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mercredi 6 décembre 2017

Quelques Archétypes de la Femme Lunaire


Beaucoup de contes vous présentent comme des êtres à double facettes : nous considérant soit sous l'angle positif de la vierge pudique ou de la bonne mère, soit sous l'angle négatif de la maléfique et belle enchanteresse ou de l'horrible sorcière destructrice.


Dans certaines cultures, on pensait que le premier rapport sexuel d'une fille avait lieu avec le serpent, et qu'il était à l'origine de la menstruation, alors que dans d'autres, c'était la morsure du reptile qui provoquait le premier saignement. L’Eve présentée dans L'Eveil et l'Eve du jardin d'Eden se sont éveillées à leur féminité grâce à l'intervention du serpent. La  connaissance de la vie offerte par le fruit et héritage de la féminité, ne peut être accueillie qu'en acceptant également les énergies sexuelles et créatrices rythmiques du reptile.



Le Cheval
Beaucoup de cultures considéraient le cheval et plus précisément la jument, comme le symbole des forces de la fécondité, de l'énergie vitale, de la prophétie, de la magie et des profondeurs émotionnelles et instinctuelles. En particulier, une jument blanche représentait les facultés lunaires et ses fers en forme de croissant apportaient chance et protection. Elle symbolisait l'amour, la fécondité de la terre et la maternité. En un mot, elle détenait la souveraineté. En Irlande, le cheval était intégré aux rites élevant à la royauté. On pensait par ailleurs qu'au moment des moissons, l'âme du blé adoptait l'apparence d'un cheval.

Aujourd'hui à l'occasion des parades ou des manifestations annuelles, on peut encore rencontrer l'image du cheval sous la forme de la marotte d'osier. D'ordinaire c'est un costume, souvent de couleur noire, rouge ou blanche, fait pour une seule personne.

Pour les Celtes, le cheval avait une grande importance. Ainsi la déesse équine Epona était une divinité triple représentée montant une jument, ou accompagnée de juments et de poulains, tenant une corne d'abondance, un peigne, un miroir ou un gobelet. La déesse équine galloise Rhiannon possédait une troupe d'oiseaux dont le chant pouvait réveiller les morts ou endormir les vivants, renvoyant ainsi au côté obscur de la divinité en tant que déesse de la mort et de la renaissance.

Cet animal était associé aux lacs et à la mer autant qu'à la terre. La jument symbolisait la Mère Enceinte des eaux primordiales, source de toute vie. Même aujourd'hui, on fait allusion aux blanches crêtes écumeuses des vogues comme à des «chevaux blancs ». L’eau était associée à l'autre-monde celtique, et le légendaire parle de chevaux magiques qui mèneraient les héros par-delà les mers vers cette terre fabuleuse.

Les contes populaires rapportent que des chevaux magiques passaient les rives des lacs et des étendues d'eau, et que si on essayait de les monter, ils plongeaient le cavalier dans l'eau pour le noyer ou le dévorer. Dans certains contes, on pouvait identifier ces chevaux à leurs sabots et aux fers qui étaient retournés. Ces images reflètent les facettes occultes de la nouvelle lune, représentées par la mort et le transfert dans les profondeurs intérieures.

Les chevaux gardaient le pont entre les mondes visible et invisible, et ils étaient montés par les chamanes, capables d'évoluer entre les deux. On croyait aussi que c'était l'un des animaux en lesquels une sorcière pouvait se transformer. En résumé, le cheval symbolise le cycle lunaire complet. Il représente la dynamique biologique et l'évidente fécondité des phases lunaires visibles, mais il symbolise en même temps les facultés internes, occultes, de transformation et de mort propres à la nouvelle lune.



