Pages

jeudi 13 octobre 2016

Du féminin sacré : Témoignage de Nuno



Je me suis rendu compte que le sujet du masculin sacré est un sujet très vague et très lointain pour moi. Je ne me suis jamais vraiment penché dessus, et je n’ai jamais fait de recherches personnelles sur la question.

En débutant dans le monde païen, dans la magie et tout ça, je n’ai pas arrêté de voir du féminin sacré, de la grande Déesse et de la Femme à la pelle, comme si seule la femme pouvait avoir une spiritualité, un lien avec la Nature. Les hommes aussi sont les enfants des Dieux, et eux aussi peuvent avoir un lien fort avec le divin. C’est mon cas !



Mais en y repensant je me suis toujours tourné vers la Lune, les mystères, la créativité, un aspect vraiment très féminin de la sorcellerie. J’ai très longtemps nié ou refoulé mon coté «masculin» (je suis persuadé qu’une personne a un sexe mais deux genres en lui, à des proportions différentes) : l’impulsivité, la force, l’action... ces aspects que l’on considère comme traditionnellement masculins, mais qui ne sont pas forcément propres à un homme. Je connais des femmes qui sont de vraies guerrières et des hommes de formidables «mères». Toutes ces attributions de qualités et de défauts propres aux genres me paraissent si risibles et archaïques... La sorcellerie et le paganisme donnent la promesse de la liberté d’être et de penser, de tolérance, alors pourquoi encore cantonner les sexes à des rôles prédéfinis ?

Pour en revenir à moi personnellement, le féminin a toujours dominé. Jusqu’à cet été, où le Soleil m’a envoyé un message très fort. Un vrai coup de pied aux fesses pour me dire d’accepter ce côté plus sauvage, plus hédoniste, plus masculin. Me rappeler qu’au fond je suis Lion ascendant Bélier, que je suis un Homme. C’est à partir de ce moment que j’ai vraiment commencé à changer, ou du moins à prendre conscience de mon masculin, et donc mon masculin sacré. J’ai appris à profiter de la vie, à arrêter de me prendre la tête et de trop analyser. J’ai appris à agir !

Et je pense que c’est l’équilibre entre les deux tendances qui compte, entre le masculin et le féminin, et ça que l’on soit homosexuel ou hétérosexuel, ça n’a vraiment rien à voir.

Dans la vie comme dans la spiritualité, cette polarité complémentaire se ressent. Dans ma propre pratique polythéiste, j’ai toujours travaillé avec des divinités féminines, des déesses. Étrangement je ne me suis jamais senti à l’aise avec les dieux masculins. Une appréhension, ou parfois trop impressionné. Je pense qu’avec les Divinités, il y a une affaire très personnelle. On est attiré par les divinités qui résonnent avec notre propre personnalité. Il peut y avoir un rapport parents/enfants, maitre/élève, amoureux... C’est très variable selon les dieux et les personnes.

Quoi qu’il en soit, j’ai toujours adoré des déesses, car je me retrouvais en elles, dans leurs aspects, leurs attributs et leurs rôles. Mais depuis l’appel du Soleil, les dieux m’attirent. J’ai plus de confiance en moi, et moins peur de les aborder. Mais étrangement, j’appréhende d’approcher un dieu comme j’appréhende d’approcher un homme. Il y aura toujours un rapport de séduction et d’attirance.

Donc je ne pense pas qu’il y ait une différence radicale entre le parcours du sorcier et celui de la sorcière. C’est surtout une différence de personnalité. Chacun conçoit la spiritualité à sa manière, et je ne pense pas que ça ait grand-chose à voir avec le sexe. La sorcière a surtout le privilège du cliché, du classicisme.

Mais pour tout ce qui est du rôle de l’homme dans le rituel, les prêtres faces aux prêtresses etc., je ne m’y suis jamais intéressé. J’ai une pratique très solitaire, et je sais pertinemment qu’un homme a autant de potentiel qu’une femme.

En tant qu’homme, ma spiritualité ne doit pas avoir une place très différente dans ma vie que celle d’une femme. J’ai en moins tout ce concept de cycle menstruel sacré et ce genre de choses mais c’est tout. Chaque personne a une pratique et une spiritualité différente, ce qui est assez merveilleux et un fondement je trouve du paganisme. Homme ou femme, là n’est pas la question. J’ai souvent ressenti un élitisme féminin que je trouve très dommage dans mes pérégrinations. Comme si « l’homme, on lui laisse sa société machiste, et nous les filles on s’élève spirituellement de notre côté ». Quel dommage ! Les temps ont changé, les mentalités évoluent, et les hommes peuvent apporter beaucoup plus qu’on ne le pense…


SOURCE : magazine Lunebleue 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire