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jeudi 23 octobre 2014

Les femmes de la guerre


« L'Histoire des femmes ». Cette expression aujourd'hui d'usage n'a fait son apparition que dans les années 1970. Auparavant, l'image de la femme était celle de la mère foyer, de l'ouvrière mais pas d'une personne faisant partie intégrante de notre Histoire. C'est notamment grâce au MLF que l'on s'est intéressé à l'histoire des femmes, c'était une demande sociale de la part des femmes qui souhaitaient affirmer leur identité et exprimer leur différence. De là est né ce besoin d'histoire et de recueil de mémoire, qui fût dans un premier temps étudié par des historiennes telles que Michelle Perrot, Yvonne Knibiehler.
Cette histoire englobe l'histoire au féminin, l'histoire du genre et les femmes dans l'histoire.

I. Les femmes durant la seconde guerre mondiale
Avec la seconde guerre mondiale, les femmes subissent l'idéologie du Maréchal Pétain « Travail, Famille, Patrie ». Les droits de la femme s'effacent au profit de la famille. La priorité est donnée à la famille, notamment par la loi Gournot du 29 décembre 1942, aussi appelée « Charte de la Famille ». Par cette loi, la famille légitime est protégée, le mariage encouragé et on prône les familles nombreuses. De part cette idéologie, le divorce est rendu plus difficile et plus lent avec la loi du 2 avril 1941.
Le régime de Vichy véhicule des valeurs conservatrices où une femme qui fume ou encore est court vêtue, est perçue comme une femme de « mauvaise vie ». L'idéal féminin de cette période est la mère au foyer, pilier de la famille, encouragée à faire des enfants. Des prix sont décernés en fonction du nombre d'enfants et en mai 1941, la fête des mères devient nationale.
Au cœur de cette politique nataliste, l'avortement qui est interdit est d'autant plus réprimé. Le 15 février 1942, l'avortement est qualifié de « crime de haute trahison ». Cette répression vis à vis de l'avortement restera longtemps gravée dans les mémoires, si bien qu'aujourd'hui encore et malgré la légalisation de l'avortement, certaines sages-femmes refusent encore de dire si elles ont pratiqué des avortements durant cette période.

L'éducation subit aussi la politique de Vichy, ainsi les instituteurs et institutrices ne reçoivent plus de formation d'ordre général, mais selon leurs sexes afin d'enseigner les travaux manuels et ménagers. Les filles sont formées à la couture, le repassage, le lavage, la cuisine ; tandis que les garçons sont formés aux métiers de forgerons, menuisiers, maçons. La loi du 18 mars 1942 rend obligatoire pour les jeunes filles « l'enseignement ménager familial », une heure par semaine. De plus, le régime encourage les écoles non-mixtes.


Une contradiction apparaît quant à la politique du régime vis à vis du travail des femmes. En effet, s'inscrivant dans cette idéologie de la famille, Vichy promulgue une loi le 11 octobre 1940, qui prévoit que les femmes mariées et de plus de 50 ans soient exclues du service public. De même dans le secteur privé, on incite à la non-embauche.

Cette politique subit un revirement en 1942. La loi est suspendue à cause du STO ( Service de Travail Obligatoire). La France manque de main d'œuvre et les femmes de 18 à 35 ans n'ayant pas d'enfants légitimes sont astreintes au travail obligatoire, pour « l'effort de guerre ». En juin 1944, 44 835 françaises contraintes ou non, travaillent en Allemagne.
Ainsi, les femmes sont « utilisées » au bon vouloir du gouvernement, reléguées dans un premier temps au statut de femmes au foyer, de mères, puis de travailleuses lorsqu’on a besoin d'elles.

Pour celles qui n'acceptent pas ce statut, c'est la résistance. Cette résistance passe par diverses actions. On observe une résistance à travers le marché noir et les réseaux d'entraide afin de faire vivre la famille en l'absence du père. La participation des femmes dans la résistance a longtemps été occultée, sauf pour quelques grandes figures comme Lucie Aubrac, Danielle Casanova, Bertie Albrecht, Marie-Madeleine Fourcade. Ces femmes distribuent des tracts, font partie de réseaux où elles assurent la logistique, le ravitaillement, les liaisons. Plus rarement, elles portent les armes ou dirigent un groupe. Certaines sont cependant enrôlées et portent les armes . Malgré cette participation leurs rôles respectifs n'est pas clairement défini dans le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) en 1943.

Le rôle de ces résistantes a souvent été sous-estimé.

Cette participation n'a pas toujours été reconnue après-guerre. Seulement 6 femmes, dont 4 à titre posthume ont été décorées en tant que « compagnons de la liberté », contre 1030 pour les hommes. Bien souvent, au lendemain de la guerre, les femmes reprennent leur vie « ordinaire » et c'est le rôle de l'épouse et de la mère qui est mit en avant dans la reconstruction de la France. La libération de la France n'a pas été une libération pour la femme, c'est l'image de l'homme en tant que héros qui est mise en avant. Le rôle des femmes n'est pas mis en avant, tout du moins pas celui attendu.

L'image de la femme à la libération passe par l'épuration. Entre 1943 et 1946, 20 000 françaises sont tondues et humiliées publiquement. On parle alors de « collaboration horizontale, collaboration intime, collaboration sentimentale ». C'est un phénomène de masse que l'on peut observer dans la quasi-totalité des départements français. Notamment en Bretagne, où Luc Capdevila, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Rennes 2 a recensé 40% de femmes tondues dans les différents départements. 199 femmes sur 382 hommes furent exécutées, soient 34 %. Sur ce nombre, 40 femmes furent exécutées pour avoir eu des relations sexuelles avec des Allemands.


Cette intervention dans la vie privée des femmes avait pour but d'aller à l'encontre d'une sexualité que l'on considérait alors comme « anormale ». Ces femmes furent réprimées pour avoir librement disposer de leurs corps. Pour cette raison, on toucha directement à leur féminité en leur rasant les cheveux et les exposant seins nus sur la place publique.

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