Je suis Diane Bellego. Je suis l’enfant unique d’un couple ‘dysfonctionnel’, avec des parents qui
passaient leur vie à se déchirer…/… Je pressentais qu’il y avait de l’amour
entre eux – amour juste ‘impossible à partager’, je me mettais tour à tour à la
place de l’un et de l’autre, et me suis construite en me disant : « Mais
comment les deux peuvent-ils avoir tort et raison à la fois ? Et comment
réconcilier cela ? »
Le masculin divin et le
féminin sacré tendent à se dénaturer quand ils s’expriment dans la dualité :
c’est l’expérimentation… et tant qu’on n’a pas réconcilié l’un et
l’autre, alors on perpétue le monde de la séparation, le monde de la
dualité. Il est important de restaurer le féminin sacré. Au féminin sacré
j’associe la Déesse, la Nature, la Beauté, la Grâce, l’Amour. Et si l’on
cherche à la dominer sans la respecter… la nature se manifeste par exemple avec
des évènements comme Fukushima.
J’entends « masculin-féminin » comme deux principes universels et
complémentaires, et cela n’a rien à voir avec « virilité et féminité »
qui, pour moi, sont des dénaturations, des caricatures. Au quotidien, nous
opposons et nous séparons fréquemment toutes les tonalités du masculin et du
féminin : ciel et terre, sujet-objet, spiritualité-sexualité, onde et
particule, tangible et subtil, dedans-dehors, être et faire, etc… et
homme-femme.
Je précise donc que je ne parlerai pas du masculin des hommes et du féminin des
femmes, mais de l’un et l’autre… destinés à s’unir, en chaque être que
nous sommes : et plus je vais être complet(e), plus je vais générer une réalité
en moi et autour de moi qui portera cette union, cette complétude.
Revenons sur cette
opposition qui crée et définit autant notre monde intérieur qu’extérieur : par
exemple, c’est parce que l’on croit (les croyances !), individuellement et
collectivement, que dedans-dehors sont des énergies séparées, que l’on se
retrouve dans des situations où l’on est adorable en société mais infernal à la
maison, où on a Hitler qui adore ses chiens tout en commanditant des génocides,
etc… et puis on va aussi jeter ses papiers de bonbons hors de la voiture comme
on se débarrasse collectivement de nos déchets nucléaires chez le voisin ! Or
peu à peu, avec la ‘mondialisation’ (au sens d’une vision globale), je vois que
la pollution est partout et revient dans ma vie : ce que l’on fait à autrui, on
se le fait à soi. Et ce n’est pas un concept intellectuel !
Le changement de conscience
auquel on aspire tous : sortir de l’illusion qu’on est séparé (séparé de dieu,
de la guidance, de etc…) et cesser de croire qu’il nous manque quelque chose à
l’intérieur (un quelque chose ‘extérieur’ qu’on va essayer d’obtenir de
l’extérieur par tous les moyens, dont séduction, manipulation, force… ou tout
autre jeu de pouvoir). Comme on est par ailleurs dans une accélération de
l’évolution planétaire, il est temps en cette fin de cycle de s’unir en Soi.
C’est l’objectif de chacun d’entre nous.
…/…
Revenons sur la double polarisation : inspirer-expirer,
émettre-recevoir… cela existe à la même mesure jusqu’au fond de chaque cellule,
que l’on soit homme ou femme avec un sexe émetteur ou un sexe récepteur (un
homme étant polarisé masculin sur l’extérieur et féminin sur l’intérieur, et inversement
pour une femme) …/… De ce fait, monter aux arbres ne fait pas d’une
petite-fille un garçon manqué, mais fait d’elle une femme complète.
« On est fait des deux, à la même mesure » signifie en terme de
blessure, que le masculin est blessé à la même mesure que le féminin, et que
l’un est à restaurer tout autant que l’autre. NB : patriarcat ou matriarcat,
nul intérêt de se demander si une émasculation est pire ou moindre qu’une
excision, car là on est dans l’extrémisme, dans l’extrême dénaturation, et dans
l’aberration de l’un comme de l’autre.
Est-ce que certains d’entre
vous connaissent Mère Meera ?
