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lundi 12 décembre 2016

Le culte de la dame sombre



Une chose est certaine : le culte de la dame sombre est présent dans toutes les cultures, toutes les traditions et ce, depuis le début des temps. La dame sombre a même survécu à la christianisation des cultes païens grâce aux Vierges Noires retrouvées un peu partout dans le monde. Elles ont été vénérées, craintes, diabolisées et elles sont encore présentes dans le monde moderne ! J’ai moi-même toujours été fascinée par la dame sombre : Hécate et Perséphone ont fait un passage marqué, Kali a longtemps été à mes côtés pendant mon passage dans le Shaktisme et j’avoue avoir une énorme attirance pour les Vierges Noires qui, pour moi, sont une prolongation du culte d’Isis.






Toutefois, il ne m’est jamais passé par l’esprit d’être ainsi appelée par la plus grande des dames sombres, la Mort elle-même, la Santisima Muerte. La Santisima Muerte ou Santa Muerte, ou encore, Sainte Mort, la Squelettique, la Dame Noire, la Dame Blanche, la Dame de la Nuit est une véritable dame sombre des Amériques. Son apparence nous repousse et nous paraît caricaturale la première fois qu’on la voit. On a le réflexe de s’éloigner et de croire qu’elle est démoniaque, une figure du mal.

Elle est habituellement représentée sous la forme d’un squelette avec une toge noire à capuchon qui la couvre de la tête aux pieds, laissant seulement son visage et ses mains exposées. Une croyance dit que sa robe symbolise notre réflexe de couvrir notre véritable nature qui, un jour, disparaît. Elle porte souvent, dans une main, un globe qui symbolise qu’elle est maîtresse du monde mortel, et dans l’autre, une faux, représentant la mort imminente qui nous rappelle que celle-ci est présente en tout temps et que toutes les créatures vivantes partagent le même destin. «La Mort a été représentée en tant que figure anthropomorphe ou comme personnage fictif dans de nombreuses mythologies et cultures populaires. La personnification de la mort en tant qu’entité vivante, consciente et sensible, est lié à l’idée de la mort et à son poids historique et philosophique considérable. Dans le folklore occidental moderne, La Mort est généralement représentée comme un squelette portant une robe, une toge, noire avec capuche, éventuellement une grande faux. La Mort est alors connue sous le nom de La Grande Faucheuse ou tout simplement La Faucheuse. Ce symbole d’origine italienne est très présent durant tout le Moyen-Âge et à la Renaissance, dans les peintures apocalyptiques et macabres comme celle de Pieter Bruegel l’Ancien (Le Triomphe de la Mort). À une époque où la peste noire faisait des ravages, la faucheuse représentait un être terrifiant venu happer les vivants d’un coup de lame.» 

Qui aurait pensé que cette figure symbolique serait au centre d’un grand culte religieux et prendrait la forme d’une déesse très actuelle ?

C’est pourtant le cas et cette déesse porte le nom de Santa Muerte. Elle est beaucoup plus que cette figure mythologique et symbolique. C’était en fait pour vous introduire à son apparence redoutable. Maintenant que vous l’avez bien imagée, parlons de sa véritable nature qui est plus grande que… nature. Si vous avez été au Mexique dans les dernières années (ou dans certaines parties des Etats-Unis), vous avez probablement croisé la Santa Muerte. Son culte vit actuellement une expansion rapide qui équivaut au culte de la Vierge de la Guadeloupe, mère des Mexicains. On retrouve des autels à la Santa Muerte aux carrefours des rues, devant des demeures privées et même dans des marchés, surtout dans un quartier très pauvre et violent de la ville de Mexico. Elle est souvent la sainte patronne des criminels, des vendeurs de drogues, des prisonniers, des prostitués et des marginaux parce qu’elle les protège.

On dit qu’elle ne fait aucune discrimination : elle écoute les appels des personnes jugées «amorales» par l’église catholique comme les homosexuels et les travestis. «Diverses églises (catholique, baptiste, presbytérienne, méthodiste) rejettent et condamnent sa vénération en la considérant comme diabolique. L’église catholique la considère comme une tradition païenne contraire à la croyance chrétienne du Christ vainqueur de la mort.» 

Pourtant, au Mexique elle est vénérée par 2 millions de Mexicains, majoritairement catholiques. Elle est grandement aimée, priée et vouée par ceux-ci qui l’habillent et la promènent dans les rues, surtout lors du jour des morts (1 et 2 novembre).

