Nombre total de pages vues

mardi 16 août 2016

Sommes-nous tous bisexuels ?

Cette différence qui dérange
Amour libre, pilule, Gay Pride : notre époque croit avoir accompli sa révolution sexuelle. Elle admet qu’à côté du modèle hétérosexuel dominant existe son contraire, l’homosexualité. Mais elle bute encore sur une troisième voie, celle ouverte par les bisexuels qui revendiquent le droit de ne pas choisir, le droit d’aimer indifféremment hommes et femmes, successivement ou simultanément. « Notre société n’arrive pas à se départir d’une logique binaire qui voudrait qu’il n’existe rien entre l’homosexualité et l’hétérosexualité. Les choses ne sont pas aussi simples que ça », constate la socio-anthropologue Catherine Deschamps.
Dans les années 40, Alfred Kinsey, auteur de deux grandes enquêtes sur les comportements sexuels, affirmait déjà que toutes les pratiques existaient et s’organisaient en un continuum, depuis l’hétérosexualité jusqu’à l’homosexualité en passant par la bisexualité. Soixante ans plus tard, affirmer sa bisexualité reste pourtant malaisé. « Pour les hétérosexuels, je suis un homosexuel qui ne s’assume pas. Pour les homos, je suis un traître à la cause. L’entre-deux, la différence, provoque toujours un malaise », déplore Antoine, 31 ans.

L’insaisissable entre-deux
« Enquêter sur la bisexualité n’est pas un exercice facile, assure Catherine Deschamps. Non seulement parce que c’est une notion qui dérange, mais en plus parce qu’elle recouvre des réalités variées et difficilement superposables. » Autrement dit, tous les bis ne se ressemblent pas. Ni dans leurs pratiques, ni dans l’identité qu’ils revendiquent. « La plupart de ceux qui ont une pratique bisexuelle se disent homos ou hétéros, poursuit Catherine Deschamps. En partie parce que ce sont des catégories socialement mieux acceptées, et aussi car leur attirance envers les hommes et envers les femmes ne s’exprime pas dans les mêmes proportions. On voit bien qu’avoir des relations sexuelles avec des hommes et des femmes ne suffit pas à fonder une identité bisexuelle. »
A l’inverse, nombreux sont ceux qui se sentent bisexuels tout en ayant des relations exclusivement hétérosexuelles ou homosexuelles. Ceux-là reconnaissent leur double attirance sans pour autant passer à l’acte. « Notre éducation ne nous permet pas toujours d’exprimer nos préférences sexuelles, explique l’analyste et sexologue Claude Esturgie. Pour certains, la bisexualité peut être une phase transitoire entre une hétérosexualité insatisfaisante et une homosexualité qu’ils ne sont pas encore prêts à admettre. Pour d’autres, elle est un mode de vie qui correspond à une réelle inclination envers les deux sexes. »
Antoine a longtemps été persuadé d’être purement homosexuel, avant de rencontrer Sonia, à l’âge de 25 ans. « Jusque-là, mes rêveries érotiques ne mettaient en scène que des hommes, confie-t-il. Ce que cette femme a éveillé en moi, c’est d’abord un profond sentiment amoureux. J’ai été surpris par le désir sexuel qui s’est ensuivi, et par le naturel de mes gestes quand nous avons fait l’amour pour la première fois. Sonia a été un déclic, mais je crois qu’elle n’a fait que révéler une dualité enfouie. » C’est à 42 ans qu’Emmanuelle, mariée et mère de trois enfants, passe sa première nuit avec une femme. A ce moment de sa vie, son couple bat de l’aile. Elle trouve du réconfort auprès d’Anne, qui est homosexuelle. « J’avais été amoureuse d’une femme à l’adolescence, raconte-t-elle, mais ça ne s’était jamais reproduit. Quand j’ai rencontré Anne, je me suis beaucoup questionnée sur l’ambiguïté de mon prénom et sur les fantasmes androgynes que mes parents y avaient déposés. » Depuis, Emmanuelle a connu d’autres hommes. Et d’autres femmes.

Aimer les hommes, aimer les femmes

« Indéniablement, la rencontre sexuelle n’est pas la même selon que l’on touche un corps semblable au sien ou un corps fondamentalement autre, explique Florence. Avec les femmes, l’échange est plus sensuel et les possibilités de jouissance infinies parce que nous connaissons notre corps comme aucun homme ne le pourra jamais, faute de l’habiter. Avec les hommes, j’ai du désir pour ce qui justement m’échappe. L’échange doit composer avec l’impatience de la jouissance masculine. Il est aussi souvent plus acrobatique parce que les hommes sont traditionnellement plus portés vers la performance. »
Florence, Antoine et Emmanuelle ont-ils une préférence entre ces deux types de relations ? « Non, assure cette dernière. Ce qui s’y joue est différent mais complémentaire. » « Mes parts masculine et féminine ne s’expriment pas de la même manière avec un homme ou avec une femme, sans que je puisse dire pour autant qu’un homme me rend plus viril ou une femme plus féminin, poursuit Antoine. C’est parfois le cas et parfois l’inverse. Je sais simplement que je me sens plus complet d’avoir aimé des hommes et des femmes. » Serions-nous tous bisexuels si, à l’instar de Florence, nous nous autorisions à laisser s’exprimer notre « désir pour le même » comme « pour le différent », ou, à l’image d’Antoine, notre « part féminine et notre part masculine » ? « Non, tranche le psychiatre Philippe Brenot, directeur d’enseignement en sexologie à l’université de Bordeaux-II. Il ne suffit pas de s’affranchir du jugement social pour devenir bisexuel. Notre sexualité résulte d’une construction psychique qui n’est pas la même pour tout le monde. »

