Introduction
A une époque où nos sociétés prennent très
progressivement conscience de l’importance du féminin et reconnaissent peu à
peu leur place aux femmes, la place des hommes et du masculin est elle aussi remise
en cause.
Dans les courants païens, on renoue avec la Déesse, avec
le féminin sacré nécessaire à la vie, indispensable au plein épanouissement
spirituel. Après avoir eu tant soif de féminin, nombre de personnes se sont
ouvertes à cette harmonie et y ont trouvé ce qui manquait dans leur vie. Après
des siècles et des siècles de patriarcat et de domination «masculine», la voix
du féminin se fait entendre et commence à rétablir les déséquilibres. Mais
celle du masculin, que l’on croyait connaître, quelle est-elle réellement ?
Est-ce celle d’un tyran assoiffé de pouvoir, de sexe et de sang ? Est-ce celle
d’un père punisseur, prompt à juger ses enfants et à les condamner ? Est-ce
celle d’un amant ou d’un fils effacé qui ne vit que pour servir la femme et le
féminin ?
Le masculin, le vrai semble-t-il, parle à ceux et celles
qui l’écoutent. Alors tendez bien l’oreille car c’est une chanson inédite que
vous risquez d’entendre.
Dieu et dieux : la divinité au masculin
Dieux uniques et Pères de tout
Lorsque l’on pense à une divinité masculine, à moins de
connaître un minimum les panthéons et les mythologies, les premières images
sont celles des dieux uniques (Allah, Yaveh, Dieu) ou celles de divinités
toutes puissantes (Zeus, Odin, Jupiter, Brahma, Râ) qui décident du sort du
monde depuis leur lointain nuage ou leur lointain palais. Des êtres implacables
qui se jouent des pauvres mortels, des pères qui ne se soucient de leurs
enfants que pour les punir de s’éloigner du bon chemin et ne pas les adorer à
leur juste mesure.
Cependant, en y regardant de plus près, de telles
figures semblent caricaturales. Si tant est que des puissances «supérieures»
existent, pourquoi agiraient-elles telles des humains capricieux et
susceptibles ? Un argument logique jaillit alors : ces êtres immatériels (voire
anciennement matériels selon les conceptions) ont été détournés pour satisfaire
les besoins et asseoir le pouvoir de certains humains. De la même façon, ces
visions proviennent d’humains et donc de limites humaines à la compréhension de
vérités subtiles.
Ainsi que le soulignent de nombreux auteurs, telle
Deanna J. Conway, les patriarcats et les sociétés masculines n’ont pas
seulement déformé l’image du féminin sacré, ils en ont fait autant pour celle
du masculin. A partir de ces constats, aucune image ne peut être admise comme
totalement objective et sûre. Néanmoins, au travers de différentes cultures,
nous pouvons retrouver des symboles, des histoires qui, si elles ne sont pas
véridiques, constituent des portes vers la compréhension des anciennes
conceptions.
Masculinisation progressive de l’androgynat
Ainsi de nombreuses cultures et de nombreuses religions
parlent d’un tout, d’une Source divine. On s’aperçoit en se penchant sur ces
différents corpus et en lisant à travers les lignes que ce principe universel
n’est pas nécessairement sexué (tel l’esprit universel des druides). Il le
devient en s’exprimant en tant que principe créateur, en manipulant la forme et
la matière, se partageant en deux forces polarisées (le feu et la glace chez
les nordiques ; la grand-mère et le grand-père des origines Wakan et Skan chez
certains amérindiens, etc).
Il semblerait que pendant une longue période de
l’humanité, ce fut la grande Déesse qui était considérée comme l’origine, la
source de toute vie. Le principe originel de l’androgyne était donc à moitié
gommé même si une place était reconnue au masculin (quoique secondaire).
Dans les religions dites «monothéistes», ce principe
originel ne paraît pas avoir été sexué au commencement. Certains raccourcis ont
très probablement été pris pour faciliter d’une part la compréhension aux
contemporains de ces époques, d’autre part pour les raisons citées avant.
Malgré la logique montrant la femme (et donc le féminin) à l’image
de la vie (en portant, enfantant et nourrissant des enfants, en vivant selon
ses propres cycles), il est plus que probable que nombre d’hommes (et de
femmes), les sentant incomplets, n’aient pas trouvé leur vérité dans des cultes
majoritairement féminins. Ce premier déséquilibre aurait donc pu entraîner une
recherche vers l’autre extrême.