Origine
Le culte de la Santa Muerte est apparu, d’après des experts, dans les années 1960. Vénérée d’abord de manière clandestine, elle a gagné en popularité aussi rapidement que le vent et ce, dans la ville de Mexico. Or, son origine remonte à bien plus longtemps : la Santa Muerte serait une figure divine née d’un syncrétisme entre le culte préhispanique des morts, des dieux aztèques de la mort (Mictlantecuhtli et Mictecacihuatl), du dieu maya Ah Puch décrit comme un squelette au visage de jaguar, d’un des quatre chevaliers de l’Apocalypse (la mort), de la figure de la mort de la culture grecque et occidentale et, finalement, la Vierge de Guadeloupe, sainte vénérée des Amériques. «Les racines de la croyance dateraient de l’époque pré-hispanique, avec Mictlantecuhtli et Mictecacihuatl, dieu et déesse de la mort, l’obscurité et le Mictlan, le royaume des morts.

Les hommes et les femmes qui mouraient de causes naturelles s’y rendaient, mais le chemin n’était pas facile. Avant de se présenter devant le dieu et la déesse de la mort, il fallait passer par de nombreux obstacles : des pierres qui s’entrechoquent, des déserts et des collines, un crocodile appelé Xochitonal, un vent de pierres tranchantes d’obsidienne, et une rivière abondante que le mort traversait avec l’aide d’un chien qui était sacrifié le jour de ses obsèques (Xoloizcuintl). À l’animisme préhispanique, on peut associer la vie des différents saints catholiques, dans le style du santería cubain, qui combine des traditions animistes africaines avec le catholicisme.»

Des croyances répandues, particulièrement dans la brujeria (sorcellerie mexicaine), affirment que la Santa Muerte est la soeur sombre de la Vierge de Guadeloupe et qu’on lui fait des demandes qu’on n’ose pas demander à cette dernière. La Vierge de Guadeloupe étant pure, les brujos ne sentent pas qu’il soit approprié de lui demander un emploi ou de l’argent. D’ailleurs, c’est pour cette raison que nous retrouverons des représentations de la Vierge de Guadeloupe avec le visage de la Santa Muerte. Ceci me rappelle drôlement le mythe d’Isis et Nephtys, ou encore, l’histoire d’Ève et de Lilith.

Une lumineuse et l’autre, sombre.
La Dame Noire et la Dame Blanche, formant ainsi les deux visages principaux du féminin sacré.  Sainte ou déesse ?

Tout dépend toujours du point de vue de la personne qui vénère la Santa Muerte. Les chefs des églises chrétiennes la condamnent et affirment qu’elle est fausse. Les Mexicains de croyance catholique la perçoivent comme une sainte et même un archange (d’où le fait qu’ils demandent toujours à Dieu la permission de s’adresser à elle). Dans la brujeria (sorcellerie mexicaine) et le hoodoo, elle est à la fois sainte et déesse. Pour certains néopaïens qui sont appelés par elle, elle est une déesse. Une chose est certaine, qu’elle soit vue comme une sainte ou une déesse, elle est hautement associée à la sorcellerie.

Ses dévots lui demandent des faveurs et lui donnent des offrandes comme des cigares, de la bière, des herbes, des fleurs et des bonbons. Les faveurs demandées sont très variées, comme la guérison d’un être cher. Elle tient grandement à ce que les familles et les couples soient protégés. Elle aime apporter la bonne fortune, l’abondance et le bien-être car, elle le dit si bien, nous n’avons qu’une vie à vivre et un jour, elle viendra nous chercher. Notre bonheur est donc important pour elle et ceci inclut d’utiliser la sorcellerie pour transformer et améliorer notre sort. Il existe toutefois un code, des règlements à respecter, car elle est exigeante sur notre franchise envers elle. Son efficacité est très grande et, à elle-même, couvre tous les domaines de la vie. Elle nous dit : «Je suis la Mort, je suis le début et la fin, vers quoi toutes créatures vivantes retournent. J’accepte tous les êtres vivants car vous êtes tous égaux devant la Mort inévitable.»

 


Santa Muerte dans la brujeria et le hoodoo
La majorité des brujos et brujas (praticiens et praticiennes de la brujeria) ont appris à pratiquer dans leur famille et de manière orale. Toutefois, de plus en plus d’ouverture se fait au sein de cette pratique permettant aux non-Mexicains de la pratiquer. En fait, la brujeria n’est pas très différente des autres magies folkloriques du monde sauf, bien évidemment, les entités auxquelles elle fait appel. Ainsi, Notre-Dame de Guadeloupe et son penchant sombre, la Santa Muerte, sont probablement les entités les plus invoquées dans cette pratique. Nous retrouvons aussi la Santa Muerte dans le hoodoo qui est né dans le sud des États-Unis, tout près du Mexique.

