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mardi 10 juin 2014

Égalité homme-femme : de quoi parle-t-on ?


Sur le plan biologique, hommes et femmes sont différents. Sur le plan sportif, les hommes prennent le dessus. En éducation, c'est désormais l'inverse.

Introduire à l'école une réflexion sur l'égalité homme-femme mérite mieux qu'un débat idéologique. La "théorie du genre" remettant en cause tous les principes établissant les différences homme-femme a été salutaire, mais vingt-six ans après, il faudrait adopter une démarche plus scientifique et actualiser ce qu'il reste comme inégalités.

D'abord sur le plan biologique. Au niveau cellulaire, les cellules des femmes et les cellules des hommes, comme celles des mâles et des femelles chez les mammifères, sont différentes. Elles ne réagissent pas de la même façon au stress. Les cellules imprégnées d'hormones féminines ont une tendance plus générale à l'apoptose - le suicide cellulaire -, tandis que les cellules mâles sont plus sensibles au stress oxydatif responsable du vieillissement. Nous savons également aujourd'hui que la fertilité féminine augmente de façon significative la longévité. Certaines de ces spécificités cellulaires sont dues à l'imprégnation des hormones sexuelles, d'autres sont irréductibles. Résultat, les femmes, en Europe, ont une espérance de vie bien supérieure à celle des hommes. En France, elle est de 85 ans contre 78 ans. 

L'influence de la testostérone n'est d'ailleurs pas étrangère à une autre inégalité : le comportement plus criminogène des hommes, encore qu'il faille sans doute le nuancer. En France, 97 % des détenus sont des hommes, contre 80 % au début du XXe siècle, et des études montrent qu'à crime équivalent, les hommes sont plus souvent punis que les femmes. Faut-il y voir un lien avec la sur-représentativité des femmes chez les magistrats ?
Dans le sport également, la différence sexuelle est évidente. L'égalité physique n'existe pas pour une raison biologique : les hommes sont plus grands - en France chez les 30-50 ans, 1,78 m en moyenne contre 1,63 m pour les femmes - et ont plus de force, grâce aux hormones mâles, la première source de dopage. La séparation des sexes dans les compétitions empêche de mesurer précisément cette différence.
Des écoles de garçons
Dans le domaine de l'éducation, les données ont été complètement bouleversées au cours du XXe siècle. Ma mère a été empêchée de faire des études de médecine, aujourd'hui, mes deux filles sont médecins comme la majorité des blouses blanches. En France, 55 % des étudiants de l'enseignement supérieur sont des filles. Le phénomène est mondial. En Iran, on envisage d'instaurer des quotas pour ramener à 50 % le pourcentage de garçons ! Aux États-Unis, on parle de recréer des écoles de garçons pour améliorer leur accès aux études supérieures. En Chine, un lycée de Shanghai vient d'ouvrir quatre classes réservées aux élèves de sexe masculin.

Reste la représentativité sociale. Les femmes sont peu représentées, et donc socialement défavorisées, quelle que soit leur origine. Le moyen d'obtenir une égalité objective serait le tirage au sort, comme dans la démocratie athénienne, ce qui permettrait une proportion équitable des sexes, mais aussi des émigrés, des riches, des pauvres. Ce qui changerait - entre autres - la représentativité parlementaire. À défaut, cela justifie la mise en place de quotas.
En trente ans, les inégalités homme-femme ont beaucoup changé. Avec un constat positif : l'évolution de la société ne s'est - heureusement - pas faite au détriment des femmes !

Article Par LE PR DIDIER RAOULT sur LePoint.FR

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