Mise en lumière d’une seule partie du couple divin
Ce passage a priori progressif se serait donc axé de
plus en plus sur le seul principe masculin. En s’éloignant du féminin, les
sociétés ont coupé leur cordon ombilical tout en plongeant dans le
déséquilibre. Les anciens dieux qui régnaient de pair avec les déesses ont pris
progressivement le pas sur elles. Puis se sont eux-mêmes singularisés en deux
extrêmes, perdant la richesse et la profondeur de leurs différentes facettes.
Ne résida alors plus que le bien et le mal, tous deux illustrés par des figures
masculines (notons au passage que les femmes furent souvent associées au mal
mais n’ont pas souvent été considérées assez dignes pour diriger cette
catégorie.)
Dieu pluriel : les facettes du masculin sacré
Dans de nombreuses anciennes religions, les divinités
masculines présentaient de nombreux visages. Nous pouvons remarquer certaines
facettes récurrentes d’une culture à l’autre.
Dieux amants et fertiles : Adonis,
Angus, Dagda, Apollon, Attis, Eros, Freyr, Priapus, Shiva, Tammuz, Thor...
Autant de figures masculines tournées vers l’amour sous tous ses plans
(spirituel, sentimental et physique). Des divinités qui célèbrent leur corps
sans honte ni pudeur. De l’amant tantrique au poète mystique, ces êtres
mythiques incarnent à la fois la sensibilité et la virilité dans ses aspects
les plus matériels.
L’artiste, le forgeron ou l’artisan : Angus,
Apollon, Bragi, Gobniu, Héphaïstos, Lugh, Orphée, Ptah, Vulcain, Wolund...
Quelle que soit leur apparence (magnifique ou charismatique pour les artistes ;
repoussante ou grossière pour les forgerons), ces êtres excellent dans leurs
domaines en allant puiser au fond d’eux-mêmes le talent puis en l’exprimant
avec art, illustrant l’énergie qui affine et précise pour mettre en lumière
quelque chose de précis.
Le guerrier : Arès, Camulos, Mars, Indra,
Krishna, Nuada, Odin, Teutatès, Thor, Tyr... Au-delà de l’image du dieu
violent, c’est celle du guerrier spirituel que l’on peut retrouver : un être
capable de maîtriser ses énergies et de s’engager pleinement sur son chemin. Le
guerrier est celui qui contrôle sa force et sait faire preuve de courage1 pour
avancer dans sa vie.
Selon les
éléments
Dieux forestiers (Terre) :
Cernunnos, Faunus, Herne, l’homme vert, Marduk, Merlin, les rois houx et
chêne... A l’image des dieux amants, ils personnifient la fertilité masculine
dans sa dimension instinctive. Ces êtres symbolisent aussi la part d’ombre et
de mystère tapie au sein de la forêt ainsi que le courage d’aller à sa
rencontre.
Dieux des eaux (Eau) : Aegir, Dagda, Mannanan
MacLlir, Neptune, Njord, Poséidon, Shiva, Varuna... Ici les dieux se trouvent
liés à un élément considéré majoritairement comme féminin. Si certains en
expriment la bienveillance (tel le «bon» Dagda), d’autres manifestent son
aspect destructeur. Les uns comme les autres incarnent la maîtrise de soi tout
en représentant des forces en apparence incontrôlables.
Dieux du ciel (Air) : Dieux Ases, Belenos,
Brahma, El, Taranis, Teutatès, Zeus... Ici nous retrouvons des images proches
de celle des dieux uniques et distants. Ces derniers gouvernent et rendent
justice depuis le haut et nous exhortent à prendre de l’altitude pour pouvoir considérer
avec sagesse toute situation.
Dieux solaires (Feu) : Ahura Mazda, Apollon,
Balder, Belenos, Hélios, Horus, Ra, Surya, Vishnu... D’où une fréquente
association du masculin à la lumière, de nombreuses divinités masculines ont
personnifié la force solaire. Ces dernières illustrent à la fois la
bienveillance, la protection, la conscience mais aussi l’intégrité et la quête
de l’idéal.
