Dès le début
du XVIIème siècle, on entend parler de
la guerre des sexes ou « querelle des femmes. » La question de la place de la
femme est bien dans les esprits. De nombreux textes la décrivent comme étant
malicieuse, imparfaite, pleine d’excès et de diablerie. Au siècle des Lumières,
la cruauté féminine l’emporte sur sa légendaire douceur. Le XVIIIème siècle que
l’on nommera plus tard le « siècle des femmes », ouvre le débat très animé sur
la raison des femmes. Les Lettres, les arts, la philosophie ou encore la
médecine en débattent rudement. Comme nous l’a prouvé l’ouvrage écrit sous la
direction d’Arlette Farge et Natalie Zemon Davis47, la femme est le lieu de
tous les discours. Son énigme fascine les sciences et la médecine. Les femmes
s’émancipent et montrent leur intelligence qui les fait échapper à leurs rôles
traditionnels. Les « salons » s’ouvrent, le mouvement des précieuses, celui des
femmes journalistes ou encore celui des prérévolutionnaires se mettent en
marche.
Le sexe
faible a le droit de penser et d’exprimer ses idéaux politiques, scientifiques
et révolutionnaires. Mais l’égalité des chances n’est pas la même entre les
différentes classes sociales. Pendant que les aristocrates allaient exposer
leur point de vue aux « salons », les filles du peuple se rebellaient frôlant
la criminalité, au risque de tomber dans la prostitution si, toutefois, elles
étaient dotées de quelque beauté. L’époque du classicisme flotte entre
idolâtrie et religion de la femme réparatrice et sortilège. Prostituée,
criminelle, émeutière, sorcière sont les quatre figures qui marquèrent l’image
du féminin entre les XVIème et XVIIIème siècles. D’après Sara F. Matthews
Grieco la femme fut longtemps confondue avec son corps. La belle dame noble et
mince du Moyen-âge, au petit bassin et aux seins hauts, fait place, dès la
deuxième moitié du XVIème siècle, à un modèle plus enveloppé. Les hanches et
les décolletés sont mis en valeur dans la mode jusqu’au XVIIIème siècle. Alors
que les clercs des temps médiévaux voyaient en la beauté féminine la ruse du Malin
pour manipuler les Hommes, la Renaissance florentine ne voit que ce qui est
beau et bon. De ce fait par nature une belle femme sera obligatoirement dotée
de bonté. Ainsi être beau devient non seulement un art mais aussi une
nécessité, puisque la laideur est synonyme d’infériorité sociale. En Europe les
règles esthétiques sont les mêmes : « […] peau blanche, cheveux blonds, lèvres
et joues rouges, sourcils noirs. Le cou et les mains doivent être longs et minces,
le pied petit, la taille souple. »
L’art du
maquillage se libéralise même s’il est perçu comme altérant le visage de Dieu.
Le corps doit être d’un blanc chaste et pur; couleur céleste de la lune. Mais
les couches de fard forment parfois un véritable masque qui bloque les
expressions du visage. « Castiglione, l’Aretin et Piccolomini ont tous critiqué
la rigidité des emplâtres sous lesquels les femmes ressemblent à des « statues
de bois » et ne « peuvent plus tourner la tête sans faire pivoter tout leur
corps ». »
La «
toilette » apparaît au XVIIIème siècle comme un évènement mondain où la femme
est la figure centrale. Elle est portée en gloire comme un personnage public
voué à la séduction dans l’esprit de la cour de Marie-Antoinette. A la fin du
siècle s’achemine une nouvelle esthétique féminine, un retour vers le goût pour
le naturel, la grâce et la simplicité. La beauté est mince, longiligne et
surtout pâle. Le classicisme est partagé entre la nature et la culture. Le
partage des rôles sexuels et ses dangers sont également au cœur des représentations
du féminin. Enfin on aboutit pour Françoise Borin à une « Eve-Marie-Pandore »
demandeuse de pouvoir politique. « […] Ce Miroir des femmes reflète quelques
traits constants, cela malgré les différentes lectures possibles des images et
des inflexions de sens que leur donnent les légendes. Dichotomie de l’image
féminine : ange/diable, déesse/animal, vie/mort, Eve/Marie, c’est toujours aux
extrêmes que se situe la femme, comme si une position moyenne, « normale » lui
était refusée. »
Extrait de l’Essai : Relecture
des multiples facettes du féminin sacré et profane par Marilyn RENERIC-CHAUVIN
École Doctorale Montaigne Humanités
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