Que ce soit dans la brujeria ou le hoodoo, elle y est vue comme l’une des saintes les plus puissantes. Parce que la brujeria (contrairement au curanderismo) est considérée comme une pratique de magie noire chez bien des Mexicains non-praticiens, la Santa Muerte est aussi vue comme une figure qui est invoquée pour des malédictions noires à des fins de grande vengeance, de maladie et de  malhonnêteté. Il est vrai qu’au sein de la brujeria et du hoodoo, elle est une entité très exigeante mais son énergie est beaucoup plus complexe. Tout comme ses soeurs sombres, comme la déesse Hécate ou encore la déesse Kali, elle offre bénédiction et protection, en échange d’offrandes et de sacrifices (symboliques surtout). Toutefois, la différence principale entre la Santa Muerte et les autres déesses sombres, la chose à toujours se rappeler, c’est que son égrégore est nourri quotidiennement par des personnes de croyances catholiques. La notion de sacrifice est donc encore plus importante et doit être toujours considérée, contrairement aux divinités païennes qui sont, d’après mon expérience, moins exigeantes à propos de la nature du sacrifice ou de l’offrande. On dit souvent que, si elle nous a apporté une bénédiction, que le sacrifice doit être aussi important que la demande. Si on oublie de la remercier, non seulement elle sera très réticente à aider la fois d’après mais en plus, elle risque de vous le rappeler de manière assez évidente.

Superstitions folkloriques et catholiques ?
Probable, mais sachez que son culte et son égrégore sont nourris de ces croyances et qu’en magie, les croyances des personnes qui l’honorent ont toujours une grande influence sur les divinités/saints/ alliés. De plus, il ne faut pas oublier que son égrégore est aussi nourri des cultes païens indigènes qui, eux aussi, mettaient une grande importance à la notion de sacrifice.

Mis à part les croyances et superstitions qui entourent la Santa Muerte, que peut-elle nous apporter ? D’abord, comme les pratiques de la brujeria et du hoodoo ont pour but de régler des soucis très quotidiens (problèmes de santé, trouver un emploi, trouver l’âme soeur, nettoyer la demeure, etc.), il va de soi qu’on lui demande de nous apporter ce dont on a besoin pour survivre. Elle est donc vue comme une sainte qui protège contre les soucis du quotidien. Aussi, tout comme Notre-Dame de Guadeloupe, elle est connue pour prodiguer bonne fortune et pour faire des miracles. Elle est efficace et rapide. Son énergie est d’ailleurs si palpable, qu’il n’est pas rare de sentir sa présence intensivement lors d’un travail de conjuration.

Son côté «bonne fortune» est extrêmement présent mais, comme avec toute pratique magique, il faut décider D’ABORD du prix à payer et il faut éviter de tomber dans la paresse. La Santa Muerte déteste la paresse alors relevez vos manches et assurez-vous d’être prêts à travailler avant de lui faire une demande. Traditionnellement, les Mexicaines faisaient appel à elle pour s’assurer que leur mari ne les trompe pas. La Santa Muerte est reconnue pour protéger la famille et s’assurer qu’elle demeure intacte. Elle déteste l’adultère et le déshonneur. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est très populaire pour aider une personne à trouver l’amour et pour protéger les enfants (ce dernier attribut est très proche de Notre-Dame de Guadeloupe qui protège aussi les enfants).



Pour l’honorer
Ce que je conseillerais à une personne désirant approcher la Santa Muerte c’est d’abord de la connaître avant de faire appel elle dans un travail magique. Établissez un contact avec elle en créant un petit autel sur lequel sera posé soit une représentation d’un crâne humain, une image ou une statuette, une offrande de base comme un verre de téquila (elle adore !), des fleurs, du tabac ou des cigares. J’ai moi-même un petit autel bien simple consacré à elle dans ma pièce hoodoo et c’est ainsi que je l’approche lentement. Pour l’instant, je n’ai pas besoin de plus mais peut-être qu’un jour je franchirai une autre étape, qui sait ?

Le bol d’eau
Une pratique très simple qu’on m’a conseillée et que j’applique est la suivante : sur son autel, je place un petit bol rempli d’eau. Une croyance répandue dit que la Santa Muerte purifie les énergies négatives de ses praticiens et qu’en plaçant un bol d’eau, elle fait le nettoyage. Si des bulles d’oxygène apparaissent dans le bol d’eau, c’est qu’elle fait le travail et qu’il y avait du nettoyage à faire. Il y a d’ailleurs toujours des bulles dans le mien. Je vous souhaite une excellente découverte et que la Santa Muerte vous protège !

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Las Brujas-Hadas : http://brujas-hadas.blogspot.ca

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