C’est un Maître Indien qui vit en Allemagne. Elle est petite, fine voire frêle
et porte un sari – un sari qui rendrait féminin un caillou ! (sourire) – Extérieurement,
elle est pur féminin et quand on plonge dans ses yeux on comprend qu’elle a
fusionné force et compassion, avec ce masculin qui lui donne l’axe.
Si on s’est construit avec l’empathie cela veut dire, par exemple, qu’à la même
mesure on doit apprendre à ajuster (soit à installer la juste distance). Si on
est dans l’accueil, il doit s’accompagner de dignité pour l’équilibre (sinon
l’être est mis en pâture : le cliché extrême, avec une femme, sera par exemple
les photos dénudées où elle s’expose…).
J’avais envie, pour cette conférence à Lyon, de parler davantage du Masculin
Divin car au fil de ma pratique je me suis rendue compte que les femmes
récupéraient le Féminin Sacré : un détournement, une forme plus ou moins
subtile de féminisme, de revanche… voire de vengeance sur l’homme ! Or, mettre
du ‘féminin sacré’ à toutes les sauces… cela finit par ne plus rien avoir de
sacré. Aussi, le Féminin Sacré est un amour total : exclure l’autre aspect,
rejeter le masculin, c’est sortir de l’Amour (soit de l’amour inconditionnel). Je suis au cœur de cette mise en pratique, et c’est un apprentissage pour tout
le monde. Par exemple, j’ai proposé l’an passé – lors d’un Festival – une
conférence, et un atelier ouvert à tout le monde.
Mon compagnon était présent d’autant qu’il m’aidait aux préparatifs et à
l’organisation. Une dame, notamment, m’a témoigné que sa présence la dérangeait
trop : il est vrai qu’il me fallait la rassurer, toutefois ce qu’il faut
vraiment en comprendre, c’est que ce n’est pas son féminin qui s’exprime à ce
moment-là, mais son masculin en colère !
Voyons maintenant ce qui se
joue à l’intérieur :
Lorsque les femmes – attention, mesdames, je vous ‘secoue’ car ce n’est pas
simple d’être homme, encore moins homme sur un chemin de conscience ! Donc,
lorsque les femmes sont dans une revanche, un rejet : c’est d’une part qu’elles
confondent l’homme et le masculin, et d’autre part elles sont manipulées par
leur masculin.
Voici pour ma part, comment je me suis rendu compte de ces fonctionnements ? Je
me suis construite en installant un masculin fort, car dans mon histoire ‘il
fallait que j’assure’. Un masculin plutôt Chevalier, qui prenait soin
des autres, protecteur, prévenant, respectant l’intégrité des autres… mais
j’avais en moi, une sensibilité parfois exacerbée (devenant sensiblerie) que je
cachais en maints circonstances. « Comment est-ce possible d’avoir un
masculin si ‘chouette’ ? …mais en déséquilibre car je n’ose pas être plus en
contact avec ma sensibilité. » J’ai donc observé que mon masculin
protégeait le féminin des autres mais pas le mien, dont il se détournait… d’où,
la carapace. « Pourquoi ce masculin fait-il pour les autres ce qu’il ne fait
pas pour moi-même ? »
En introspection, j’ai ‘demandé’ à mon masculin de se retourner et de regarder
mon féminin… et il m’a ‘répondu’ en quelque sorte : « Non je ne peux pas !
C’est un abîme, je vais mourir ! ». Pourquoi ? Parce qu’entre notre
masculin et notre féminin, réside notre blessure la plus intime.
Lorsque le masculin est en face du féminin blessé – et il l’est à la même
mesure que notre masculin est blessé – il fait face à son impuissance et à
l’irréparable, et cela demande de changer de plan de conscience. Quand on constate l’état de notre planète : on peut également se dire qu’il n’y
a plus rien à faire (impuissance), on peut banaliser, mépriser, minorer… ou
alors on peut se détourner (comme moi, finalement, avec mon ‘chevalier qui
allait sauver les autres’).
En changeant de plan de conscience, le masculin rencontre cette blessure et
peut la reconnaitre : cela permet de faire grandir l’union (chemin initiatique
tantrique) puis de guérir nos mémoires et celles de la Terre.