Dieux lunaires : Chandra, Mani, Sinn, Thoth,
Tsuku-Yomi, Varuna... Dans une optique moins reconnue, nous pouvons retrouver
des divinités masculines liées au satellite de la Terre (voir la fiche
«divinité» de ce numéro). A l’image de Thoth, ces déités ont intégré la force
féminine, accédant ainsi à de nouvelles capacités (le plus souvent étrangères
aux autres dieux).
Le magicien : Dagda, Enki, Gwion
Bach, Gwydion, Hermès, Merlin, Nuada, Odin, Ogma, Xolotl... Ici ces êtres
mythiques transforment et transmutent la matière, devenant leur propre
alchimiste. A nouveau, la plupart d’entre eux sont initiés à la puissance du féminin
(Gwion Bach suçant malencontreusement les trois gouttes tombées sur son pouce,
provenant du chaudron de Cerridwen ; Odin initié au Seidr2 par Freyja ; Dagda
lié au chaudron etc). Les magiciens représentent souvent la quintessence des
divinités masculines car, tour à tour, ils incarnent chaque facette des autres
divinités. Ce sont aussi les intermédiaires divins avec les différents plans de
réalité.
Le
trickster : Enki, Hermès, Krishna, Legba,
Loki, Maui, Pan, Seth, Susanoo... En complément du magicien, nous
retrouvons une part plus «sombre», celle du filou, du «joueur de tour». Tantôt
gentil plaisantin, tantôt sadique et machiavélique, le trickster n’hésite pas à
user de toutes les ficelles pour arriver à ses fins. Amoral à souhait, il nous
pousse dans nos retranchements pour sauver la situation au dernier moment. A sa
façon, ce type de déité se révèle un puissant initiateur, forçant les êtres
auxquels il fait face à remettre en cause leurs croyances et à changer du tout
au tout.
Dieux des morts et de l’autre monde : Ahriman,
Anubis, Arawn, Hadès, Hodur, Nergal, Osiris, Shiva, Xolotl, Yama... Souvent
craints, ces divinités masculines incarnent la destruction, la fin, l’autre
monde. Pourtant, elles complètent le cycle de la vie, illustrant la nécessité
du changement. Ces êtres sont confrontés à leur ombre. A l’instar de ceux qui
se sont ouverts à la force féminine, ils deviennent capables d’évoluer dans
d’autres dimensions. Ils nous apprennent à vivre pleinement nos morts initiatiques
et quotidiennes pour évoluer et acquérir une nouvelle conscience.
Le sauveur sacrifié : Bran, Dionysos, Jésus,
Mithra, Osiris... Crucifiés, coupés en mille morceaux, certains ont la vie dure
dans la gente divine ! Au-delà de se sacrifier pour la bonne cause, ils
illustrent la capacité à mourir et renaître au monde. Le voyage dans la mort
est telle une quête chamanique, la traversée de l’ombre pour atteindre la
lumière d’une conscience élargie.
Le fils lumineux : Adonis, Agni, Apollon,
Bacchus, Balder, Bouddha, Hermès, Horus, Janus, Jésus, Krishna, Lugh, Mithra,
Zeus... A l’image des sauveurs sacrifiés, ces déités incarnent l’énergie
talentueuse, l’idéal. Dans un contexte tyrannique, ils naissent et vivent pour
contre balancer la tendance, amener l’équilibre. Ces êtres symbolisent la
lumière et la pureté, l’intégrité et la vertu.4
L’énergie masculine
«Tous les dieux sont morts.» (Nietzche)
A notre époque, dans la culture occidentale, en dehors
des cercles païens et de quelques traditions campagnardes irréductibles, la
plupart des divinités, qu’elles soient masculines ou féminines, ont été
reléguées au rang de l’imagination. Toutefois, comme le souligne Joseph
Campbell, «la pensée contemporaine admet sans peine que le symbolisme de la
mythologie possède une signification psychologique».
Ainsi, que l’on soit païen ou non, travailler avec
l’énergie masculine par le biais de la mythologie est à la portée de nombreuses
personnes. Au-delà des débats concernant l’essence des divinités (des humains
ou des êtres ayant existé ; des archétypes liés à la psyché humaine ; des
forces, des énergies ou des esprits personnifiés, etc), les déités masculines
peuvent à la fois être perçues comme des hommes et comme une personnification
de l’énergie, du principe masculin. La quête du masculin, dans sa dimension
personnelle et sacrée concerne donc autant les hommes que les femmes. «La
masculinité est un archétype, et non un sexe» disait Maureen Murdock.
