Pouvez-vous pour commencer nous dire
quelques mots sur vous ?
Kamiko : Oui, bien entendu. Je suis
un homme de 37 ans, de confession druidique polythéiste, philosophe à ses
heures perdues et éducateur (pour le moment) puisqu’il faut se définir par sa
fonction sociale.
J’aime tout et rien à la fois, dans le sens où tout
m’attire mais je n’ai pas le temps pour tout faire. Ouvert à la discussion,
fervent défenseur du débat houleux qui permet de trouver les limites de chacun
et donc, de les repousser, je place l’intelligence et l’émotion au-delà de
toute autre qualité. J’ai même la conviction que toutes les autres qualités,
ainsi que les défauts, découlent de la graduation que l’on fait de ces qualités
primaires…
Docteur Arborescent : Je suis
un homme de 48 ans, je vis en couple et je suis père de deux enfants. Je suis
professeur d’Histoire-Géographie dans un lycée Lyonnais. Je suis Païen depuis
mon adolescence, mais je «navigue» dans le milieu Païen depuis un an environ ;
je suis à l’origine du réseau de rencontres Fleur de Lyon, et co-fondateur des
«Cafés Païens Lyonnais». Ma tradition est Gréco-Romaine, et je suis plutôt
reconstructionniste, mais je suis attaché au dialogue entre les traditions.
Xael : Écrivain et artisan, je suis
aussi professeur particulier. Très bavard mais n’aimant pas les étiquettes,
j’ai du mal à résumer sans faire tout un roman. Je m’intéresse à l’ésotérisme
et la spiritualité de façon active depuis plus de dix ans. Sur la Toile depuis
plus de cinq ans (mais pas toujours très régulier), j’ai longtemps pratiqué en
solo. Depuis peu, je fais partie d’un cercle monté avec des amies. Chamanisme,
Runes, fées, méditation, yoga, reiki et j’en passe, je vais là où mon coeur
vibre. Tout en écoutant mes rêves, je m’exerce à garder au maximum un esprit
critique et tolérant. Avoir un pied dans chaque monde, voilà ma devise.
le masculin sacré ?
Kamiko : Je dirais que ça ne veut
rien dire en soi. On ne peut le définir que parce que le «féminin sacré»
existe(rait). Par conséquent, si l’un EST, l’autre EST nécessairement aussi.
Mais je crois qu’en donner une définition claire reviendrait à en galvauder le
sens. Cependant, et afin de rester dans une ligne directrice
de réponse et d’honnêteté, je donnerai ma vision des choses qui revient peu ou
prou à celle-ci : le masculin sacré représente la totalité des outils qui
permet aux hommes de retrouver un sens spirituel à leur vie.
Docteur Arborescent : Je définis le Masculin
Sacré, quant à moi, comme la sacralité spécialement liée au genre masculin, à
savoir au symbolisme du phallus, par exemple, ainsi qu’à celui de la paternité
; mais ce n’est pas exclusif. Dans ma tradition, le Masculin Sacré s’est
exprimé particulièrement à travers certaines figures divines comme Zeus, Arès,
Mithra ou Dionysos, par exemple...
Xael : L’une des
deux polarisations principales de l’énergie divine de vie, de la force
universelle. Selon moi, elle s’exprime en tout. Dans sa version sacrée, je la
vois équilibrée. Sur le plan matériel, je dirais que l’équilibre est... en
potentiel !
Qu’est-ce qui vous a mené vers l’étude du
masculin sacré ? Y a-t-il des personnes, des lectures ou des évènements qui
vous ont marqués ?
Kamiko : Plusieurs choses m’ont mené au masculin sacré : la vie déjà, le
fait d’avoir été élevé majoritairement par des femmes m’a automatiquement fait
me poser des questions sur ma propre masculinité. Certains livres aussi, comme
«L’homme sauvage et l’enfant» de R. Bly et puis l’étude de l’histoire et des
conflits sexuels (IVG, féminisme, chasse aux sorcières, spiritualités antiques,
survivances des mystères) et des croyances diverses dans lesquelles
apparaissent des concepts sexués.
En revanche, les
lectures comme «Mars et Vénus» sont à mon sens l’antithèse même de la
reconnexion à soi et à l’autre...
Docteur Arborescent : Je ne peux pas dire que le Masculin
sacré soit ma spécialité : je ne l’étudie pas particulièrement par rapport à
d’autres notions. Mais ma quête spirituelle a été particulièrement influencée
par la lecture du livre «Shiva et Dionysos» d’Alain Daniélou.
Xael : La même chose qui m’a mené vers l’ésotérisme et
la spiritualité : la perception qu’une autre vérité se cachait derrière tout ce
qu’on pouvait nous montrer ou nous enseigner. La différence est une véritable
richesse qui nous pousse, lorsque nous l’assumons, à sortir des sentiers
battus. Je ne me reconnaissais pas dans l’image qu’on me renvoyait des hommes,
des garçons en général. Je ne me retrouvais pas dans bon nombre de stéréotypes
et pourtant je me sentais bien avec moi-même.
J’ai commencé à m’intéresser à la psychologie très tôt et, tout en
essayant de mieux me comprendre, j’ai passé beaucoup de temps à essayer de
comprendre les autres, à voir ce qui se cachait derrière les apparences en les
voyant évoluer. J’ai assez vite réalisé que les gens n’étaient pas des
étiquettes même s’ils acceptaient de les porter. Après le concept purement psychologique, j’ai voulu creuser plus
loin et je me suis penché sur la dimension spirituelle du masculin. J’ai
travaillé avec les livres de Paule Salomon, je me suis tourné vers la pratique
et la philosophie du tantra. Avec les premiers, j’ai trouvé des réflexions sur
lesquelles rebondir, avec les secondes, j’ai trouvé une voie d’harmonie pour
épanouir tant les énergies féminines que masculines que je sentais en moi. Par
la suite, les choses se sont enchaînées et m’ont conduit à explorer le féminin
et le masculin sacré au travers de différentes pratiques ésotériques.
