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dimanche 18 juin 2017

Le corps sensible, un vecteur de conscience sans limite


S’ouvrir au féminin 
Si l’on regarde l’humanité de Sumer à nos jours, on constate une montée exponentielle du pouvoir masculin et du patriarcat, accompagnée par la domestication de la nature et par un formidable développement de la technologie pour maîtriser et s’approprier le monde. Dans le même temps, l’individualité, la volonté d’appropriation, et l’indépendance sont devenues des valeurs suprêmes. Les crises actuelles de tout ordre nous montrent les limites de ce choix prométhéen qui a oublié d’être au service de quelque chose de plus grand que notre volonté. La situation actuelle pousse à une remise en cause de nos valeurs. Il semble que l’humanité doive réhabiliter sa partie féminine de réceptivité, de douceur et d’amour. Ce qui nous permet d’établir la paix interne, ce n’est pas la victoire d’un moment, qui sera déjouée par le prochain événement, mais la capacité à recevoir le monde et l’autre en nous-mêmes, et de ressentir la vie nous traverser. 



Le féminin, c’est accueillir en soi et accepter d’être fécondé par le mystère de la vie. La part féminine est sensible et réceptive, et se laisse toucher. Pourtant, elle ne peut être blessée car, par essence, elle accueille sans jugement et donne sans sacrifice ni attente. Homme et femme sont porteurs de cette capacité à laisser faire à l’intérieur d’eux la gestation d’une alchimie créatrice, qui aboutit à des découvertes ou des expériences nouvelles.

Le corps sensible, un vecteur de conscience sans limite 

Ce retour aux valeurs féminines, intuitives et aimantes ne peut se faire sans une revalorisation du corps sensible et conscient. Non pas le corps domestiqué, contrôlé et programmé, mais le corps charnel, qui perçoit, qui goûte, qui ressent, qui a la joie d’accueillir. Le corps est un très puissant vecteur de conscience. Il réagit instantanément à toute modification de situation ou d’environnement. A chaque instant, des réactions subtiles parcourent notre organisme, et de multiples signaux nous informent sur la réalité de notre être et du monde. Mais cela est quelquefois en opposition avec notre volonté de contrôle, car un évènement peut nous faire rougir, nous apaiser ou nous faire battre le cœur. Pour éviter de tels désagréments dans la vie quotidienne (gargouillis du ventre, jambes flageolantes, se sentir fondre… etc.), nous avons appris à étouffer ces manifestations, et par là, l’écoute des messages corporels. Pourtant, chaque mère a expérimenté que son ventre connaît bien mieux que sa tête, la réalité et les besoins de son enfant. Son corps la réveille tout juste avant que son bébé ne s’éveille, et ses seins font jaillir le lait même à distance, si le nourrisson a besoin de téter. Ces réactions instantanées nous montrent la puissance du canal corporel comme outil de conscience.

D’autres exemples nous font percevoir cette réactivité non décidée et pourtant si adaptée. Qui n’a jamais senti son corps prendre les commandes en cas de dérapage imprévu, ou n’a pas perçu ce sixième sens lui faisant sentir qu’il était observé ? Ces antennes et connexions psychiques, si souvent dénigrées ou rejetées, n’attendent que nous pour se développer. Le corps perceptif nous ouvre à un univers immense et inattendu, sensuel et intuitif. Il nous permet de jouir de la vie, de ressentir la magie de l’autre, de joindre l’univers dans toute sa beauté et de sentir la gratitude d’être vivant. Il nous met en contact avec quelque chose de préexistant, plus extraordinaire que les programmations mentales, qui elles ne peuvent que mettre en forme ce qu’elles connaissent déjà. Il nous permet d’être au service de cette sagesse intérieure, que nous appelons le Soi, l’Etre profond, le Divin… La spiritualité incarnée passe par un retour au féminin et au corps conscient. Cette ouverture sensible peut nous ouvrir à des pouvoirs de médiumnité, de guérison et à l’accession aux sagesses universelles.
Un chemin semé d’embûches 

Cette réhabilitation du pôle féminin et cette ouverture à notre ressenti n’est pas un chemin facile. Cela nous demande un retournement de valeurs et une ouverture à notre profondeur. Il s’agit de se laisser guider et de lâcher le contrôle, de remettre en question le pouvoir de notre personnalité construite pour prévoir et maîtriser notre vie, et d’accepter l’inconnu pour s’abandonner à la vie… Mais il est aussi délicat de s’ouvrir au sensitif et à l’amour sans avoir guéri les blessures qui ont entraîné notre fermeture. Quand l’armure corporelle se relâche, les souffrances oubliées peuvent resurgir. Car l’enfant est au départ tout réceptif, il est une éponge d’amour qui se construit sur l’environnement qui l’entoure. Si cet environnement est douloureux ou toxique, il va incorporer des nœuds de douleur et de poison relationnel, qui vont rester chez l’adulte enkystés et ignorés sous une couche d’insensibilité et de refoulement. Entrer dans sa sensibilité interne et son féminin va souvent faire apparaître, en premier, mal-être, souffrance ou frustration, accumulés au fond de nos mémoires. Cela montre l’importance d’être accompagné dans ce passage parfois si délicat pour déjouer ces monstres et accéder au trésor de la profondeur.

La Psychologie Biodynamique, une gestation de l’âme dans un corps sensible 

La psychologie Biodynamique est une des rares méthodes de psychothérapie créée par une femme. La théorie et la pratique s’en ressentent. Gerda Boyesen, sa fondatrice, comparait l’attitude du psychothérapeute à celle d’une sage femme. Le psychothérapeute biodynamique sait donner un accueil sans jugement, un soin tout particulier pour le vivant, une attention à la réalité biologique. Il a la conscience que, loin de toute volonté mentale, l’être intime suit des lois universelles. Il accompagne le patient le long de ce retour au monde sensible et sensitif parfois épineux, pour lui permettre de retrouver ce qu’il est profondément. Conscient de la richesse du corps, il sait donner une attention particulière aux signaux corporels non contrôlés, car ils traduisent la réalité interne de la personne. 


Le chemin thérapeutique devient une exploration mystérieuse de mémoires ou de perceptions non programmées par la volonté du patient ou du thérapeute. C’est par un accueil respectueux et encourageant de ces manifestations, qui au départ peuvent paraître incohérentes, qu’émerge une expérience très souvent libératrice et satisfaisante. Cela permet à l’âme de prendre toute son expansion, par delà le cadre éducatif ou socioculturel, dans toute sa capacité créatrice et sa puissance d’amour. Le féminin, c’est cette joie d’être.

Ecole Biodynamique Paris, Montpellier, Lyon 

APPB – Association Professionnelle de Psychologie Biodynamique 


Par François Lewin et Miriam Gablier

Ce qui nous permet d’établir la paix interne, ce n’est pas la victoire d’un moment, qui sera déjouée par le prochain événement, mais la capacité à recevoir le monde et l’autre en nous-mêmes, et de ressentir la vie nous traverser.

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