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samedi 30 mai 2015

LA FEMME PAPILLON ou COLOMBE


Le choix de cet insecte comme symbole de la féminité remonte aussi loin que la période néolithique. Il représentait la déesse minoenne de la vie et de la fécondité, rappelant par la forme de ses ailes les lèvres de l'orifice vaginal féminin. Chez les Aztèques, il symbolisait la végétation et la fécondité, de même qu'une espèce précise le représentait en divinité présidant aux rites en rapport avec les femmes et les fleurs. Le papillon était associé à l'âme ainsi qu'au feu de l'esprit et de la renaissance. La mue de la chenille en papillon était regardée comme métaphore du concept de vie après la mort, d'abandon du corps terrestre pour une forme nouvelle et plus belle. 


Dans le légendaire irlandais, la vierge Etain, jalousée par une rivale en amour, fut changée en papillon et voyagea de par le monde sous cette apparence jusqu'à ce qu'elle renaisse sous une forme humaine. On l'associait aussi au feu, et le mot gaélique désignant le tissu allumant les feux de la communauté à partir du feu de joie cérémoniel était le même que celui employé pour « papillon ». Comme c'est le cas pour d'autres représentations féminines, on l'associait à la lune compte tenu de la courbure de ses ailes rappelant les croissants de cet astre en phase ascendante et descendante ; l'art de Minos a d'ailleurs stylisé cette forme par la suite pour aboutir à la hache à double tranchant, ou labrys.

 

Beaucoup de divinités lunaires sont également assimilées à des oiseaux et à la colombe en particulier qui est depuis longtemps associée au féminin divin et à la lune. Elle symbolisait Ishtar, Astarte, Inanna, Rhea, Déméter, Perséphone, Vénus, Aphrodite, Isis et, plus tard, le Saint Graal. On la retrouve aussi dans l'iconographie de la Vierge Marie. Elle représentait la reine des cieux, de même que la féminité, la douceur, l'amour, la sexualité, la spiritualité, la sagesse et la paix. Image de la clarté lunaire, elle apportait au monde sagesse et inspiration. Selon la tradition gnostique, Sophie ou la « Sagesse Sacrée » de Dieu, était représentée par une colombe dont on pensait qu'elle apportait sur la terre la lumière de la mère céleste. Au Moyen-Age, l'art chrétien s'en servait pour symboliser le Saint-Esprit, aussi les tableaux de l'Annonciation et du baptême du Christ la représentent-ils planant respectivement au-dessus des têtes de Marie et de Jésus. On l'associait aussi à l'Arbre-lune puisqu'elle était posée sur une de ses branches. Une image analogue se retrouve dans les peintures la montrant sur la chevelure d'une divinité lunaire. La figure emblématique de la vie régénérée pour Ishtar et Athéna représentait la colombe tenant un rameau d'olivier dans son bec et l'offrant. Sacrées aux yeux des divinités, les tourterelles l'étaient également pour les Parques, car elles symbolisaient le rapport entre les oiseaux et les pouvoirs lunaires qu'étaient la prophétie et l'oracle. 


L’oracle antique de Dodona était un chêne habité par un groupe de colombes assistées de nombreuses prêtresses portant elles-mêmes le nom de « colombes ». Il était prononcé par le chant des oiseaux, le son produit par leur bruissement dans les feuilles ou par leurs battements d'ailes en vol. les tableaux représentant l'Annonciation montrent parfois une colombe tournant la tête vers l'oreille de Marie, comme si elle lui dévoilait son destin. Cet oiseau symbolisait la facette de la lune qui dispensait vie et amour, la faculté que possède le caractère féminin de réconcilier dans l'harmonie l'âme et la conscience, l'humanité et la nature, la voix intérieure de la sagesse et l'intuition.

 

EXTRAIT de "Les forces du cycle féminin" de Miranda Gray  

 

 

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