Pour mieux comprendre cet archétype et comment y
accéder, on peut distinguer une évolution se déroulant en trois étapes.
A l’ombre de la Déesse : le fils-amant
Cette première étape correspond au culte de la
Déesse-mère, période où femmes et hommes sont tournés vers le principe
féminin5. Les deux genres sont respectés et appréciés mais le masculin, tout
comme les hommes, tient un rôle secondaire, celui du compagnon. Le féminin est
tout puissant, il prend et donne la vie (illustré tantôt par un aspect
bienveillant, tantôt par un aspect dévorant, telle Tiamat). Le masculin le
révère, sans prendre conscience de son propre potentiel. S’ensuit une relation
fusionnelle où le fils-amant demeure bienheureux mais inerte. Sa seule
distinction s’opère en devenant le rival du père.
Sur un plan plus classique, cette étape correspond à
l’enfance, à l’individu qui refuse de grandir et souhaite continuer
éternellement de vivre dans un état béat d’insouciance (complexe de Peter Pan).
DOSSIER : LE MASCULIN SACRÉ
Les symboles du masculin
Les symboles récurrents du masculin se retrouvent dans
les mythes, religions et légendes. Parmi les plus fréquents : Épée, lance,
flèche, dague, baguette, bâton, sceptre, phallus (divinité ithyphallique >
lingam) > air et feu (terre chez les fées).
2 Forme de chamanisme germano-nordique féminin
3 L’expression anglaise «trickster» est intraduisible.
Elle correspond à une personne jouant des tours et de mauvais coups (trick correspond
aussi aux mauvais sorts).
4 Notons toutefois que la vertu est un concept
subjectif. Ainsi la vertu poursuivi par Bacchus ne sera pas identique à celle
de Mithra ou de Zeus.
5 La relation Déesse-mère/fils-amant est très bien
illustrée dans les bandes dessinées «Grimion gant de cuir» de Makyo aux éditions Glénat.
L’opposition : l’adolescent rebelle
Vient ensuite le temps où le masculin ressent le besoin
de mieux se connaître, d’accéder à ce qu’il sent manquer – autrement dit la
connaissance de lui-même. A ce stade, il y a coupure du cordon. Pour se découvrir,
il quitte le féminin et quitte ainsi l’état de bien-être que ce contact lui
procurait. Ce faisant, il refuse l’état de serviabilité et de soumission
inconsciente.
Le risque de cette différenciation est bien sûr le rejet
(temporaire) du féminin. Même s’il connaît la tourmente, le masculin découvre
enfin l’autonomie et se révèle peu à peu lui-même. Il est ainsi confronté à son
ombre, à ses paradoxes, ses doutes et ses désillusions.
Le passage à l’âge adulte : la naissance du sage
Au troisième stade, le masculin comprend que l’équilibre et le plein
épanouissement ne peuvent être atteint qu’en compagnie du féminin. Après avoir
fait l’expérience de sa différence, il s’ouvre à nouveau à sa force
complémentaire. Cette fois non plus avec la dévotion soumise du fils-amant mais
avec l’amour et la bienveillance engendrés par la compréhension de soi.
Cette évolution en trois étapes du principe masculin recoupe des
conceptions similaires, présentant un cycle évolutif.
Ainsi, à un niveau psychologique, on retrouve la quête du héros avec
les personnages successifs : la victime, le bourreau, le sauveur, la fin du jeu
: le sage. Chaque personnage peut ainsi être une étape pour accéder à la
compréhension globale et au dépassement des rôles.
Paule Salomon6, philosophe et thérapeute renommée, conçoit sept
stades pour l’évolution de l’homme/du masculin : fils de la mère, fils du père,
révolté, éclairé (traversée de l’ombre), lunaire (intégration du féminin),
androgyne (équilibre), sage (principe évolutif).