L’identification aux parents

De fait, une certaine bisexualité existe à l’état latent chez tout individu. « Elle résulte de nos identifications précoces à nos deux parents », explique Claude Esturgie. Au début du xxe siècle, Freud échafaudait le concept de « bisexualité psychique », entendu comme « l’idée que chaque sexe manifeste certains traits caractéristiques de l’autre ». Il estimait qu’il y a en chacun de nous « du masculin et du féminin, ces notions faisant partie des notions les plus confuses du domaine scientifique ». « Qu’un hétérosexuel ait des fantasmes homosexuels (ou l’inverse) ne signifie pas pour autant qu’il les réalisera, précise Philippe Brenot. L’équilibre d’une personnalité résulte de l’expression de certains fantasmes et du refoulement de certains autres. »
Dans son cabinet, Claude Esturgie reçoit des patients en mal d’identité sexuelle. Ils souffrent du fait que leurs pratiques ne sont pas en adéquation avec leurs désirs. Un travail sur les fantasmes, tels qu’ils s’expriment à travers les rêves par exemple, leur permet de mieux se connaître et de s’autoriser une sexualité plus conforme à leur identité. « On ne s’essaie pas à la bisexualité pour être dans l’air du temps, affirme Antoine. Le seul moyen d’avoir une sexualité épanouissante, c’est d’écouter son cœur. Peu importe que mes amants soient des hommes ou des femmes. Ce dont il s’agit avant tout, c’est d’amour. »

Féminine = masculine ?

La bisexualité féminine mieux acceptée
« La bisexualité féminine serait socialement mieux acceptée aujourd’hui que la bisexualité masculine, constate Catherine Deschamps, socio-anthropologue. D’abord, parce que les femmes revendiquent plus volontiers leur bisexualité que les hommes, davantage portés à la clandestinité. Ensuite, parce que les amours saphiques correspondent aux fantasmes des hommes hétérosexuels. »


Pour en savoir plus

Retrouvez Arnaud de Saint Simon, directeur de Psychologies, aux côtés des Flavie Flament, ce vendredi 6 février, de 15h à 16h sur RTL. L'émission On est fait pour s'entendre sera consacrée à la thématique "Nous sommes tous bisexuels".


A lire
Bisexualité, le dernier tabou de Rommel Mendès- Leité, collaboration de Catherine Deschamps et de Bruno-Marcel Proth. Une grande enquête sur un groupe accusé à tort de propager le virus du sida chez les hétérosexuels (Calmann-Lévy, 1996).
Le Miroir bisexuel de Catherine Deschamps. L’auteur prolonge l’exploration de l’ouvrage précédent en fondant ses observations sur l’association Bi’cause, la seule à représenter les bisexuels en France (Balland, 2002).

samedi 13 août 2016

Existe-t-il un inconscient féminin ?


En tant que femmes, sommes-nous déterminées, dans nos comportements, nos émotions, nos relations, par quelque chose qui nous échappe ? Ce « quelque chose » relève-t-il de notre nature ou de notre éducation ? Et comment parvenir à nous épanouir dans notre féminité hors des rôles imposés ?


D’un côté, une très polémique – et mal comprise – théorie du genre, qui tend à disjoindre à l’excès les rôles sociaux de la réalité anatomique : nous serions libres, quel que soit notre sexe, d’endosser comme un costume une identité de fille ou de garçon. De l’autre, une mouvance « essentialiste » – voir par exemple les best-sellers Mars et Vénus – qui prétend circonscrire le masculin et le féminin dans des caricatures supposément liées à leur fonctionnement hormonal. Entre ces deux extrêmes – le tout culturel et le tout biologique –, la psychanalyse pose l’existence d’un inconscient, « un lieu, dans la psyché, qui ne correspond à aucune aire localisable dans le cerveau, mais qui nous pousse à adopter malgré nous des comportements liés à notre identité sexuée », explique le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez. L’approche psychanalytique permet ainsi de cerner une certaine personnalité féminine résultant du processus de formation de l’inconscient, différent chez les garçons et les filles, sans pour autant enfermer le féminin dans une définition monolithique. Car l’inconscient de chacune est modelé à la fois par son héritage culturel et par son histoire personnelle.

