Les
chasseurs-cueilleurs ont associé les rythmes de la nature, l’abondance de ses
dons nourriciers, la magie de la naissance et de la vie, avec la femme et son
pouvoir de procréation auquel ils se sentaient étranger.
La
perception intuitive de ces hommes immergés dans la nature et soumis à ses
cycles leur avait fait prendre conscience des faisceaux d’énergie qui
sous-tendent le vivant et animent le monde naturel. La Terre elle-même leur
apparaissait comme un être vivant qui les abritait, les nourrissait et
déterminait leur vie et leur mort. Elle était parcourue d’ondes de vie, parfois
terribles, elle avait tout pouvoir sur eux, un pouvoir qui dépassait leur
compréhension.
L’ivresse de
vivre des premiers hommes dans leur fusion perpétuelle avec les rythmes de la
nature leur rappelait sans doute l’extase vécue dans l’accouplement avec leurs
compagnes. Et de plus, elles donnaient la vie, tout comme la Terre elle-même.
Ils n’avaient alors aucune conscience de leur rôle procréateur, ils accordaient
alors toute la magie de la naissance aux seules femmes.
C’est sans
doute ainsi que la fascination et le mystère de la vie prirent dans la
conscience des enfants de la Terre une forme féminine : Le sens du sacré fut
paré des formes et des attributs de la femme, car Nature et Femme appartenaient
au même monde magique des ondes et des forces de Vie, un monde qui échappait à
la compréhension de l’homme mâle.
Le mythe de
la création apparut alors et donna un ancêtre unique à l’ensemble de l’humanité
et au monde : La Grande Mère Cosmique. L’apparition de la Grande Déesse dans la
conscience magique est l’élément fondateur de toute religion, avec ses rituels
chamaniques et magiques.
L’EMPIRE DE LA
DEESSE-MERE
Dès le
paléolithique, on voit apparaître des représentations stylisées, sous la forme
de statuettes d’argile ou d’ivoire, de la femme dans toute sa splendeur féconde
; elles témoignent d’un culte naissant de la fécondité incarnée par la femme. En
ces temps anciens la société était régie par les femmes, les chasseurs étaient
soumis à un régime matriarcal.
Le Féminin
sacré des origines était solaire, source de vie la grande Déesse était associé
à l’astre car les hommes avait perçu sa nature ignée : l’énergie de vie qu’ils
portaient en eux était feu, (nous retrouverons cette symbolique dans les
enseignements ésotériques de l’Inde) elle était issue du soleil lui-même.
Dans les
langues celtiques et en allemand, le Soleil est féminin, la Lune
masculin. A Babylone le dieu Sin était lunaire, tout comme Osiris en Egypte (c’est
Isis qui arborait alors l’emblème solaire sur sa coiffe), tout comme Shiva, le
plus antique dieu de l’Inde (qui porte un croissant de lune sur son chignon).
La Grande
Déesse était aussi associée à l’arbre de vie car elle présidait à l’abondance
de la Nature, à la procréation et aux plaisirs qui y sont associés. Mais,
associée aux courants et aux forces telluriques, elle prit alors les formes
symboliques du serpent chtonien et du dragon, alors considérés comme des
entités positives associées à la Vie elle-même. La femme était alors considérée
comme l’incarnation dans la matière de la grande déesse, elle représentait le
pouvoir créateur de la déesse mère et elle était l’instrument de son pouvoir
dans le monde.
Elle seule
pouvait communiquer avec l’invisible, le sacré. Aussi la femme antique était-elle
chamane, guérisseuse, magicienne et prêtresse.
Cette époque
révolue fut celle du triomphe de la femme ; incarnation du sacré, elle dominait
la société humaine et présidait à la naissance de la conscience religieuse. Elle
était le seul lien entre les mâles et l’invisible qu’ils pressentaient avec
respect et crainte.
Source :
LE FEMININ SACRE ET LA QUETE DE L’UNITE PERDUE de Jean Bernard Cabanes
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