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vendredi 4 septembre 2015

La femme ou l’incarnation du Mal



Pour Baudelaire la femme est l’autre. L’autre absolument vers lequel tendent et sont portés tous les hommes, sans pour autant que cet autre, insaisissable par nature, leur appartienne jamais. Dès lors, la femme devient, pour le poète, l’objet d’un culte impossible, d’une religiosité qui se meut en damnation et qui entraîne l’homme dans la chute.

La chute par le corps d’abord, puisque Baudelaire décrit la femme comme un être simplement charnel, comme une machine vivante et corruptrice, comme un être naturel, ou un vampire docte en voluptés et qui, de ce fait, est docte dans l’art « de perdre au fond d’un lit l’antique conscience ».

Ainsi, c’est la femme naturelle qui livre l’homme au péché, étant l’instrument du diable ; cette image trouvera une incarnation particulière dans la vie du poète, sous les traits de la juive Sarah, dite « la Louchette », mais surtout de la seule femme à laquelle le poète restera attaché jusqu’à la fin de sa vie, ne pouvant jamais se résoudre à la quitter, Jeanne Duval. Les conséquences de cette déchéance par la chair entraînent non seulement, comme nous l’avons dit, la mort de l’antique pureté, mais encore, et surtout, une chute spirituelle.

Elle réduit l’homme d’esprit, le dandy qui veut se dégager de la matière, s’élever par le travail et l’exercice de son intelligence, à une régression qui le conduit à ployer sous le poids insupportable de sa propre matière. A- La femme et la chute Dans ses Journaux intimes Baudelaire écrira : « La femme ne sait pas séparer l’âme du corps. Elle est simpliste, comme les animaux. Un satirique dirait que c’est parce qu’elle n’a que le corps » montrant par là combien la femme est pour lui réductible à un être strictement charnel, à un être vide et sans âme.

La femme est alors et ce de manière nécessaire vue comme un être naturel : « La femme à faim et elle veut manger, soif et elle veut boire. Elle est en rut et veut être foutue. Le beau mérite ! ». Elle est assujettie à ses désirs et, non contente de ne pouvoir les réguler, elle n’en a même aucune conscience, elle se voit attribuer une âme sensitive qui la réduit à l’état de bête, de brute, et de « vil animal ». Aussi, dans « l’Examen de Minuit » Baudelaire se rappelle :

Nous avons blasphémé Jésus
Des Dieux les plus incontestables !
[…] Baisé la stupide Matière
Avec grande dévotion

En d’autres termes, Baudelaire affirme avoir « baisé » avec le diable, celui-là ayant pris possession de la matière vacante, du corps féminin privé d’âme, la transformant en une sorte de vampire qui tire l’homme vers la chute par la concupiscence, ce que rappellera encore le poète dans ses Journaux intimes en écrivant que « L’éternelle Vénus (caprice, hystérie, fantaisie) est une des formes séduisantes du diable ». La femme est pour Baudelaire l’incarnation du démon. Mieux, elle est l’instrument du diable chargé d’amener l’homme à sa propre déchéance sous l’effet d’une concupiscence débridée et grâce à une aptitude naturelle à faire le mal, étant donc par là même une inconscience à le faire, le mal n’étant que le prolongement de sa nature.

Nous pouvons voir combien Baudelaire fut hanté par la sensation d’étouffement que représente la femme, sensation mortelle incarnée par ses bras comme dans « La métamorphose du vampire »


Extrait de Charles Baudelaire 

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