Comment se manifeste pour vous le masculin sacré ?
Kamiko : Il ne se manifeste que de façon intérieure. On
ne le «voit» pas. Non pas parce qu’il est invisible mais, à mon sens, parce que
sa manifestation s’étend à la fois de façon topographique et spirituelle sur
une durée et une distance telle qu’en tant qu’humain, on ne peut pas
appréhender réellement ce qu’est cette «force» inhérente à l’univers. Au même
titre que le féminin sacré, s’entend. Au même titre que d’autres forces.
Pourtant, je crois foncièrement que le masculin sacré, avant que de n’être une
force, n’est qu’une idée. Une idée qui s’est nourrie de nos questions. Un
égrégore, en somme.
Docteur Arborescent : Le Masculin Sacré se manifeste d’abord
pour moi comme la sacralité de ma propre sexualité, et ensuite dans mon rôle de
père ; secondairement dans le rôle que peut jouer pour moi le Dieu dont je suis
le suivant (Hermès Dionysophore) dans la mesure où Il joue un rôle particulier
dans la manière qu’on peut avoir de penser l’identité masculine en termes
théologique.
Xael : A travers chaque chose : les relations, les
activités, les pensées, les émotions.
Chez une personne, je dirais que l’énergie se retrouve sur
différents niveaux : au niveau corporel, au niveau psychique et au niveau de ce
que j’appelle l’âme (qui va au-delà de la personnalité, on pourrait l’appeler
essence intime pour les personnes qui n’aiment pas le concept d’âme).
A un niveau plus pratique, c’est une énergie que je ressens comme
droite (sans mauvais jeu de mot), reliant le haut au bas, guidant, concentrant,
concrétisant et rayonnant. Je retrouve le masculin sacré dans les qualités de
confiance, d’organisation, d’intégrité. Pour moi, le féminin sacré est une
énergie infinie, intuitive ; en parallèle, le masculin sacré précise et
conscientise. Je vois le masculin sacré comme un élan, une recherche de la
vertu, d’un idéal, une construction d’une harmonie (le féminin étant harmonieux
par essence).
Pouvez-vous détailler des pratiques liées au masculin
sacré ?
Kamiko : Tout ce qui a trait au mouvement et à
l’éphémère. On rencontre particulièrement l’énergie du masculin sacré dans le
sport, par exemple. Il s’agit d’une force fugace et intense, fatigante, mais
qui emplit d’un sentiment de puissance et de possible qui ne tarde pas à disparaître…
En ce qui concerne les activités plus spirituelles, je dirais que
(étrangement), le meilleur moyen d’avoir accès au masculin sacré, c’est par le
biais de la sexualité. Ainsi, on le ressent. Qu’on soit homme ou femme,
l’énergie est presque palpable à cet instant.
En revanche, je ne me hasarderais pas à détailler une quelconque
pratique spirituelle magique, dans la mesure où chacun ayant ses croyances, je
ne me crois pas plus habilité qu’un autre ou qu’une autre à détailler ce que je
pense être à même de dévoiler cette part de masculinité. Les choses qui
fonctionnent pour moi ne fonctionnant pas forcément pour les autres.
Docteur Arborescent : Je n’ai pas de «pratiques» particulières
liées au Masculin Sacré.
Xael
: Tout d’abord l’introspection et l’auto-analyse : faire face à ses
paradoxes, ses peurs, ses faiblesses. Cette démarche ne demande pas que de
l’énergie masculine mais elle me semble nécessaire.
J’ai donc beaucoup travaillé avec l’image du père dans un premier temps : celui
que j’avais eu, celui que j’aurais voulu avoir, celui que je voulais être et
les attentes/attitude que je pouvais avoir face à l’énergie masculine dans sa
dimension sacrée. J’ai aussi travaillé avec le concept de violence. Ça m’a
permis de distinguer les principes d’énergie, de force, d’intensité, de fermeté
de ceux de brutalité, maladresse, tyrannie.
A niveau plus subtil, j’ai beaucoup médité sur et avec
l’énergie de Merlin. Ça m’a poussé à explorer différentes facettes du masculin,
revenir sur le féminin, le masculin, les deux etc.
De façon plus spontanée et ponctuelle, j’ai aussi
travaillé avec les énergies d’Odin, Tyr, Thor, Frey, l’homme vert et des
entités que j’aurais du mal à associer à un panthéon quelconque. Cependant, le
plus souvent lorsque je médite sur le masculin dans sa dimension divine, je
m’axe sur un ressenti et j’évolue énergétiquement vers lui. C’est une pratique
que j’ai abordée de moi-même, ce qui fait que je peinerais à la décrire avec
des termes précis. J’ai aussi beaucoup travaillé avec le concept d’Epée de lumière (une image forte qui s’est imposée à moi par le rêve et
la méditation à plusieurs reprises). Selon mon ressenti, je trouve qu’elle
symbolise parfaitement l’énergie du masculin sacré. Je ne la vois pas comme une
arme mais comme une énergie qui rayonne avec intensité et détermination.
Nataša Ilinčič http://natasailincic.blogspot.it
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