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jeudi 24 septembre 2015

L'argent doit-il vraiment devenir une valeur féminine ?




Traditionnellement, la femme est tournée vers le foyer, l'intérieur. C'est elle qui prépare les bêtes ramenées par le chasseur, allume le feu dans l'âtre pour faire cuire la viande et tanne les peaux pour en faire des vêtements. C'est elle qui enfante, nourrit et élève les enfants qui passeront les premières années de leur vie dans la chaleur du foyer maternel. Et la tradition marque toujours nos modes de vie, la femme met au monde et prend soin des tout-petits. D'ailleurs, n'est-ce pas à elle qu'est confiée le plus souvent la garde des enfants lors de la séparation des parents ?



Et si traditionnellement, la femme est tournée vers l'intérieur, l'homme, quant à lui, est tourné vers l'extérieur. Il est celui qui parcourt les contrées pour rapporter la nourriture, celui qui affiche ses exploits de chasse ou de combats, échange, décide, dirige. Il est l'être social. Simone de Beauvoir expliquait cette différence de rôles entre les hommes et les femmes par la différence anatomique de leurs sexes. Le vagin, à l'intérieur, est caché, secret ; le pénis, à l'extérieur, est voyant et exposé aux regards. Les rôles sont donc complémentaires et le lien que chacun entretient avec l'argent est fortement dicté par son genre social.


Mais qu'en est-il aujourd'hui ? L'argent est-il toujours l’apanage des hommes ? A voir l'initiative de certaines femmes africaines pour lutter contre la pauvreté par le biais de micro-crédits, on pourrait penser que non. Mais en France ? L'INSEE nous apprend qu'en 2008, une femme travaillant à temps complet gagne en moyenne 19,2 % de moins que son homologue masculin. L'argent n'est donc pas une priorité féminine. Et la pauvreté, la vraie, celle qui condamne à vivre dans la précarité de la rue touche plus fortement les femmes et les enfants. Triste constat...


Mais parlons de valeurs féminines cette fois. Car l'argent est une valeur, marchande peut-être, mais en aucun cas morale ou spirituelle. Les valeurs, donc, que l'on attribue à la féminité seraient des valeurs d'amour, d'empathie, de douceur, d'écoute et de solidarité. Est-ce compatible avec le fait de gagner de l'argent, beaucoup d'argent ? Et pour gagner plus, il faut aussi travailler plus comme cela a été dit dernièrement. Mais la carrière professionnelle n'est pas souvent compatible avec une vie de femme et surtout avec l'accès à la maternité. On sait les difficultés que les femmes ont à garder leur emploi ou à gravir les échelons si elles prennent un congé parental pour accompagner le tout-petit dans les premiers moments de sa vie. Et aux femmes de carrière de mettre leur vie de famille entre parenthèses, ce qu'on leur reprochera peut-être ensuite.


Alors le rapport des femmes à l'argent peut-il changer ? Et surtout doit-il changer ? Si l'argent signifie posséder et accumuler, est-ce dans notre intérêt de se l'approprier ? Par contre, si l'argent sert la solidarité et la dimension du cœur, les femmes ont toute leur place. Déjà, il faudrait élargir la définition de la paternité. Cela impliquerait un changement plus grand encore des mentalités et une volonté des pouvoirs publics de rendre le congé parental masculin plus séduisant qu'il n'est à l'heure actuelle (en effet, sa rémunération semble peu motivante). Ensuite, il faudrait que la femme soit en pouvoir de mener de front sa vie de mère et sa vie professionnelle sans avoir à choisir. Dans une société où l'homme et la femme accordent la même importance au travail et à la parentalité, chacun peut envisager un meilleur accès à l'argent.


Mais finalement, peut-être devrions-nous revoir son importance et son rôle dans notre société. Où en sont les valeurs humaines de paix et d'amour ?


D'après Omraam Mikhaël Aïvanhov, maître spirituel du XXème siècle, « si les femmes s'unissent dans le but sublime de régénérer l'humanité, elles gagneront l'estime des hommes. De nouveau, ils seront obligés de les respecter, de les admirer, de les estimer et d'être inspirés par elles. L'époque qui vient sera celle de l'amour : cela signifie que ce sera l'époque de la femme. » 

Euriel Bourreau



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