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lundi 12 janvier 2015

LA MÈRE, CETTE MATIÈRE PREMIÈRE



Il suffirait d'offrir une rose à une mère. Elle se comprendrait dans sa gestation. Car, comment cette fleur s'y prend-elle pour émaner ses parfums, pour rayonner ses couleurs, pour former cette émouvante corolle de pétales, sinusoïdale! Puise-t-elle ces éléments dans la terre, noire, épaisse, lourde! Et, si elle ne les puisait que dans la terre, comment se fait-il que celle-ci ne se creuse pas du même volume de saison en saison? Pourquoi de plus, cette terre ne peut-elle porter ses roses que lorsqu'elle-même est vibrée par les rayons solaires?... Des réalités!

Il est vrai qu'elle est bien visible cette vibration tellurique et fécondante au moment chaud de la belle saison... Un homme peut le dire, près d'une femme il ressent semblable vibration qui paraît jaillir de ses seins, du giron merveilleux. Il s'en trouve stimulé, ou délicieusement apaisé. Cette atmosphère féminine l'attire. Il la recherche. Elle l'enveloppe. Le forme. Le fait homme. Le charme. Dans cette quotidienne expérience, l'homme apprend que cette vibration féminine varie elle-même dans son intensité selon la morphologie érotique de la femme, sa structure sexuelle, le cycle de son ovulation, la compréhension qu'elle a de sa propre sexualité, et la vie qu'elle mène. Elle lui apparaît bien appartenir à la cellule sexuelle féminine, l'attractive, la formatrice de vie.

Le petit spermatozoïde a déjà vérifié cet état vibratoire du féminin. Il en a été absorbé, ceinturé par l'ovule. La femme enceinte accélère ce processus biologique, du fait de son état. Elle s'ouvre par ses mille milliards de cellules, pour attirer les éléments formateurs de son enfant et les ceinturer en son sein. Elle en devient matière première. La mater!

C'est sur cette réalité concrète de la «matière dont toute chose est nécessairement faite» que nous ouvrons nos ateliers. Non pas la matière minérale, ou végétale, ou animale, ou intellectuelle. Mais la matière première substratum de la matière telle qu'elle nous apparaît. Car il faut bien un appui, une matière pour «former» quelque chose. Celle qui constitue l'enfant ne serait-elle qu'enzymatique et protéinique! N'est-elle pas d'abord la matière première vivante!

Ce mot matière n'étant évidemment pas compris dans l'acception commune de substance dense qui tombe sous les sens, mais dans sa signification étymologique de «matériau de construction»: matière première, base de toutes les forces, les puissances, les vertus, les pouvoirs, les organisations dont sera fait ton enfant. Les particules que nous en connaissons sous leur aspect biochimique, à travers les quatre éléments, ne sont que des manifestations grossières de cette matière première, nécessairement subtile puisqu'elle n'est pas encore en forme et va donner forme au vivant. Matière non matérielle, spirituelle, vibratoire donc. La vibration désignant le mouvement d'oscillation des particules de cette matière.

Les pétales, la couleur, le parfum de la rose, sa vie sur sa tige constitue sa matière première. On peut dire que la femme dans son désir de s'habiller, de se maquiller, de se parfumer en fleur, ne veut qu'exalter cette matière nécessaire qui émane d'elle, et dont la vibration est spécifique, puisqu'elle ne s'accorde pas à n'importe quelle couleur ou n'importe quel parfum, et s'épuise dans la fatigue... Mais il n'est pas que cette matière féminine, sexuelle, ce sex-appeal. Il y a tous les aspects de la mère maternelle en gestation qui représentent tous les états vibratoires de cette matière première vivante: cosmique, éthérique, aquatique, organique, imaginant; où l'amour comme le sang sont des matières premières. C'est dans cette réalité concrète, rassurante, non culpabilisante, aussitôt comprise par les mères puisqu'elles la portent, que la «galvanoplastie spirituelle» se développe comme science exacte de la matière vivante, où l'esprit «descend» pour vivifier la matière de l'hypogastre maternel où se forme l'enfant. Dire: la mère est matière première ce n'est donc pas vouloir l'emprisonner dans une morale arbitraire, non plus l'imposer d'une fantaisie patriarcale supplémentaire, tout au contraire, c'est la délivrer dans ses splendeurs, la restituer à part entière, comme écrit dans le Sceau de Salomon: le féminin, la matière réceptive attirant le masculin, le feu!

C'est une femme enceinte, oui, mais c'est une immatérielle matière comme à l'aube on la sent, à l'approche du matin. C'est quelque chose de fabuleux, de généreux, de fantastique, qui devrait effacer les peurs du monde. C'est  davantage que d'aller dans la lune! C'est une femme magnifiée qui vient de consacrer son ovule. C'est la terre qui se  lève avec ses eaux et ses rivières pour s'offrir, vibrante, au mouvement de la vie.

Ce mouvement de vie s'inscrit dans cette matière maternelle dans une logique analogique si rigoureuse que le grain planté, le petit spermatozoïde, a l'exacte forme en mouvement de la gigantesque comète qui traverse le ciel, avec sa tête énorme et sa longue queue d'étoiles, et est constitué des mêmes éléments.* Le même air de famille! L'humain, le virus, le dinosaure et le petit lapin le cul dans la bruyère: les mêmes éléments! La même matière première! Ce langage chimique qui par l'ADN va coder les molécules du corps de l'enfant, cette protéine, est une formation de  l'espace.

Nous ne vivons pas dans un système clos, une clinique, mais dans un océan de vie cosmique dont la mère en gestation est l'authentique reflet vibratoire.

* (Tout le système solaire se déplace selon cette onde sinusoïdale, vers le point Apex.)


extrait de LE POUVOIR FORMATEUR DE LA FEMME

Par Pierre C. Renard 1996

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