Je voudrais vous raconter
une histoire pour illustrer : celle d’une femme qui assistait à ma
conférence et qui m’a beaucoup marquée : cette dame, femme active avait un ordi
et 3 téléphones. Elle était en talons très hauts, jupe très courte, décolleté
très… ongles, bouche, seins très… mais très chic. Elle jonglait avec ses
téléphones, gérant ses assistants… puis elle a pris le 3ème et a murmuré : «
Tu m’aimes ? Et est-ce que tu me trouves belle ?». Si je lui avais dit
qu’elle avait un problème avec son masculin, elle m’aurait rétorqué qu’elle
gagnait plus d’argent que moi ! et elle aurait eu raison (sourire). Certes son
masculin social était très fort, mais qu’en est-il de son féminin ? Il n’est
pas développé : c’est une caricature de ce qu’elle croit qu’on attend d’elle.
Autrement-dit, son masculin social regardait son féminin comme un mac considère
une pute. Et du fond de l’abîme de sa séparation cette femme dit : « …avec
tout ce que j’ai fait et refait, est-ce qu’enfin je suis digne d’être aimée ? »
Et là, on rigole moins : on a envie de la prendre dans ses bras, cette femme.
Reprenons le Tao, dans mon livre c’est expliqué : si on met le symbole du Tao à
l’horizontal, les ronds sont des axes qui relient ciel et terre. Pour cette
femme, au cœur de son féminin, il y a un petit rond non activé qui représente
son masculin, son axe, la conscience de son essence divine. C’est cette
conscience, activée, qui reconnait à la femme sa Beauté, son intuition, sa
créativité, sa qualité d’accueil…
Il est donc important, quoi que l’âme ait touché, quel que soit la souillure,
la blessure, la profondeur de l’ombre – il est important de reconnecter à
l’essence divine qui elle, n’a jamais été touchée : elle intacte,
indestructible… inaltérable.
…/…
1er résumé : tant que l’on s’occupe de restaurer le
féminin sacré sans être, dans le même temps, en amour du masculin divin… on
dénature l’un et l’autre et on perpétue le principe de séparation.
Les femmes qui sont en colère contre les hommes confondent les hommes et le
masculin ; en rejetant le masculin extérieur elles le rejettent en elles :
c’est leur aspect masculin intérieur en colère qui fait la guerre au masculin
extérieur des hommes. Pendant ce temps, le féminin en elles continue à être
blessé, et ce sont des femmes qui vont se plaindre d’être abusées dans leur
faiblesse, reprochant à l’homme d’être ce qu’il est… sans réaliser qu’elles
alimentent insidieusement la guerre. C’est un chemin de conscience et de
responsabilité. Mesdames, il est primordial de bien saisir comment votre masculin intérieur
vous manipule vous-même, et comment le masculin de la femme se détourne du
féminin de la femme.
…/… Enfin, j’aime dire que
dans le patriarcat, les femmes ont eu plus de chance que les hommes. Je répète
volontairement que les femmes ont eu plus de chance que les hommes ! Et je m’en
explique :
Dans le patriarcat, grosso modo, il a été dit à une femme : « T’es une mère
ou une pute ».
Et on a dit à un homme : « Sois un homme. » Un homme, point (t’es un
homme ou tu n’es rien = aucun choix).
La femme sait donc, dans son chemin de conscience, qu’il faut qu’elle
réconcilie son cœur et son ventre. C’est d’autant plus ‘simple’ que chez elle
cela se voit : elle a des seins qui sont émetteurs sur le cœur, et un ventre
récepteur. Elle a deux grands thèmes de blessures auxquelles elle a accès.
Tandis que chez l’homme, tout ne se voit pas : il a donc un ventre émetteur qui
se voit… et un cœur récepteur ignoré (il n’a pas de trou au milieu de la
poitrine) ! Or une blessure non reconnue c’est très grave : c’est un grand
poison qui sommeille.
Éducation : lorsqu’on dit à un petit
garçon qui veut donner sa tirelire à un pauvre « mais t’es qu’une pisseuse,
une gonzesse » (note perso : idem registre pas pleurer, pas avoir peur,
‘même pas mal’, etc…) c’est ignorer ou mépriser sa sensibilité. Rajouté à
l’injonction « T’es ça./ » (nb : elle mime un pénis en érection, avec
l’attitude caricaturale d’un homme dur, implacable, compétitif et performant),
il se trouve que lorsque l’homme prend conscience de son féminin intérieur, il
ne sait pas quoi faire de sa délicatesse, de sa vulnérabilité et cela fragilise
son identité d’homme, sans lui donner les moyens de se réconcilier ! Au moins,
une femme peut arriver à faire de la pute une amante, et à la concilier avec la
mère…
Voyons une dernière chose,
et non la moindre :
les hommes nous ont fait le CADEAU d’incarner principalement le
masculin.