Chaque étape, quel que soit le cycle qui nous parle, fait écho aux
énergies, aux enseignements, ainsi qu’aux archétypes correspondant aux déités
masculines. Travailler avec le masculin sacré revient donc à partir en quête de
soi-même dans sa dimension masculine (quel que soit notre sexe et notre
orientation sexuelle).
Les Hommes et le masculin aujourd’hui
Qui dit «masculin» sous-entend souvent «homme». Comme nous avons pu
le voir, ces deux concepts sont différents. Le
masculin et le féminin sont complémentaires et nécessaires pour que se vive
l’équilibre. Le principe mâle et celui femelle sont nécessaires pour la
procréation. Mais un homme n’a pas besoin d’être avec une femme pour vivre
l’équilibre et l’inverse est tout aussi vrai. Pas besoin d’être un homme pour
travailler sur son masculin, pas besoin d’être hétérosexuel pour vivre
l’équilibre et la complémentarité au sein d’un couple.
Cependant, à travers l’ouverture progressive au féminin
(ou le retour), de nombreux hommes ont du mal à se situer et peinent à trouver
leur place entre le macho et l’homme «efféminé». Un bon nombre ne se retrouve
plus dans les repères passés sans pour autant savoir dans quelle direction
avancer. Certains penseurs (et penseuses) considèrent que les hommes, les vrais,
sont en cours d’extinction. Mais ce qui semblerait plus juste serait que, ainsi
que le souligne Paule Salomon, «les hommes ne sont pas en voie de
disparation, ils sont en crise de mutation».
Aussi, afin de (re)trouver leur identité (pour ceux qui
se posent la question), tant masculine que globale, certains hommes éprouvent
le besoin de se construire au contact d’autres hommes.
Réseaux et groupes d’hommes
Les anciennes fraternités spirituelles (druidisme,
francs-maçons...) puisaient la raison de leur regroupement unisexe dans de
nombreuses idées. Certaines sont, avouons-le, purement sectaires et misogynes
ou misandres7. D’autres se veulent plus logiques selon leur conception du
monde. Ainsi, nous retrouvons les courants qui considèrent que les principes
masculin et féminin ne sont respectivement l’apanage que des hommes et des
femmes. Pour pouvoir travailler et intégrer pleinement une des deux énergies,
il serait donc nécessaire de se concentrer sur une seule polarité (autrement
dit celle correspondant à son genre). Selon ces conceptions, l’autre polarité
est reconnue, acceptée mais rarement comprise. Toutefois, on peut souligner la
pertinence du fait que les corps féminins et masculins ne fonctionnent pas sur
les mêmes rythmes et qu’à un niveau purement physique (ce qui n’est pas
négligeable), une compréhension instinctive peut se faire jour.
Hormis ces considérations, les groupes d’hommes
m’apparaissent plus pertinents dans leur dimension évolutive. Pour illustrer
cette idée, à l’heure actuelle, de nombreux hommes se remettent en cause dans
leur identité. Se retrouver afin d’évoquer le parcours de chacun, découvrir que
l’on vit des situations similaires et s’entraider permet de renforcer la
dynamique évolutive de chacun.
Ainsi un certain nombre de groupes d’hommes se sont
formés dans le monde (en partie avec les travaux de Robert Bly8), notamment au
Québec et en France (principalement le réseau Hommes, fondé en 1992 par Guy
Corneau9). L’intérêt de ces groupes est double : il permet à la fois aux hommes
d’expérimenter une complicité, une intimité toute masculine (dans le sens
d’«homme») - en bref : expérimenter la fraternité - tout en faisant partie d’un
groupe dans lequel ils évoluent. Ces cercles se basent sur la convivialité, le
respect et le partage à coeur ouvert. Chacun partage son expérience, ses
ressentis, ses parcours (sans obligation de parole). Un des avantages se situe
aussi dans le fait que de nombreuses personnes sont plus à l’aise pour évoquer
certains sujets avec des gens de leur sexe – se sentant moins jugées ou ayant
moins le souci de vouloir plaire aux autres10.
De sujets spirituels à la vie quotidienne, de la
philosophie à la sexualité, chacun s’exprime avec ses mots et sa sensibilité,
lui permettant de se sentir homme parmi d’autres hommes sans intermédiaire
féminin (au sens de «femme»).11
Travailler avec les dieux et l’énergie masculine
Au-delà du besoin de se retrouver entre hommes et
d’explorer une facette de sa masculinité, le travail avec les dieux et
l’énergie masculine peut tout aussi bien se faire à travers un cercle contenant
les deux genres ou de façon individuelle, chaque individu étant la somme des
deux polarités.
