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samedi 9 juillet 2016

Ce que l’autre a révélé en moi


Le lien amoureux dévoile parfois des aspects insoupçonnés de notre personnalité. La révélation de soi par l’amour est un cadeau de la vie, et le résultat d’une alchimie subtile et complexe. Témoignages.



À l’image du révélateur photo, l’autre est le médiateur indispensable entre moi et moi-même. Son regard éclaire mes zones d’ombre, dévoilant ainsi des facettes que j’ignorais. Ce qui est vrai de toute relation acquiert encore plus d’acuité dans l’amour. La relation amoureuse est le lieu même de l’intime, au point de permettre à chacun de dévoiler « les parties les plus fragiles, les plus archaïques de sa personnalité », explique Monique Dupré la Tour, psychologue et thérapeute de couple (Crises du couple, Érès, 2005), et d’accepter ainsi le risque de se découvrir. « Le couple est un moyen de libérer ses affects, l’inconnu en nous-même, l’inaccessible, ajoute le psychanalyste Alberto Eiguer (Jamais moi sans toi, Dunod, 2008). Et de révéler son moi authentique. » Les conjoints peuvent s’enrichir et s’ouvrir à la création psychique s’ils sont dans l’échange et non dans l’emprise, dans la différenciation et non dans la fusion, sans attente précise. « Le fait de se révéler n’est ni de la pression ni de l’imitation, mais un subtil mécanisme d’identification », estime Alberto Eiguer.

L’autre, pour être un bon « révélateur », doit être doté d’une écoute et d’un regard accueillants, ainsi que d’une bonne connaissance de lui-même. Il doit également être prêt à accepter l’échange, car en révélant l’autre, il n’est pas rare que l’on éveille chez soi quelque chose d’inconnu. De son côté, le « révélé » doit être disposé, inconsciemment, à être bouleversé, « à se laisser imprégner », souligne le gestalt-thérapeute Gonzague Masquelier. « Il est disponible à l’autre, car il le reconnaît comme différent et se sent prêt à s’interroger sur sa propre histoire et ses valeurs », précise Monique Dupré la Tour.
Cette mise en lumière se produit généralement en douceur. Et surprend en premier le révélé. Pourtant, ce processus, synonyme de richesse, peut également entraîner de la souffrance. « Ce n’est pas forcément agréable d’être révélé à soi-même », résume Monique Dupré la Tour. Dans tous les cas, l’amour est à l’origine d’une longue maturation, d’un « jaillissement de soi ». De ceux qui conduisent à la complétude.
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