Sois gentille, ma fille


« La femme n’existe pas », écrivait Lacan. Cette formule, dans les années 1970, lui valut les foudres de celles qui entendaient là une négation de leur valeur par rapport à celle de l’homme. Ce qu’insinuait pourtant le psychanalyste, c’est qu’il n’existe pas d’universel féminin. Ce qui existe, ce sont « des femmes » singulières. Malgré tout, certains traits se retrouvent chez nombre d’entre nous : une propension à faire passer les besoins des autres avant les nôtres, à nous dévaloriser au travail, à n’être jamais satisfaites de notre apparence… Pourquoi ? « L’inconscient, affirme Serge Hefez, se remplit des liens affectifs que nous tissons avec nos principales figures d’attachement. Les observations faites par de nombreux psychologues montrent que dès la naissance les filles et les garçons sont regardés différemment par les adultes qui les entourent. On ne les porte pas, on ne leur parle pas, on ne les allaite pas de la même façon. » La tendance est de nourrir les petits garçons à la demande et de réguler la tétée des filles. On s’adresse aux garçons d’une voix plus bourrue, on emploie avec les filles un ton plus doux. On pousse les garçons à être autonomes et décisifs, les filles à être gentilles et empathiques…

S’ajoute à ces tendances culturelles une dimension plus personnelle : la façon dont nos parents ont été aimés en fonction de leur sexe imprègne la manière dont ils nous accueillent à leur tour en tant que garçon ou fille, selon que cette place a été plus ou moins difficile à occuper pour eux dans leur propre famille. Certaines filles seront ainsi, par exemple, chargées par leur mère de prendre une revanche sur le masculin, si celle-ci s’est sentie lésée par rapport à ses frères dans son éducation. « Ces schémas relationnels, indique Serge Hefez, constituent la trame de notre inconscient. Nous n’avons pas conscience d’être agis par eux, pas conscience de les reproduire en élevant nos enfants. »

L’anatomie est-elle un roc ?


Pour Freud, notre inconscient recèle par ailleurs une somme de représentations issues du constat de la différence des sexes, une donnée incontournable qu’il appelait le « roc de l’anatomie ». « Pour les enfants, cette découverte est très chargée sur le plan symbolique : quel mystérieux pouvoir confère le fait de posséder un pénis ? Quelles angoisses procure le sentiment d’en avoir été dépossédée ou de risquer de le perdre ? Que se cache-t-il dans la profondeur des entrailles d’une femme ? » commente Serge Hefez. S’il arrive que certains se sentent femme dans un corps d’homme ou homme dans un corps de femme, dans l’ensemble, « la psyché se modèle sur la forme de nos organes et leur fonction, affirme Moussa Nabati, psychanalyste et psychothérapeute. Dans la mesure où les organes génitaux de la femme sont à l’intérieur et ceux de l’homme à l’extérieur, leur rapport au monde n’est pas le même : elles sont davantage tournées vers l’intériorité, sont amenées à recevoir l’autre dans leur corps ; eux sont tournés vers l’extérieur, enclins à conquérir, à pénétrer… » Et d’en déduire, entre autres, que « la femme ne fait pas l’amour avec ses zones érogènes, mais avec son coeur, tandis que l’homme est davantage capable de disjoindre l’amour et la sexualité ».



Pour les tenants de la théorie du genre, ces extrapolations n’ont pas lieu d’être. Très influencée par Freud et Lacan, Judith Butler, figure de proue des études de genre, ne nie pas l’impact de la différence anatomique sur la constitution de l’inconscient. Mais elle souligne que les conséquences sociales de cette différence sont démesurées par rapport à leur effet réel sur l’identité. Sa théorie de la « performativité » met en évidence l’aspect arbitraire des comportements supposément liés au fait d’être porteur d’un pénis ou d’un vagin. Les comportements dits féminins – l’accueil, l’empathie, la passivité – sous prétexte que leur sexe est en creux relèvent d’une « performance » imposée, qui n’a d’autre fondement qu’idéologique : en naturalisant la prétendue vulnérabilité des femmes, on fait le jeu d’un rapport de pouvoir entre les sexes. « De fait, pour Freud, il n’existe pas à proprement parler d’inconscient masculin ou féminin, indique Serge Hefez. Plutôt une organisation de nos pulsions autour d’une double polarité actif/passif présente chez tous – c’est ce que recouvre la notion de bisexualité psychique –, les garçons étant encouragés à exprimer leur pôle actif et à réprimer leur pôle passif, les filles dans les dispositions inverses. Dans cette optique, l’affirmation de notre identité sexuée résulte moins d’une construction que d’une amputation. »

