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vendredi 6 avril 2018

Le réveil des gardiennes de la Terre



Aujourd’hui, il est essentiel que la femme se rappelle son rôle de gardienne, d'initiatrice ou de semencière, œuvrant aussi bien pour elle-même, pour ses proches, que pour l'ensemble des êtres vivants. En actualisant ce rôle primordial, elle pourra démontrer – de manière vivante – que nulle évolution ne peut advenir chez l’être humain sans la connaissance qui le relie intimement à la nature. Car nous faisons partie intégrante de cette nature et c'est en renouant le dialogue avec la Terre que nous apprendrons à aimer vraiment...

En suivant ce chemin, chaque femme, mais également chaque homme, fera naître en elle ou en lui le désir de ré-enchanter sa vie et son environnement pour devenir, à son tour, un(e) gardien(ne) de la Terre.

Voici venu le temps où émerge l’énergie féminine sur notre douce Terre Mère. Dans les traditions primaires sacrées, tout autour du globe, les baguettes de pouvoir ont été placées entre les mains des femmes. Après des milliers d’années de domination de l’énergie masculine, le balancier a basculé du côté du Féminin. Et c’est juste à temps, compte tenu des terribles dommages et destructions sur Terre où nous a entraînés le côté dégradé de notre part masculine à l’intérieur de nous. Nous sommes face à des défis, si nous souhaitons vivre sainement et durablement, en incluant tous les êtres vivants sur Terre.

Le pouvoir nourricier et de renouvellement du Féminin est ce qui est nécessaire pour faire face à cette crise avec amour et puissance.

Et nous ne parlons pas là simplement des hommes et des femmes, mais de manières d’approcher le monde. Selon l’approche traditionnelle, un homme bon (particulièrement un chef) utilisait son énergie masculine pour guider son peuple, prendre part activement au monde, protéger et pourvoir ; cependant, tout aussi important était le fait qu’il consacre cette énergie de manière féminine en services aimants et au soutien des êtres et de toute vie. Ce dernier aspect semble manquer à nos dirigeants aujourd’hui.

Par Marianne Grasselli Meier - http://espritdefemme.ch/



Message de Brooke Medicine Eagle

Pour cerner la place de la « nouvelle » spiritualité féminine, plaçons-nous d’abord dans le contexte historique de l’émancipation féminine. Le mouvement féministe a visé des priorités d’ordre social tels l’égalité salariale, le choix des professions – ouvertes tant aux hommes qu’aux femmes – et le partage des tâches relevant du domaine privé (tâches ménagères, éducation en commun de l’enfant). Cette avancée a permis aux femmes occidentales d’accéder à une sphère de liberté ; d’avoir le pouvoir de décision sur leur propre corps, en ayant, par exemple, à disposition des moyens de contraception pour choisir d’avoir ou non des enfants. Sur le plan de la pratique spirituelle, elles ont accédé à la prêtrise dans certaines communautés religieuses. Si cela nous semble novateur, paradoxalement, il s’agit d’un retour aux sources. Car, parallèlement au mouvement social, des chercheuses universitaires, ayant centré leurs travaux sur les cultes anciens, ont retrouvé maints lieux de culte dédiés à la Grande Déesse, la Mère des origines.

Selon ces chercheuses, une société matriarcale existait avant que les hommes mettent en place un Dieu mâle unique – voire despotique – dont ils étaient les descendants et qu’ils excluent les femmes de cette lignée spirituelle. La femme a ainsi changé de statut : de représentante de la Déesse de l’abondance, de la vie, de la fertilité, elle est devenue celle par qui le mal arrive, portant la prétendue culpabilité d’une punition divine. La femme, et par association la Terre, s’est peu à peu apparentée à ce qui est sale, méprisable, voire punissable. Les rites païens qui les vénéraient ont été abolis comme s’il fallait occulter, oublier ce qui vient d’elles.

