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mardi 20 septembre 2016

L’émotion au féminin


 

Pourquoi, les femmes sont-elles le "sexe fort" en matière de sensibilité et d’expression des émotions ?
Sans remettre en cause la théorie freudienne, c’est justement au cœur de la vie émotionnelle que les psychologues comportementalistes traquent aujourd’hui la féminité. Selon eux, la différence sexuelle passe d’abord par un rapport spécifique aux émotions. Une différence qui apparaît très tôt.
Plusieurs études américaines le confirment : les nouveau-nés de sexe féminin sont déjà très réceptifs aux états d’âme de leur entourage, ils fondent en larmes quand un autre bébé pleure. Côté garçons, pas de réaction. Les filles se révèlent donc de grandes émotives et d’intenses gazouilleuses. Des spécificités aussi précoces sont forcément innées, est-on tenté de penser.

Non, affirment la plupart des chercheurs. Les psychologues de renom Cunningham et Shapiro estiment que le talent émotionnel des filles est le fruit de leur effort pour surmonter un handicap. Physiquement, elles ne sont pas aussi expressives que les garçons : elles crient moins fort et s’agitent moins. Aussi, pour communiquer leur ressenti, sont-elles obligées, dès les premiers jours, de forcer le trait, d’en rajouter. Un handicap qu’elles compenseront lorsqu’elles sauront parler, en verbalisant leurs émotions. Cet effort initial expliquerait que les filles, une fois adultes, révèlent plus facilement leurs sentiments et identifient ceux des autres. D’où aussi la célèbre intuition féminine.

L’agressivité


"La seule émotion pour laquelle les filles sont moins douées de façon innée, c’est l’agressivité, parce que cette dernière est favorisée par les hormones mâles, précise Yolande Dupré, psychothérapeute. La preuve nous en est fournie par les cas de malformation congénitale de la glande surrénale – qui secrète une bonne part des hormones mâles – appelée hyperplasie surrénalienne. Les fillettes qui en sont atteintes sont plus “androgynéisées” que les autres. Plus agressives, elles jouent à des jeux physiques et avec des jouets réservés ordinairement aux garçons dont elles préfèrent la compagnie. Mais, une fois soignées, leur agressivité décroît et elles se tournent vers les poupées et les dînettes."
Si les gènes ne comptent guère dans l’adoption de conduites masculines ou féminines, les parents, en revanche, jouent un rôle déterminant. Imaginons qu’ils souhaitent un garçon mais donnent naissance à une fille. Son accès à la féminité peut être compromis : captant inconsciemment le désir parental, elle sera tentée de se masculiniser pour être mieux acceptée.
De plus, les parents ont une idée précise de la façon dont une fille – ou un garçon – doit réagir, penser, jouer. Même quand ils sont persuadés d’être totalement objectifs. Des chercheurs d’une université américaine se sont livrés à l’expérience suivante : on montre à un groupe de parents la photo d’un bébé en larmes et on leur demande pourquoi il pleure. Si on leur dit que cet enfant est un garçon, les parents affirment qu’il est en colère, une émotion plus "virile" que la peur ou la tristesse. Si on leur fait croire que c’est une fille, ils attribuent ces sanglots au chagrin : "Une fille, c’est sentimental !" "Les réactions des adultes aux émotions du bébé ont des conséquences importantes sur la manière dont les enfants ressentent plus tard leurs propres émotions", explique le psychiatre Alain Braconnier

(A LIRE : Le Sexe des émotions, Odile Jacob).


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