'Université Rennes 2 a recensé 40% de femmes tondues dans les différents
départements. 199 femmes sur 382 hommes furent exécutées, soient 34 %. Sur
ce nombre, 40 femmes furent exécutées pour avoir eu des relations sexuelles
avec des Allemands.
Cette intervention dans la vie privée des femmes avait pour but d'aller à
l'encontre d'une sexualité que l'on considérait alors comme
« anormale ». Ces femmes furent réprimées pour avoir librement
disposer de leurs corps. Pour cette raison, on toucha directement à leur
féminité en leur rasant les cheveux et les exposant seins nus sur la place
publique.
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