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dimanche 6 mars 2016

Révéler la Femme la Sacrée



Se réunir pour se découvrir. Se réunir pour rencontrer différents aspects de sa féminité à travers l’histoire d’autres femmes. Vivre et intégrer la dimension thérapeutique des groupes de parole pour les femmes : c’est l’aventure qu’ont vécu et vivent encore de nombreuses femmes régulièrement.



Les groupes de femmes dans l’inconscient collectif

De tout temps, les femmes ont éprouvé le besoin de se réunir. Que cela soit dans les rituels païens, religieux ou bien dans les activités quotidiennes.

Les femmes amérindiennes se réunissent cycliquement dans la Moon-Lodge (tente de la lune) afin de chanter et prier ensemble. Les hommes sont totalement exclus de ce rituel.

Dans d’autres contrées et à d’autres époques les femmes se réunissaient autour du feu, de la nourriture ou au lavoir. Durant l’exécution de leurs taches elles parlaient et chantaient.

Comment et pourquoi les femmes d’un groupe de parole se rapprochent-elle de la femme la sacrée ?

Et si la femme sacrée était cette « opération essentiellement psychique, réalisation d’une aptitude intérieure à recevoir l’archétype du Soi et à le faire apparaître. » dont parle C.G. Jung ?

Le cercle et le sacré

Le simple fait d’être assise en cercle nous fait inconsciemment revivre la fonction du cercle et implicitement appelle à se connecter au centre.
Très succinctement disons que pour Jung le cercle c’est le Soi.
Le Soi étant l’âme et la conscience.

Le cercle est la voie unifiante car il mène vers le centre, l’unité.
En se réunissant régulièrement en cercle, les femmes qui constituent un cercle de parole incarnent, et vivent inconsciemment, cette quête du Soi, cette quête unifiante. En effet en étant en cercle le regard se porte inévitablement vers le centre.

Comme si ce positionnement en cercle était un aide mémoire pour l’inconscient afin qu’il n’oublie pas que la direction à prendre est le retour en son centre.

La femme sacrée au centre du cercle

Là où se trouve le Soi, se trouve le sacré.

Et là où se trouve le centre, se trouve l’unité et donc la dimension unifiée de la femme.

Cette femme qui aura rencontré et réuni toutes les dimensions de la féminité, tous les archétypes du féminin.

Dans le cercle, dans le groupe de parole, la femme rencontre ses différentes dimensions.

Au centre elle s’unifie et rencontre sa dimension sacrée : la réunion de toutes ses dimensions, de toutes ses parties d’elle-même, de tous ses archétypes.

Ainsi au cours des différentes réunions de groupe de parole, la participante aura contacté l’épouse, la fillette, la mère la guerrière, la rebelle, la masculine, l’intellectuelle, la sensuelle, l’intuitive, l’amazone, la créative, l’héroïne…

Et bien d’autres facettes en fonction de sa propre histoire.
Elle aura aussi contacté différentes émotions comme la colère, la frustration, la jalousie, la tristesse, l’amour….


Les bases du bon fonctionnement d’un groupe de Paroles pour les Femmes

Trois règles de bases immuables pour les participantes comme pour l’animatrice :

1. Unité de temps : les séances commencent et finissent toujours à la même heure. L’assiduité est importante et contribue au bon fonctionnement du groupe. Cependant lorsqu’une participante souhaite quitter le groupe, elle devra l’annoncer une à deux séances avant son départ afin que les autres participantes puissent vivre de façon constructive ce changement.

2. Unité de lieu : les rencontres se feront toujours le même jour de la semaine et au même endroit.

3. Unité d’action : les participantes sont libres dans leur expression. Elles peuvent aussi bien raconter un événement important qui s’est produit dans leur existence, qu’exprimer ce qu’elles ressentent dans l’ici et maintenant.

Bienveillance et écoute compréhensive sont de mises.

Le groupe : miroir et révélateur

La femme sera aussi entrée en résonnance avec la parole des participantes lui permettant de contacter en elle des dimensions insoupçonnées.

Car la fonction de « miroir » est une grande chance pour les participantes d’un groupe de parole et de thérapie.

En effet il est difficile de découvrir seule ce que nous voulons ignorer de nous même. Il est donc possible (quand nous sommes prêtes) de voir chez l’autre nos dimensions cachées et refoulées ; notamment notre « ombre » (pour reprendre une expression « jungienne »).

Notre « ombre » ne peut être alors visible qu’en reflet chez l’autre. Cela se présente par des propos que nous n’approuvons pas chez l’autre ou bien un comportement qui nous heurte.