Des forces clandestines

Cette idée d’une certaine universalité de la psyché humaine précédant l’affirmation de traits féminins ou masculins en chacun se retrouve également chez Jung. C’est à lui que l’on doit l’hypothèse de l’existence d’un inconscient collectif. « Je l’appelle collectif, écrivait-il, parce que, au contraire de l’inconscient personnel, il n’est pas fait de contenus individuels, uniques, mais de contenus qui sont universels et qui surgissent régulièrement. » « Parmi ces contenus universels, explique Lisbeth von Benedek, docteure en psychologie, psychanalyste didacticienne, membre de la SFPA (Institut C.G. Jung), Jung identifiait des organisateurs inconscients qu’il appelait les archétypes, présents dans toutes les cultures et à toutes les époques. Leurs thèmes et motifs transparaissent dans la mythologie, les religions, mais parfois aussi dans nos rêves ; ils canalisent à la fois des émotions archaïques intenses et des modèles de comportement. Et constituent pour chacun de nous, homme ou femme, un potentiel latent. »

En tant que femmes, nous sommes "agies" sans le savoir par des archétypes féminins (mais pas seulement), à commencer par celui de la Grande Mère, une énergie primordiale immensément bonne et destructrice à la fois, qui apparaît à travers les divinités des religions ancestrales ou dans nos représentations de la nature (Gaia). D’autres représentations du féminin renvoient elles aussi à des énergies psychiques susceptibles de s’exprimer en nous : la femme sauvage, la femme séductrice, la femme initiatrice, la femme spirituelle, la femme sage…
Plus intéressant pour le sujet qui nous occupe : Jung postulait l’existence, en chacun de nous, d’un archétype représentant le sexe opposé. Ainsi, l’animus représente la part masculine inconsciente de la femme, et l’anima, la part féminine inconsciente chez l’homme. « Ils constituent des éléments de compensation psychique par rapport à notre identité sexuelle consciente, commente Lisbeth von Benedek. Lorsque nous n’avons pas conscience de l’impact de ces archétypes sur nous, ils nous conduisent à attribuer grossièrement à l’autre sexe ce que nous considérons être des défauts. En revanche, si nous parvenons à les intégrer à notre personnalité consciente, l’anima favorise chez l’homme des qualités d’écoute et d’intuition, l’animus favorise chez la femme sa capacité d’initiative, de théorisation, d’action. »
Retour à la caricature ? Pas vraiment, si l’on admet, avec Jung, qu’hommes et femmes sont porteurs de ces potentialités qui leur permettent d’accéder à la totalité de leur être. « Pour une femme, prêter attention aux hommes qui la fascinent ou l’irritent particulièrement, ou à ceux qui apparaissent dans ses rêves, peut être riche d’enseignements, suggère la psychanalyste. Ils sont un support de projection de son animus et signalent qu’une part d’elle-même cherche à se réaliser. »

Dominée au lit, pas dans la vie


Que faire de tout cela ? Il a beaucoup été reproché à la psychanalyse de s’appuyer sur des visions du masculin et du féminin d’un autre temps. « De fait, aujourd’hui, on n’élève plus les petites filles de la même façon : on les encourage à être plus assertives, plus combatives qu’autrefois », note Serge Hefez. Probable que les schémas relationnels qui structurent leur inconscient se modifient progressivement. Reste que les femmes d’aujourd’hui – les hommes aussi – se sentent en difficulté, prises en étau entre des modèles de comportement hérités du passé et une légitime aspiration à plus d’égalité. « En consultation, ce conflit intérieur s’exprime de manière très concrète, assure-t-il. Être à la fois bonne mère, bonne épouse, épanouie sexuellement et professionnellement relève, pour la plupart, de l’irréconciliable. Il y a beaucoup d’angoisse, de culpabilité, de stratégies d’échec. » Au sein du couple, des frictions se font sentir : « Je vois des couples avec un fonctionnement égalitaire et une sexualité en berne. Ce qui fonctionne sur le plan social se heurte à ce qui fonctionne dans le registre du fantasme et du désir. Beaucoup de femmes se débattent avec un sentiment d’incohérence : elles veulent être dominées au lit mais pas dans la vie. »
Pour Moussa Nabati, le mouvement d’émancipation des femmes, amorcé dans les années 1960, s’il était nécessaire et n’a pas encore abouti, commence à se retourner contre elles : « Je rencontre des femmes en souffrance parce qu’elles ont fait passer leur carrière avant la maternité, parce qu’elles vivent une sexualité “libérée” dans laquelle elles ne se sentent pas respectées. À vouloir nier les différences entre hommes et femmes, à vouloir vivre comme les hommes, elles ne s’épanouissent pas dans leur féminité. » Loin de vouloir les renvoyer à leurs fourneaux, le psychanalyste rappelle l’importance, pour les femmes comme pour les hommes, de s’accomplir dans une identité plurielle où l’amour, le désir et l’enfantement comptent au moins autant que la réussite professionnelle.

