La quête du Graal et le cycle Arthurien
:
Le Graal est un symbole féminin, il est porté
par une femme. L’épée de pouvoir, Excalibur, est le symbole de la puissance du
féminin sacré entre les mains du roi, elle est donné par la dame du lac, celui qui peut la brandir devient roi,
il ne règne que par le pouvoir du féminin sacré.
Lorsque la reine Guenièvre se retire, elle
emporte l’épée, le pouvoir d’action, et le royaume se meurt, lorsque le roi
Arthur se réveille enfin de sa torpeur, il va trouver Guenièvre qui lui rend
Excalibur, il peut repartir au combat. Lorsque le roi meurt sur le champ de bataille,
l’épée est rendue à la Dame du Lac, sa véritable détentrice. Le pouvoir de
l’homme, sa royauté même, provient du féminin sacré.
La reine Guenièvre est, ainsi que l’ensemble
des dames du Graal, une femme solaire, réminiscence médiévale de la femme celte
que le christianisme n’a pu faire disparaître. Les femmes du cycle sont des initiatrices
solaires des héros en quête d’absolu ; Viviane, Morgane , la porteuse du Graal,
sont la survivance des antiques prêtresses celtes, avec toute la magnificence
solaire que l’Eglise refusa aux femmes.
En définitive, la Quête du Graal est celle de
la Féminité sacrée :
Dans la geste Arthurienne, comme dans d’autres
épopées médiévales européennes, les chevaliers et les héros en quête sont le
plus souvent poussés à se mettre en route par une femme, guidés par des femmes
sur leur chemin, mis à l’épreuve par une femme (parfois sous l’antique forme du
Dragon) et le but à atteindre est parfois une princesse endormie, ou captive,
ou encore un symbole féminin comme la coupe du Graal.
Ces figures de femmes statiques incarnant
l’aspect féminin de la quête sacrée sont autant de rencontres du héros male
solaire avec sa féminité cachée (qui, étant occultée, en est devenue lunaire)Ce
sont des aspects variés, des reflets, de son Anima (selon Jung) oude
l’expression symbolique de sa Shakti intérieure (selon les tantras hindous)
Lorsque le héros délivre la jeune fille
captive, il libère sa féminité secrète, qui épouse enfin sa conscience ; il
retourne à l’unité de l’Etre, à la qualité androgyne originelle. Selon l’évangile de Thomas, Jésus dit que le
royaume de Dieu ne peut s’ouvrir qu’à ceux qui ont unit en eux-même le mâle et
la femelle… Le héros mâle solaire devient alors un homme
accompli : un homme lunaire (Pierre Solié : la femme essentielle ; Paule
Salomon : la femme solaire)
Symbolique du mariage alchimique entre
les opposés :
La fusion du masculin et du féminin,
dépouillement des vêtements suivi de la mort des partenaires, de l’élévation au
ciel puis renaissance sous la forme d’un être double, androgyne. Doté de l’or
alchimique, l’or spirituel. Sophia hellénistique : la sagesse est
femme.
Muses et inspiratrices des artistes et
des créateurs :
L’énergie
créatrice de l’homme lui vient d’un principe féminin, incarné ou non. Sans la
muse, l’homme est à cours d’inspiration. Son œuvre est en réalité celle du
féminin sacré ; qu’il soit éveillé en lui-même, ou qu’il soit le reflet de la
présence d’une femme solaire à ses cotés.
L’Amour courtois et les fidèles d’Amour :
Le retour du féminin sacré bafoué par l’Eglise
est manifeste dans tout le courant de l’amour courtois où la femme est
sublimée, solarisée, par le chevalier ou le troubadour. La sublimation de
l’amour qu’il porte à sa dame l’élève vers son Etre et éveille son ardeur au
combat. Ce mouvement de sacralisation de la Dame délivrait l’homme de sa
virilité primaire et l’élevait spirituellement en réveillant sa propre féminité
: «
C’est par la femme que l’on atteint Dieu » écrivait le trouvère Uc de Saint
Circ.
Dante appartenait au mouvement italien
des fidèles d’Amour :
Amoureux de Béatrice, qui mourut très jeune
sans lui avoiraccordé un regard, il en fit l’Initiatrice spirituelle et le guide
capable de le conduire jusqu’aux sphères paradisiaques : elle devint, sous sa
plume, l’incarnation du féminin sacré, celle qui pouvait le conduire jusqu’à
Dieu par l’amour qu’il lui portait. Pour les fidèles d’Amour, la femme est
l’initiée par excellence ; elle est celle qui connaît les portes des mondes
cachés, elle détient les clefs du sacré, de la sagesse, de l’Amour absolu ;
elle est l’énergie d’agir et de créer.
Esotérisme du féminin sacré en Orient :
L
e « Jasm in des Fidèles d’Amour » de Ruzbehan Baqli Shirazi, soufi persan du
douzième siècle ; L’enseignement de la théophanie : Dieu se révèle dans la
beauté de la femme aimée : garder la flamme et oublier le miroir révélateur de
l’Amour en soi. La femme est pure féminité sacrée à la fois témoin et miroir,
pour l’homme, de sa propre qualité spirituelle. La beauté que l’homme perçoit
sur le visage de la femme aimée est Présence divine dans la matière, c’est par
sa contemplation fascinée que l’amant de cœur prendra conscience du rayonnement
de Dieu dans le monde manifesté.
Shiva-Shakti
en Inde :
L’inde a su conserver le caractère sacré
de la féminité cosmique.
Les dieux ne peuvent agir sans leur énergie
personnifiée par la déesse.
Les enseignements spirituels des yogas et des
tantras proposent un éveil du féminin sacré sous la forme de la Kundalini
shakti, énergie de nature féminine, lovée à la base de la colonne vertébrale et
destinée à être éveillée, par les pratiques de yoga et de méditation, afin de
rencontrer la Conscience et de réaliser ainsi le mariage sacré de Shiva et de
Parvati, en soi même. Le symbole de ce mariage est le Shiva
Arnadeshwara réunissant en un seul corps le dieu et la déesse : le dieu
Androgyne, but de toute ascèse.
L’éveil de la Kundalini shakti, énergie du
féminin sacré, est la condition essentielle de l’éveil spirituel et de
l’illumination de la Conscience ; cette énergie est ignée, elle est flamme,
comme l’Esprit Saint chrétien (c’est là en effet
qu’Elle s’est cachée, dans le christianisme de Dieu le Père)
Cette énergie cosmique est donc solaire.
Extrait
de "LE FEMININ SACRE ET LA QUETE DE L’UNITE PERDUE" Par Jean Bernard
Cabanes
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