Ainsi le travail avec le masculin sacré peut s’amorcer par des
remises en question, une observation de sa vie et de son cheminement. Des
lectures – accompagnées d’un regard critique – peuvent aussi enrichir cette
perspective. Ce travail peut passer par l’auto-analyse mais ne nécessite pas
une approche rigide, bien au contraire. Chaque activité et interaction peut être
l’occasion de s’ouvrir et de mieux comprendre sa part masculine. Travailler
avec son masculin n’exclut pas d’ailleurs le travail avec le féminin. Même s’il
peut apparaître opportun de se focaliser sur l’une ou l’autre des polarités
dans un premier temps (pour se familiariser avec et pouvoir l’intégrer), en
cultivant chacune d’entre elles, nous facilitons l’accès à l’autre. Ainsi
l’accès au masculin passe autant par la constance, l’engagement, la droiture
que par le lâcher-prise, l’intuition et l’ouverture.
De plus en plus d’études en sciences sociales tendent
d’ailleurs à montrer que les individus adoptant une sexuation psychique12
androgyne tant dans leurs tâches quotidiennes que dans leurs attitudes
présentent les scores les plus élevés sur des échelles d’épanouissement
personnel, de bien-être et d’équilibre.
A un niveau purement pratique, cela peut passer par des
méditations, des rituels dédiés au principe masculin (au
Dieu-père-fils-amant-frère) ou à un dieu particulier avec lequel on se sent en
adéquation.
Un autre point intéressant est de s’interroger sur les
facettes du masculin et de divinités masculines qui nous dérangent et nous
perturbent. Sont-ce des parts de nous-mêmes que nous avons du mal à accepter ou
des facettes déséquilibrées et transformées par des millénaires de patriarcat ?
En conclusion : Le Masculin
à redécouvrir
Cet article sur le masculin ne peut qu’être tronqué et
succinct. Il reflète une part de mes croyances, de mon expérience et de mes
propres limites, ajoutées à celles d’autres personnes. Toutefois, il se veut
avant tout un appel, un témoignage. Il existe bien une autre force que le
Féminin Sacré mais, tout comme la première, elle demeure souvent mal comprise.
Pour bien la comprendre et l’appréhender dans sa totalité, les articles, les
livres et les discussions ne suffisent pas. Le prochain pas, c’est à vous de le
faire.
A lire : Bibliographie
- L’art de l’extase sexuelle, Margot Anand, Guy
Trédaniel
- L’art de l’extase au quotidien, Margot Anand, Guy
Trédaniel
- Le manuel de sexualité tantrique, Bodhi Avinasha &
Sunyata Saraswati, Jouvence
- Le héros aux mille et un visages, Joseph Campbell,
Oxus
- Urban Tantra, Barbara
Carellas, Celestial Arts
- Gods of light & shadow, D.
J. Conway, Llewellyn
- Père manquant – fils manqué, Guy Corneau, de L’homme
- Les secrets de l’extase, Nick Douglas & Penny
Slinger, Guy Trédaniel
- La déesse blanche, Robert Graves, du Rocher
- The Art of Tantric Sex, Nitya
Lacroix, Dorling Kindersley
- Celtic Myths and Magick, Edain
MacCoy, Llewellyn
- Merlin l’enchanteur, Jean Markale, Albin Michel
- The 21 lessons of Merlyn,
Douglas Monroe, Llewellyn
- The lost books of Merlyn,
Douglas Monroe, Llewellyn
- Le parcours de l’héroïne ou la féminité retrouvée,
Maureen Murdock, Dangles
- Sons of the Goddess,
Christopher Penczak, Llewellyn
- The living temple of
witchcraft – Journey to the God, Christopher Penczak, Llewellyn
- Les hommes se transforment – l’homme lunaire, Paule
Salomon, Albin Michel
- La femme solaire, Paule Salomon, Albin Michel
- Le couple intérieur, Paule Salomon, Pocket
- Tantra – le culte de la féminité, André Van Lysebeth,
Flammarion
Par Xael
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