Chasser les clichés « Les femmes comme les hommes ont vécu des blessures fortes dans leur rapport à l’autre sexe, indique Delphine Lhuillier, ethnologue et fondatrice d’un Festival du féminin. Elles ont été domestiquées, maltraitées, une grande majorité l’est encore. Elles ont affaire à toutes sortes de clichés sur qui elles sont, qui elles doivent être. Beaucoup se définissent dans l’opposition aux hommes – ou aux femmes qui les ont précédées. Je crois qu’elles ont besoin de retrouver quelque chose d’elles-mêmes qui ne réponde pas à un conditionnement. » Pour cela, il y a, suggère-t-elle, à « explorer toutes sortes de chemins sans nous y enfermer, pour voir ce qu’ils nous font toucher de notre être, toujours en devenir ». Cesser d’être à distance de notre corps, de dénigrer notre sang, notre processus hormonal, notre capacité d’enfantement, pour « revenir à un enseignement de l’ordre de l’instinct, de l’intuition, de notre rapport à la nature, sans retomber dans la caricature de la femme sauvage qui court nue dans la prairie sous la lune ».

Fréquenter toutes sortes de lectures, de Simone de Beauvoir à Élisabeth Badinter, de Freud à Clarissa Pinkola Estés, et choisir ce que nous retenons pour nous, ce qui ne nous convient pas. Repenser à toutes ces femmes qui, dans notre entourage, nous ont inspirées, initiées, enseignées. Et nous demander enfin ce que nous aimerions, à notre tour, transmettre du féminin.

La psychanalyse est-elle machiste ?


L’énigme que constituait pour Freud ce qu’il appelait le « continent noir » de la féminité est à l’origine de l’invention de la psychanalyse. Et voici ce qu’il écrit à propos de la petite fille, lorsqu’elle découvre un jour la différence sexuelle, moment inaugural de son entrée dans l’oedipe : « Elle remarque le pénis […] d’un frère ou d’un compagnon de jeu, le reconnaît aussitôt comme la contrepartie supérieure de son propre organe, petit et caché […]. Dans l’instant, son jugement et sa décision sont arrêtés. Elle l’a vu, sait qu’elle ne l’a pas et veut l’avoir. » De ce jour, la petite fille devenue femme ne cesse d’éprouver un « sentiment d’infériorité ». Elle vit son « équipement insuffisant » comme une « blessure narcissique », une « punition personnelle ». Et ne parvient à abandonner son souhait du pénis qu’en y mettant à la place le souhait d’un enfant.
Ces considérations, que de nombreux psychanalystes continuent de trouver opérantes dans la cure, lui valurent d’être soupçonné de misogynie. D’autres psychanalystes après lui, comme Melanie Klein, Karen Horney ou Helene Deutsch, s’attachèrent à contrebalancer le phallocentrisme de ses théories en mettant en évidence l’importance, dans la structuration de l’inconscient, du sein maternel. Et en opposant, à l’envie de pénis de la femme, l’envie de grossesse de l’homme et son sentiment d’infériorité sur le terrain de la fécondité, qui le conduit à vouloir la soumettre.

Quant à Lacan, il introduisit la notion de « pas toute » pour qualifier la psyché féminine, signifiant ainsi qu’elle ne pouvait se résumer à ce phallus qu’elle n’a pas. Autre chose guidait son être, une « autre jouissance », qui demeurait pour Lacan… de l’ordre de l’énigme.

L'intuition féminine, un mythe ?


Considérées comme plus empathiques et plus émotives que les hommes, les femmes seraient, pour ces raisons, plus intuitives. C’est le triple cliché qui nourrit l’inconscient collectif depuis des siècles et qui irrigue, aujourd’hui encore, des courants de pensée tels que la psychologie ou la philosophie.
Un rapide survol des étapes fondatrices de la pensée occidentale permet de comprendre comment une croyance régulièrement répétée se transforme en vérité. Le pionnier : Aristote, qui considérait que la nature de l’homme était plus achevée et plus complète, tandis que celle de la femme, plus sujette aux émotions, était moins stable et moins fiable. Kant affirmait que la philosophie de la femme était de ressentir et non de raisonner et, un siècle plus tard, Darwin mettait en opposition « l’énergie et le génie masculins » et « la compassion et les capacités d’intuition de la femme ». Même l’un des pères fondateurs de la psychologie moderne, Granville Stanley Hall, postulait que la femme est fondamentalement différente de l’homme, car, contrairement à lui, elle fonctionne à l’intuition et au sentiment. Aux hommes, donc, les vastes étendues de la raison pure, et aux femmes les marécages incertains de l’intuition.
À ces thèses essentialistes s’ajoute celle des « évolutionnistes » : longtemps cantonnée dans la sphère domestique et sans accès au monde de l’abstraction et de l’action, la femme aurait développé une intelligence des émotions qui, aiguisant son empathie, lui fait mieux percevoir les intentions et les sentiments des autres.