Une scission a vu le jour, toujours plus profonde, amenant des tragédies humaines : en bas, « sur Terre » et par prolongement chez la femme, un monde physique rempli de vices.

En haut, « au ciel » et par prolongement chez l’homme, un monde rationnel hautement honorable, relié à la pratique d’une spiritualité masculine élevée. La femme comme désespérément reliée à son corps, l’homme en recherche permanente de l’Esprit. C’est la scission corps/esprit qui perdure encore de nos jours avec, heureusement, une prise de conscience qui tente de réunifier notre être tout autant que de nous redonner place au sein de la Nature.

Réconcilier le corps et l’esprit

Le mouvement Wicca par exemple, permettant aux hommes qu’aux femmes de retrouver la pratique de rituels païens qui honorent la Nature et célèbrent le rythme des saisons. Le renouveau d’un tel mouvement montre le besoin important de renouer avec des traditions qui placent l’être humain et la Nature dans un rapport d’interdépendance sacrée. Un autre exemple est celui du World Womb Blessing qui propose des méditations à distance afin de se relier à l’esprit du Féminin sacré. Plus de cent mille femmes dans le monde s’y connectent afin de redonner à leur matrice l’attention sacralisée qui leur manque. Ce même mouvement mondial propose des soins et une pratique énergétique nommée « bénédiction », harmonisant le corps dans son entier et incluant la matrice comme centre énergétique du pouvoir de la femme. Les femmes ainsi resacralisent leur corps, lui offrent littéralement un temple, sans exclure les hommes.

Philippe Roch nous remet en mémoire que nous sommes tous les héritiers de « 4 milliards d’années de vie animale, de 400 000 ans de partenariat avec le feu et de 50 000 ans de civilisation paléolithique pendant laquelle l’homme était totalement immergé dans une vaste nature sauvage ».

Il est difficile de nier notre appartenance au monde naturel et le lien entre notre propre corps et celui de la Nature !

Si le corps et l’esprit ont été écartelés par la pensée judéo-chrétienne, des études anthropologiques décrivent d’autres rites de sociétés dites « premières » sur les sous-continents de l’Amérique du Nord et du Sud, auprès des tribus amérindiennes ou d’Amazonie. Mircea Eliade et Michael Harner, par exemple, ont détaillé le lien de ces sociétés avec le divin. Dans ces communautés, le partage des tâches est clairement défini par genre : femmes et hommes ont des activités différenciées. Concernant le corps des femmes, celles qui ont leurs menstrues ne participent pas à certaines cérémonies. En découvrant ces pratiques, nous avons souvent cru, en Occident, – fortes du combat que nous menions contre la discrimination des genres – que cette exclusion de la communauté était liée à la souillure du corps féminin telle que nous l’avions intégrée dans nos propres croyances. Après des années de proximité et d’intérêt pour ces peuples premiers, cette interprétation mérite d’être nuancée. Les célébrants ont pu expliquer que si la femme n’accède pas à certaines cérémonies, c’est que ces rites d’élévation vers le « grand esprit » ne lui sont pas nécessaires en période de lunes. 

Ce contact spirituel lui serait naturellement offert par la réceptivité accrue liée aux menstrues. Le divin serait-il donc en chaque femme ? De fait, nous vivons lors de nos lunes périodiques un état de réceptivité exceptionnel. Nous nous sentons dans notre corps comme dans un lieu clos et ouvert tout à la fois ; un lieu d’accueil et d’ouverture pour une révélation qui enfantera le nouveau. Dans ces traditions, il existe donc bel et bien une vision de la femme où celle-ci n’est ni sale ni impure, mais est un réceptacle pour que le divin se manifeste. Et si, par extension, le divin se manifestait dans tout corps physique ?



« Si l’humanité doit évoluer, cette évolution se fera dans le sacré, dans une conscience que la vie est magique, belle, enchanteresse, que la nature est un don, la manifestation d’un principe qui nous dépasse. Alors nous réaliserons notre vocation suprême : l’admiration. »


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