Le Lièvre
Les lièvres puis, plus tard les lapins, représentaient la fécondité, le dynamisme biologique de la croissance, du renouveau et du plaisir sexuel, de même qu'on les associait étroitement à la lune et à ses divinités. Le lièvre était notamment associé à la déesse Oestra, qui devait par la suite donner son nom à la fête de Pâques. On la représentait avec une tête de lièvre et les animaux qui l'accompagnaient pondaient les oeufs de la vie nouvelle pour annoncer la naissance du printemps - une image que nous retrouvons dans le « Jeannot lapin » pascal.

Norse, divinité lunaire scandinave et Freyja, déesse de l'amour et de la fécondité, étaient toutes deux assistées de lièvres, comme l'était Vénus, divinité romaine. On dit par ailleurs que les motifs visibles à la surface de la pleine lune tracent le portrait d'un lapin ou d'un lièvre, tandis que la tradition orientale montre que cet animal tire sa fécondité de la contemplation de l'astre nocturne. On l'associait aussi aux facultés féminines et lunaires que sont divination, transmutation, folie inspirée et sexualité. La reine celte Boudicca élevait un lièvre pour la divination : avant une bataille et afin de prédire son dénouement, elle le lâchait de sous son manteau et observait la voie qu'il suivait.

L’association du lièvre et de la sexualité est parvenue jusqu'à nous, trouvant à s'exprimer dans le concept d'employée de boîte de nuit habillée en lapin (bunny girls). Il est possible qu'en raison de ces connotations « indésirables » l'église médiévale ait regardé le lièvre comme un animal de mauvais augure. Dès lors, on associa les lièvres aux sorcières et on ne pouvait tuer celle qui en avait pris l'apparence qu'avec un crucifix d'argent ou, plus tard, avec une arme tirant des balles fabriquées dans ce même métal.



La Colombe
Beaucoup de divinités lunaires sont également assimilées à des oiseaux et à la colombe en particulier qui est depuis longtemps associée au féminin divin et à la lune. Elle symbolisait
Ishtar, Astarte, Inanna, Rhea, Déméter, Perséphone, Vénus, Aphrodite, Isis et, plus tard, le
Saint Graal. On la retrouve aussi dans l'iconographie de la Vierge Marie. Elle représentait la reine des cieux, de même que la féminité, la douceur, l'amour, la sexualité, la spiritualité, la sagesse et la paix.

Image de la clarté lunaire, elle apportait au monde sagesse et inspiration. Selon la tradition gnostique, Sophie ou la « Sagesse Sacrée » de Dieu, était représentée par une colombe dont on pensait qu'elle apportait sur la terre la lumière de la mère céleste. Au Moyen-Age, l'art chrétien s'en servait pour symboliser le Saint-Esprit, aussi les tableaux de l'Annonciation et du baptême du Christ la représentent-ils planant respectivement au-dessus des têtes de Marie et de Jésus.

On l'associait aussi à l'Arbre-lune puisqu'elle était posée sur une de ses branches. Une image analogue se retrouve dans les peintures la montrant sur la chevelure d'une divinité lunaire. La figure emblématique de la vie régénérée pour Ishtar et Athéna représentait la colombe tenant un rameau d'olivier dans son bec et l'offrant. Sacrées aux yeux des divinités, les tourterelles l'étaient également pour les Parques, car elles symbolisaient le rapport entre les oiseaux et les pouvoirs lunaires qu'étaient la prophétie et l'oracle. L’oracle antique de Dodona était un chêne habité par un groupe de colombes assistées de nombreuses prêtresses portant elles-mêmes le nom de « colombes ».

Il était prononcé par le chant des oiseaux, le son produit par leur bruissement dans les feuilles ou par leurs battements d'ailes en vol. Les tableaux représentant l'Annonciation montrent parfois une colombe tournant la tête vers l'oreille de Marie, comme si elle lui dévoilait son destin.

Cet oiseau symbolisait la facette de la lune qui dispensait vie et amour, la faculté que possède le caractère féminin de réconcilier dans l'harmonie l'âme et la conscience, l'humanité et la nature, la voix intérieure de la sagesse et l'intuition.

Extrait du livre : La Femme Lunaire de Miranda Gray



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