Deux possibilités s’offrent alors à nous : soit nous restons dans une vision duelle de la réalité et nous laissons à l’autre cette dimension dérangeante : « Je suis choquée et je désapprouve son comportement », « Comment peut-on être si prétentieux ». Soit nous nous interrogeons : « Pourquoi cette personne me gène-t-elle autant ? Que me renvoie-t-elle de moi-même ? ». C’est alors une formidable opportunité d’évolution qui s’offre à nous : accueillir notre part « d’ombre » afin de sortir de cette dualité des paires d’opposées (gentille-méchante ; grande-petite ; douce-violente, extravertie-introvertie, etc.) et atteindre l’unité.

Les participantes du groupe de parole pourront aussi mieux se définir au contact des autres femmes. Car c’est aussi dans la différence que nous pouvons nous découvrir et mieux nous connaître. C’est au contact de l’autre que nous nous rapprochons de qui nous sommes. C’est dans la comparaison que nous pouvons nous définir et trouver celle que nous sommes. Les autres femmes ne sont alors plus des miroirs de nous même mais des « supports » nous révélant la femme que nous sommes. C’est cette différenciation que traverse la jeune fille à un certain moment de son adolescence : après une identification à cette femme qui est sa mère, la jeune fille passe au stade du « je ne suis pas comme toi, moi ! ». L’adolescente se cherche et se trouve dans la différence.

Le groupe est donc tour à tour « miroir » et révélateur. Les femmes découvrent qui elles sont, laissant ainsi émerger les prises de conscience qui leur permettront de créer une vie correspondant à leur désir.

Désir

Désir, désir... voilà le mot le plus convoité et contre-versé dans un groupe de femmes. Ce mot est tout d’abord évité, voir oublié. Puis lorsque les femmes se connaissent mieux entre elles et que la confiance s’installe, alors le mot émerge.

« Quels sont mes désirs de femmes ? Quels sont mes désirs sensuels ? Quels sont mes désirs de vie ? Est-ce que je m’autorise à désirer et est-ce que j’assouvie mes désirs ? »

La question du désir fait toujours réagir les femmes au sein du groupe. Les langues se délient et la parole se libère. Comme une autorisation qu’enfin elles se donnent. Elles prennent alors conscience des nombreux freins qui les empêchent d’être heureuses et épanouies.

C’est souvent par la notion d’autorisation des désirs que les femmes atteignent un degré d’épanouissement dans leur vie. Elles vont enfin s’accorder la vie dont elles ont besoin et envie.



La rencontre du masculin

La participante d’un groupe de femme aura aussi la surprise de rencontrer son animus, la dimension masculine en elle.

Qu’est ce que l’Animus ?
Selon Jung l’âme est constituée deux dimensions : une masculine/Animus, l’autre féminine/Anima.

En plus du principe masculin inné en toute femme, l’Animus se constitue sous l’influence de la dimension collective sociale et éducative, ainsi que de la rencontre avec les hommes (père, frère, professeur…).

Lorsque la femme contactera les différentes dimensions de l’animus en elle, elle abordera de manière différente les hommes de son quotidien. Ils lui paraitront moins étrangers, ils seront perçus avec leur dimension féminine interne, leur sensibilité. La femme aura compris que l’homme a, en lui, un « Anima » dont il est proche ou non.

S’il en est proche, il sera plus en accord avec ses émotions, acceptera de les exprimer, il se sentira plus proche psychiquement des femmes, les comprendra mieux. Il aura développé une sensibilité lui permettant de trouver un équilibre juste dans l’expression de sa sensibilité. Il se rapprochera alors peut-être de ce que nous pourrions nommer « l’homme sacré ».

La femme ayant intégré cela sera en paix avec la dimension masculine externe (comme interne).

La femme ayant atteint ce niveau de compréhension d’elle-même, ayant intégré les différentes dimensions de l’Anima et de l’Animus, pourra l’incarner dans son quotidien. Elle se rapprochera de la femme sage qui a fait la paix avec toutes les dimensions d’elle-même.

Et cette femme en paix ne serait-elle pas cette femme sacrée que nous cherchons toutes ?

Et si la femme sacrée n’était pas si inaccessible que cela.
Je pense en effet qu’une femme en paix est une femme proche du sacré. Car cela implique une connaissance de soi, une expérimentation de différentes dimensions de soi et une intégration dans le corps de nombreuses prises de conscience.

La femme sacrée est une femme en paix, s’étant rapprochée de son centre, du SOI.


Géraldyne Prévot-Gigant est Psychothérapeute et Conseil en Développement Personnel. Elle anime depuis 7 ans un Groupe de Parole pour les Femmes à Paris,
un mardi soir tous les 15 jours.

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