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vendredi 11 mars 2016

L'amour vrai se révèle désormais possible.


Les Aphrodite, les Hélène et les Pénélope sont loin. En cet amour toujours nouveau, chacun respecte parfaitement l'autre, et surtout sa liberté, considérant qu'aimer l'autre, c'est l'accepter tel qu'il est, dans son unicité d'être humain. Le couple véritable se révèle être un couple a quatre : l'homme et l'anima, la femme et l'animus. Les rêves sont là, si nécessaire, pour confirmer le bonheur d'une élection réciproque. L'union en sera-t-elle idéale pour autant ? Quelques orages pourront éclater ; mais parce que l'amour reste plus fort que la mort, ils se convertiront en rites de passage confirmant l'indéfectible.

Tel se révèle l'amour vrai, par delà tout sentimentalisme. Sans doute, devant la femme, l'homme continuera de ressentir une peur inconsciente, car elle détient toujours une puissance ambiguë : elle est celle qui, ayant le pouvoir de donner la vie, donne par conséquent, à long terme, la mort. C'est ce qu'ont toujours su le patriarcat et l'institution chrétienne, soucieux de laisser à distance ce "fléau délectable", comme dit Jean Chrysostome. Marie n'a jamais vraiment détrôné Eve. Mystère, beauté, grandeur restent les emblèmes de la femme. Mais à l'heure où celle-ci acquiert son autonomie et se voit reconnue adulte à part entière, il est temps pour elle d'éviter les pièges d'un féminisme exacerbé qui ne ferait d'elle qu'une très imparfaite copie de l'homme, et de travailler à son accomplissement par ce que Marie-Louise von Franz appelle la "libération du cœur". N'oublions pas que "le féminin porte en lui, comme le disait déjà Ruzbëhan, la lumière de l'Esprit".




Interprétation psychologique d'une image pieuse
Que voit-on au premier coup d'œil sur cette image du XVIIe siècle (Prinz, Altorientalische Symbolik) ? La Vierge Marie entourée du soleil (le jour = le conscient) et la lune (la nuit = l'inconscient). Ses pieds sont posés sur la lune : l'inconscient nocturne qui se manifeste dans nos rêves.

A gauche, l'angelot montre le soleil ; à droite, l'autre angelot montre la lune, de façon à indiquer combien il nous est nécessaire de nous occuper de ces deux mondes afin de devenir de plus en plus conscient de ce que nous sommes.

A gauche, deux autres angelots tiennent des fleurs : récompense d'une prise de conscience. A droite, l'homme tient un miroir, symbole de narcissisme et reflet de l'individu tel qu'il est dans sa profondeur. Si l'homme accepte la souffrance, l'âme se transformera en un miroir et les pouvoirs divins s'y réfléchiront. En bas, un autre tient une peau de bête qu'il nous est demandé d'abandonner, tout en veillant à nous en souvenir, car notre corps est là, indispensable à nos prises de conscience.

Le bas de l'image en révèle l'aspect ésotérique : la Vierge est entourée en bas (donc dans l'humilité) du jardin clos quadrangulaire (l'étude des quatre fonctions), du temple rond : côté sacré de la totalité de l'être humain, de la tour : besoin et nécessité des moments de solitude, de la porte qu'il nous faut pousser (souvent avec l'aide d'une personne dont le niveau de conscience sera plus élevé que le nôtre), du puits (qui nous incite à descendre dans notre profondeur), de la fontaine de vie qui coule en nous jour et nuit en nous offrant mille occasions de nous connaître mieux, souvent grâce aux épreuves.

Le palmier se dresse en tant qu'Arbre de vie, de victoire (sous forme de palme), symbole de résurrection (voir Apocalypse). Le moindre souffle de vent fait se balancer la palme comme on berce un enfant. Quant au cyprès, autre Arbre de vie toujours vert, planté au cimetière, il parle de résurrection.


Rolande Biès  - 2002 Une et multiple, la femme chez C.G. Jung - 

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