Des « vérités » que viennent brutalement démentir, en 2005, une grande étude menée par le psychologue Richard Wiseman, de l’université anglaise du Hertfordshire (étude menée pendant le Festival international des sciences d’Édimbourg en 2005. 



Rapport de la BBC disponible sur news.bbc.co.uk/1/hi/uk/4436021.stm ), citée par Gerd Gigerenzer, directeur de l’institut de recherche Max-Planck à Berlin, dans son livre Le Génie de l’intuition. Une équipe de psychologues a présenté à quinze mille hommes et femmes des paires de photographies de visages souriants, l’un de manière authentique, l’autre forcée. Les chercheurs leur ont demandé d’évaluer leurs aptitudes à l’intuition. 77 % des femmes ont affirmé qu’elles étaient très intuitives contre 58 % des hommes. Ils ont ensuite demandé aux groupes de reconnaître les « sourires authentiques ». Les femmes avaient identifié le sourire « sincère » dans 71 % des cas, contre 72 % chez les hommes. Le plus étonnant : ces derniers s’étaient montrés meilleurs juges de l’authenticité du sourire chez le sexe opposé que les femmes.


Une vraie claque aux préjugés des grands penseurs !

jeudi 11 août 2016

LA VIRGINITE FEMININE


Psy : La virginité féminine peut sembler dépassée dans notre société sexuellement libérée, pourquoi écrire un livre sur le sujet ?

Yvonne Knibiehler : La virginité féminine est en réalité un sujet très actuel. Si la défloration est devenue un événement physiologique insignifiant, elle reste un rite de passage. Perdre sa virginité, c’est quitter l’enfance, découvrir l’autre, l’autre sexe. C’est franchir ce seuil, qui ne va pas toujours de soi.

On entend aussi beaucoup parler actuellement, notamment chez les femmes de culture musulmane, de réparations d’hymen, de certificats de virginité. J’ai voulu mieux comprendre ces conduites. Celle aussi de l’américaine Paris Hilton qui, comptant les amants à la centaine, a déclaré qu’elle ferait réparer son hymen le jour où elle se marierait. La virginité féminine est également à la source de nombreux faits divers. Il y a eu le cas de cette étudiante américaine qui a mis la sienne aux enchères pour financer ses études. Ou encore le procès entre ce couple à Lille, dont le mariage a été rompu par l’époux lorsqu’il a découvert que sa femme n’était pas vierge. Loin d’être désuète, la virginité féminine tient encore une place symbolique considérable dans notre société.
Elle semble pourtant avoir perdu toute valeur…




Yvonne Knibiehler : Pourtant, la virginité consacrée, par exemple, n’a pas du tout disparu. Au contraire. Le nombre de femmes qui font vœu de célibat et de chasteté pour se consacrer à Dieu et aux autres ne cesse d’augmenter en Occident et en Amérique, notamment latine. De même, aux Etats-Unis, le mouvement No Sex - qui commence à prendre de l’ampleur en Europe -, rassemble des gens qui entendent s’affirmer en maîtrisant leur sexualité. Depuis les années 1970, nous avons traversé une période de sexualité triomphante où il fallait absolument faire l’amour le plus tôt possible, jouir le plus intensément possible. Mais il semble que nous soyons arrivés au seuil d’une période un peu différente.
Que symbolise la virginité ?

Yvonne Knibiehler : Dans la nature, tout être vivant est fait pour se reproduire et se reproduit à tout prix. Le culte de la virginité et de la chasteté est, je pense, une réaction d’humains qui ne veulent pas céder aveuglément aux forces de la nature. Il s’agit de se protéger contre cette puissance extraordinaire de la sexualité.

Pourquoi la virginité semble-t-elle être une problématique typiquement féminine ?

Yvonne Knibiehler : Les femmes ont toujours été plus préservées, et donc moins tentées. On a toujours trouvé peu de garçons vierges, et pour cause : rien ne les y poussait. Ils étaient même encouragés à affirmer leur force virile. Aujourd’hui, et c’est la nouveauté par rapport aux siècles passés, on n’essaie plus de préserver les filles, de les protéger. Les adolescentes sont d’ailleurs nombreuses à dire que leur virginité les encombre, qu’il leur tarde de s’en débarrasser. Au collège, au lycée, elles se demandent entre elles : « est-ce que tu l’as fait toi ? », « comment c’était ? »…

Vous expliquez que la virginité, a, pendant des siècles, assuré trois fonctions. Lesquelles ?


Yvonne Knibiehler : La virginité féminine a d’abord permis de garantir l’authenticité d’une filiation. Un homme épousait une fille vierge pour être sûr que leurs enfants seraient de son sang. C’était aussi un moyen de réserver l’initiation sexuelle de l’épouse à son mari. Un homme, en faisant découvrir à une vierge le plaisir d’amour, pouvait espérer obtenir sa fidélité en la rendant amoureuse grâce à la découverte d’Eros.

