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lundi 22 septembre 2014

Des filles aux Mères



Les Pères de l’Eglise s’accordent sur la supériorité de l’âme et des hommes sur les animaux.

Mais tous ne concèdent pas la participation de la femme au modèle divin. Il est difficile de voir la femme comme « théomorphe ». Dans le Talmud ce n’est que dans l’union harmonieuse de l’homme et de la femme que se réalise l’image de Dieu bien que la supériorité d’Adam soit incontestable pour les docteurs de l’Eglise. Philon d’Alexandrie, dans De Opificio Mundi, voit dans la femme absente du paradis originel la raison de l’éloignement de l’homme du divin. Paul, dans la première Epître aux Corinthiens, pèse de toute son autorité sur l’exégèse des Pères. Cor 11, 7-8 « « L’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l’image et la gloire de Dieu; mais la femme est la gloire de l’homme. […] Et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. […] Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni esclave ni homme libre; il n’y a plus l’homme et la femme; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ. » »

Gal., 3, 27-8. En Christ disparaissent les différences sexuelles. Quelques Mères de l’Eglise se disaient femmes par nature et non par la pensée, car pour ressembler au Christ il fallait « devenir mâle » et surpasser sa condition de femme. Même si certains tentent de défendre le féminin, comme Basile de Césarée, la faiblesse de la femme reste la faute originelle. Sa force d’âme égale celle de l’homme. La femme aurait été créée pour que l’homme ne reste pas seul, non pas dans une optique de reproduction mais dans une préscience de la chute. Eve reçut son nom de Mère de l’humanité lorsqu’elle fut chassée du paradis. En Orient, Eve n’a pas sa place au royaume des anges car elle a une dimension sexuelle. « En Occident, par une rhétorique habile, Augustin a restitué sa cohésion à l’ensemble des deux récits bibliques; au nom du mariage, il a rendu Eve au jardin d’Eden, mais à condition d’y être simplement l’auxiliaire de son mari. Auxiliaire sur le chemin du péché comme sur celui de la rédemption : le féminin, à travers Marie et l’Eglise, aux côtés du Christ nouvel Adam, prenait désormais sa part à l’instauration de l’ordre du salut. »

La femme créée par Dieu à partir de l’homme provoque sa perte et plus tard elle lui permet au contraire de racheter les péchés de l’humanité en étant enfantée par un ange sans jamais avoir connu l’homme, afin qu’elle offre la vie de son enfant. La femme est une création de Dieu à partir de l’homme. Elle rétablit l’équilibre en faisant chuter l’humanité et la rachète par le sacrifice de son fils.


 Extrait de l’Essai : Relecture des multiples facettes du féminin sacré et profane par Marilyn RENERIC-CHAUVIN École Doctorale Montaigne Humanités

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