Or, comme l’aspect masculin est le principe expansif qui agit, c’est celui qui
ose, tente, prend les risques… y compris de se planter ! C’est par conséquent
un bouc-émissaire tout désigné, celui qui – dans la dualité – fait les erreurs
: il est donc celui qui commet l’irréparable et en endosse la culpabilité (il a
trop ou pas assez fait, il a ‘mal’ fait, a fait ‘mal’), ou bien pour ne pas
commettre cet irréparable il est celui qui fuit, se détourne du féminin (il est
impuissant : il ‘ne fait pas’). Important pour chacun, chacune, de passer de
la culpabilité à la responsabilité : ainsi le masculin intérieur se tourne
vers le féminin intérieur. (Important aussi d’aider les hommes dans ce passage
!).
NB : Dans mon livre «
Masculin-Féminin : l’Initiation Amoureuse (ou la Fusion au Cœur de la
Séparation) », j’ai mis un protocole de réconciliation, que je
conseille de faire une fois par an.
Exemple symbolique : un ‘dieu’ dans la
splendeur de son aspect masculin, un ‘soleil’ qui illumine le ciel…
Il expérimente sur la terre, explore la densité. Or son feu, pourtant si
merveilleux dans le ciel… brûle et dévaste une forêt avec tout ce qui vit
dedans. Il doit voir et accepter la conséquence de ses actions, et se pardonner
en toute connaissance de cause. C’est là toute la magnificence et le drame (note
perso : drama / grec : ‘pièce de théâtre’ ou ‘action théâtrale’) de l’expérience
de la densité, en connaissance de cause pour comprendre les co-créateurs que
nous sommes. Apprendre les lois de la terre, du feu… apprendre à canaliser au
lieu de s’en interdire l’usage (sinon pour l’homme, maladies comme
inflammations intérieures type prostatites, ulcères, etc…).
Notre masculin intérieur est un expérimentateur, et son défi est de s’ancrer :
il a besoin de mettre un genou en terre (les deux genoux en terre, c’est
l’attitude du ‘pécheur’ et on a vu que cela ne marche pas. Note perso :
attention à la confusion entre « servir/se mettre au service » et
« être asservi/se soumettre »). C’est la position de la pure prière,
du pardon : il est pure présence et vrai disponibilité. Ancré, un genou en
terre : il voit la blessure du féminin et la reconnait.
Dans la relation homme-femme c’est là qu’un flot d’émotions peut émerger :
comme c’est ce dont ‘elle a toujours rêvé’, elle se détend et son cœur s’ouvre.
Pour la femme, après que l’homme le lui a enfin demandé, elle peut assez
facilement lui pardonner. Toutefois, il est un pardon moins facile : celui
qu’elle s’adressera ensuite, après avoir pris conscience qu’elle avait
contribué à la ‘guerre’ en conditionnant son amour (oui mais, oui mais non, oui
si…), en s’asséchant et se fermant à l’amour, en oubliant d’être amour !
2ème résumé : quand le féminin en soi est reconnu dans
sa blessure, il pardonne au masculin.
Pour la femme qui prend conscience, elle s’ouvre à la dimension d’Amour qu’elle
émet par son cœur et rayonne.
Le masculin divin fait l’amour au monde, il l’ensemence de vie par son action.
La partie féminine de l’homme, son cœur récepteur, s’émerveille alors du monde.
Pour conclure cette
conférence :
se réconcilier c’est restaurer, honorer, célébrer en soi et en l’autre
le masculin et le féminin. Puis l’union à l’intérieur de soi, de ce masculin et de ce féminin, c’est la guérison
qui permet de prendre la pleine responsabilité de ce que l’on est venu
expérimenter sur terre. Enfin, à partir de cette union, on réalise toute
la liberté et la joie de créer le monde, individuellement et
collectivement : La planète attend tout simplement notre réveil, notre complétude, notre union
intérieure.
Extraits
de la conférence de Diane Bellego (Salon Iris, 13.04.13) + liens en bas
de page.