Enfin, avec la naissance du christianisme, la virginité s’est trouvée valorisée. Les Pères de l’Eglise l’ont proposée comme vertu suprême non seulement aux femmes, mais aussi aux hommes. Rester vierge, c’était refuser la domination de la sexualité, du corps, sur l’esprit. C’était une manière de se rapprocher de Dieu et d’accéder à la sainteté. Pour les jeunes filles chrétiennes, ce fut une véritable découverte : elles pouvaient désormais refuser le mariage et l’enfantement, leur unique vocation depuis des siècles, pour se vouer à Dieu et au développement de l’esprit. Cette promotion de la virginité, entre le Ier et le IVème siècle, a constitué la première forme d’émancipation féminine.
Que reste-t-il de ces trois fonctions aujourd’hui ?

Yvonne Knibiehler : Aujourd’hui, la pureté d’une lignée peut être assurée de différentes manières (empreintes génétiques, procréation assistée…). Plus besoin d’épouser une fille vierge. Avec les moyens de contraception, une femme peut aussi choisir qui sera le père de ses enfants. De même, lorsqu’un jeune homme et une jeune fille font l’amour, ils s’initient mutuellement. Et les premières expériences sexuelles, désormais sans risque de grossesse grâce aux moyens de contraception, ne visent pas toujours à faire durer l’amour. Reste la troisième fonction, qui conserve pour certains de la valeur. Notamment ceux qui veulent se consacrer à des tâches ou à des études importantes. Ils peuvent refuser la sexualité parce que celle-ci entrave le développement de leur esprit. Cela continue d’être une fonction essentielle de la virginité.

Pour les féministes, la virginité est une invention, un fantasme masculin. De quoi ?

Yvonne Knibiehler : L’idée du sang qui coule au moment de la défloration est un fantasme masculin, celui d’un homme qui s’empare d’une femme parce qu’il la fait saigner. Elle est à lui, son sang marque son corps. Pourtant, au 19ème siècle, le grand naturaliste Georges Cuvier – et les médecins se sont ralliés à ce discours - a démontré qu’on ne pouvait pas vérifier la virginité d’une femme au saignement de l’hymen. Celles qui ne saignent pas ne sont pas pour autant dépourvues de virginité. Le saignement gratifie les hommes, ils apprécient l’idée d’être le premier, le seul.

Longtemps, la virginité féminine a donc été un moyen d’assurer la domination masculine sur les femmes. Avec la libération sexuelle, les choses semblent avoir changé. Mais est-ce vraiment le cas ?

Yvonne Knibiehler : Il n’est pas certain que dans ce domaine, la domination masculine ait disparue. Dans de trop nombreux cas, on trouve des garçons qui vont presser les jeunes filles, même si celles-ci ne sont pas prêtes. Ils vont leur dire que si elles ne cèdent pas, ils iront voir ailleurs ; qu’elles ne risquent rien grâce à la contraception, et qu’au pire, elles se feront avorter. Malheureusement, nombre d’entre elles vont céder.

A DÉCOUVRIR


Ma virginité et moi

Simple état physique ou vrai trésor intime, la perte de sa virginité constitue une étape plus ou moins importante dans la vie sexuelle de chacun. Les psychonautes racontent...

A suivre : "Virginité : je me souviens". Un documentaire de Johanna Bedeau et Diphy Mariani, avec Yvonne Knibiehler, le 19 septembre, à 17h, sur France Culture.

A lire


La virginité féminine. Mythes, fantasmes, émancipation,d'Yvonne Knibiehler (Odile Jacob).

lundi 8 août 2016

Réenchanter sa sexualité

 

La place de la sexualité dans une démarche spirituelle s’inscrit dans un processus de réintégration et non d’élimination.

Si l’on observe la dynamique de connaissance de soi, qui est un des processus qui meut notre énergie et notre conscience sur le chemin d’une spiritualité vivante et incarnée, on se trouve rapidement face au choix de réintégrer le corps dans notre champ spirituel ou au contraire de l’éliminer au profit de l’Esprit.



Le fait que nous soyons incarnés au sein du mystère de la création m’invite à présupposer le corps comme espace sacré où s’exprime tout entier le mystère de l’univers. La sexualité dont le corps soutient une partie de l’expérience s’invite sur le chemin de la connaissance qui révèle l’être au profit de la personnalité.


La sexualité unit toute l’humanité au-delà des époques, des lieux, cultures et croyances. Nous en ferons tous plus ou moins l’expérience et même si l’on est engagé dans son élimination par choix et ascèse, cela ne fait que la placer au centre de nos préoccupations.

Se réveiller à notre être est aussi se réveiller à notre sexualité en y investissant notre conscience. Ce processus permet d’appréhender celle-ci, non plus comme un acte purement reproductif, mais comme une qualité de la conscience et de l’énergie à nous révéler la porte des étoiles. 


Pour ce faire il est bon dans un premier temps d’opérer un pas de recul « intérieur » pour nous voir tels que nous sommes, sans rien chercher à faire, ni à commenter ou réussir. 

