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mardi 1 mars 2016

Tabou de la maternité chez des Amérindiens


Un trait intéressant du groupe familial Innu montagnais est la polygamie pratiquée par les hommes. Le père Lejeune nous donne une explication sommaire de cet état lorsqu’il écrit : « étant en plus grand nombre que les hommes, si un homme n’en peut épouser qu’une, les autres sont pour souffrir… ». Comme dans la plupart  des sociétés qui pratiquent la polygamie, un homme ne peut avoir plus de femmes qu’il peut en faire vivre. Dans ces conditions, les talents de chasseurs du mari sont essentiels s’il désire avoir plusieurs femmes. Habituellement, l’homme choisi comme seconde épouse sa belle-sœur. Le second mariage survient généralement lors de la grossesse de la première femme.

À ce moment, celle-ci doit se retirer et ne peut vivre près de son mari aussi longtemps qu’elle allaite (tabou de la maternité). Cette période peut varier de deux à trois ans. Lejeune note qu’il n’est pas rare de voir un chasseur épouser deux sœurs en même temps. Pour la femme montagnaise, la question ne se pose pas; celles-ci doivent être monogames et fidèles. Le taux de natalité est très bas chez ces nomades. Leurs perpétuels déplacements peuvent expliquer ce phénomène. Il est en effet difficile de devoir traîner plusieurs enfants en bas âges à travers la forêt lors des expéditions de chasse



Une société sexiste équilibrée

Bien que les différentes tâches associées aux femmes et aux hommes ne soient pas exclusivement du ressort de l’un ou l’autre des sexes, on peut définir certains champs d’activité appartenant à chacun des deux groupes. C’est l’homme qui pourvoit sa famille de l’essentiel en nourriture, il s’occupe de la grosse chasse, de la fabrication des canots et de tout ce qui touche la manufacture d’objets en bois. La femme s’occupe des tâches autour de la maison. Elle fait la petite chasse, la préparation des repas, le tannage des peaux rapporté par l’homme et le ramassage et la fente le bois pour le feu. Comme nous pouvons le constater, les tâches de l’homme l’emmènent à s’éloigner couramment du groupe pour des périodes plus ou moins prolongées. La femme, quand à elle s’occupe des activités de maintien et d’entretien du campement. Bien sur, ces taches peuvent être accomplies par l’un ou l’autre des membres du groupe quand la nécessité de le demande. Ainsi, même si cela est rare, il est toujours possible de voir une femme participer à la chasse aux gros gibiers.

Une égalité des sexes remise en cause par la modernité

Dans la société pré-coloniale, les deux groupes jouissent d’un statut égalitaire. L’autorité n’est pas l’apanage des hommes et l’on pouvait très bien retrouver des femmes chamans ou tenant des conseils et prenant des décisions socio-économiques. C’est en fait avec l’arrivée des colons européens que s’opère une transformation dans l’équilibre du groupe. Avec l’augmentation des échanges, s’opère une scission du statut égalitaire qui régnait dans la communauté. Les femmes, qui occupaient une sphère d’activité reliée plus au domaine familial, à la fabrication des outils et instruments courants voient cette activité leur échapper graduellement au profit des produits manufacturés d’origine européenne. Avec cette tendance, leur rôle au sein des communautés se trouve dorénavant relégué à celui de la maternité.


SOURCE : Extrait du Magazine geo-hist-matriarcat

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