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vendredi 26 février 2016

Gestion des terres par le conseil des mères


Les Iroquois avaient un système similaire de distribution des terres. La tribu possédait toutes les terres, mais attribuait des territoires aux différents clans qui les répartissaient à leur tour entre les ménages pour les cultiver. Le terrain était régulièrement redistribué entre les ménages, au bout de quelques années. Un clan pouvait demander une réaffectation des territoires lors des réunions du Conseil des Mères de clan. Les clans coupables d’abus de terrain ou de négliger celui qui leur était alloué, recevaient un avertissement du Conseil des Mères. La pire punition était l’attribution de leur territoire à un autre clan. La propriété de la terre était l’affaire des femmes, de même que la culture du sol pour la nourriture était leur travail. Le Conseil des Mères réservait aussi certaines portions de terrain pour être travaillées en commun par les femmes de tous les clans. La nourriture produite sur ces terres, appelée kěndiǔ »gwǎ’ge’ hodi’yěn’tho, était consommée lors des fêtes et des grands rassemblements.



Une société sexiste équilibrée

La contribution importante des femmes dans l’économie domestique leur faisait accéder à une autonomie importante même si la division socio-sexuée des tâches était très forte et que sa transgression impliquait une mise à l’écart. Femmes et hommes en nombre égal occupaient les fonctions de “gardiens de la foi”, personnes d’influence qui admonestaient les autres pour les infractions morale. Le rôle déterminant dans l’exercice du pouvoir appartenait aux aînés des deux sexes. Ce n’était pas une “gynécocratie” mais une “gérontocratie”.

La division sexuelle des rôles était stricte, mais relativement égalitaire; l’économie ne reposait pas sur l’exploitation d’un groupe par un autre, mais sur la coopération entre les familles et les sexes. La division du travail reflétait le clivage dualiste caractéristique de la culture iroquoise, où les dieux jumeaux Hahgwehdiyu, Jeune Arbre (Est) et Hahgwehdaetgah, Silex (Ouest) personnifiaient la séparation fondamentale entre deux moitiés complémentaires. Le dualisme appliqué au travail attribuait à chaque sexe un rôle clairement défini qui complétait celui de l’autre.

Les femmes accomplissaient les tâches liées aux champs et les hommes, celles attachées à la forêt, y compris le défrichement et le travail du bois. Les hommes se chargeaient principalement de la chasse, de la pêche, du commerce et du combat, alors que les femmes s’occupaient de l’agriculture, de la cueillette et des tâches ménagères. Les activités artisanales étaient réparties également entre les sexes. Les hommes réalisaient les constructions et l’essentiel des équipements, y compris les outils utilisés par les femmes pour les travaux des champs, tandis que les femmes assuraient la fabrication du petit matériel de piégeage, des poteries et de la plus grande part des ustensiles ménagers, de l’ameublement, des articles textiles et des vêtements. Cette spécialisation par sexe était la principale façon de diviser le travail dans la société iroquoise. À l’époque de la rencontre avec les Européens, les Iroquoises produisaient environ 65% des biens et les hommes 35%24. En combinant des productions alimentaires différentes et réparties sur presque toute l’année, ce système mixte réduisait les risques de disette et de famine.



« La société iroquoise présente tous les aspects d’une démocratie matrilinéaire, essentiellement orientée vers la culture du maïs (15 qualités), de la courge et du haricot (60 variétés). Tandis que les hommes chassent et pêchent dans les rivières et sur les lacs, les femmes se consacrent aux activités agricoles. De longues « maisons communes » construites en écorce abritent plusieurs familles dont chacune est dotée d’un emblème distinctif (totem)
… »T.C. McLuhan, Pieds nus sur la terre sacrée.

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