Savoir d’où l’on part, s’interroger sans fard sur l’espace où se trouve notre sexualité dans le développement de notre être, comme : Je n’y ai jamais pensé ! Je ne veux pas trop m’y investir car j’ai des peurs ou des croyances ! Ce n’est pas agréable ! Je ne trouve pas l’échange que j’attends avec mon partenaire, ou bien au contraire, je suis tourné vers son espace sacré afin d’ouvrir mon être à plus vaste.

L’important, outre ce qui est sous-jacent aux questionnements de départ, est de se mettre en chemin depuis ce lieu où la présence de la sexualité est un processus de réintégration et non d’élimination. Une des qualités qui me semble essentielle à cette réintégration est d’oser un regard toujours neuf sur ce que nous en faisons. Déjouer les complaisances et faire œuvre de simplicité. Toute vérité spirituelle s’est toujours formulée simplement, voyons donc si notre sexualité s’exprime aussi avec simplicité.


Doit-on faire de multiples respirations, méditations, asanas, mantras, visualisations, jeûnes pour y trouver de la grandeur quand celle-ci s’éveille au corps et à la conscience ? Si toutes ces pratiques sont éminemment respectables, s’expriment-elles d’un espace de mon être qui a peur ou de celui qui ressent de la joie ?

L’ampleur et la souplesse de l’être s’imposent comme acte préparatoire à l’accueil d’une sexualité sacrée vivante, ouvrant sur une joie profonde et bienveillante de toutes les composantes de notre être.


Depuis que je travaille sur les peurs, les attentes qui s’expriment au travers de la sexualité, je suis forcé de constater que le chemin qui nous conduit à découvrir la porte des étoiles commence par un ré-enchantement de notre sexualité.

Donc, avant tout engagement dans un processus spirituel au travers de sa sexualité, il sera bon de bien connaître ou reconnaître ce qu’est notre sexualité. 

L’union du féminin et du masculin qui porte au voyage que nous avons choisi d’entreprendre, est une cocréation femme/homme. 


Savoir accueillir l’autre est primordial. Oser l’écoute des peurs, des fantasmes, des attentes de notre partenaire avec bienveillance, en libérant très vite les jugements sur ceux-ci qui sont, in fine, des jugements sur nous-mêmes. 

On ne peut pas revendiquer le sacré dans l’acte s’il n’y a pas œuvre d’écoute mutuelle dans la simple expression des désirs.


Pour accueillir le féminin, l’homme devra, entre autres, entreprendre une écoute à l’endroit où l’intensité de la sexualité s’exprime dans le relâchement, la lenteur, l’abandon. La femme devra quant à elle libérer les legs générationnels voire transgénérationnels sur son rapport à l’homme et à l’expression de sa féminité.

La question qui m’est alors fréquemment posée par les femmes est : Que puis-je faire si mon compagnon n’est pas dans cette recherche du développement de l’être ?

Il est bon alors d’emprunter la voie de l’Éros qui est désir, mouvement, et expression de la vie.


Honorer ses désirs de soi à soi sans rien juger « il n’y a pas de passage à l’acte ici », c’est aussi oser son féminin dans tous les aspects qu’il peut revêtir, comme un regard contemplatif de la vie. Être son féminin vivant, accueillir cette part de nous qui désire la connaissance de l’âme comme celle du corps.

Le désir de cet autre « contre soi » est semblable à ce qui s’exprime dans l’émotion à la vue d’un arbre, d’une fleur, d’une œuvre d’art, qui ne seront jamais nôtres mais nous pouvons tous goûter ce qu’ils révèlent de nous et en nous. 


Nul besoin de multiplier les partenaires ou les expériences sexuelles pour s’engager dans l’exploration d’une sexualité sacrée. Il se peut qu’un jour vous preniez simplement un homme ou une femme dans vos bras et que vous vous transportiez mutuellement au firmament du monde. Qu’un simple partage de quelques minutes dans un moment sans attente, juste l’un contre l’autre, vous propose un sentiment d’éternité. Cette union sans acte sexuel est là aussi l’expression de la sexualité sacrée.

Pour investiguer ce chemin, il est bon de travailler l’écoute, la sensorialité, la tactilité et la détente corporelle. Pour ma part je recommande le Tantrisme qui est une voie spirituelle qui ne rejette rien. Mais toutes les voies qui sont empreintes de non-dualité portent aussi à cette ouverture. 

N’abandonnez pas vos peurs, abandonnez-vous à vos peurs.
Première étape de l’élan spirituel de Rémy




Rémy,
vijnana@re-my.com
Fondateur de
www.tantrisme.org 

Accompagnateur de stage de tantra depuis 8 ans. Initié dans un ordre occidental depuis plus de vingt ans, je travaille à relier l’ésotérisme transmis par les écrits à la joie de l’expérience vivante.