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vendredi 11 juillet 2014

LA FEMME SENIOR AU BOULOT



EMPLOI - Etre une femme et de surcroît âgée de plus de 45 ans: deux caractéristiques de trop sur le marché du travail? Oui, à en croire les statistiques et les nombreux témoignages de seniors évincées de l'emploi, parce que considérées trop chères ou peu compétentes.
Alors que le ministre du Travail, François Rebsamen, doit annoncer aujourd'hui des orientations en faveur de l'emploi des seniors, toutes les études montrent que les femmes sont particulièrement pénalisées.

Selon les dernières données diffusées par le ministère du Travail en 2011, le taux d'activité des personnes âgées de 55 à 64 ans était de 47,2% pour les hommes et de 41,8% pour les femmes. Pour cette dernière tranche d'âge, 34% d'entre elles travaillent à temps partiel, contre 11% pour les hommes.

Indicateurs inquiétants
Le Centre national d'information sur les droits des femmes et des familles (CNIDFF) s'est récemment ému d'indicateurs inquiétants, alertant sur la nécessité de se préoccuper de ce public. Selon Claire Caminade, conseillère technique de Centre explique que "les seniors auraient du mal à s'adapter aux évolutions technologiques, coûteraient plus cher qu'un jeune, ne seraient pas mobiles, ou accepteraient mal la hiérarchie."

D'après les études, ce sont aussi les femmes qui s'occupent majoritairement d'un proche en perte d'autonomie, les obligeant parfois, à 45 ou 50 ans, à mettre une nouvelle fois leur carrière entre parenthèses. Françoise Holder, présidente de l'association Force femmes, rappelle que 'les femmes séniores subissent une double discrimination. (...) C'est toujours plus compliqué pour une femme qui sort d'un licenciement ou de plusieurs grossesses de se réinsérer dans la société, de retomber sur ses pieds. Le deuxième problème est lié à l'âge."
Selon elle, l'association accueille parfois des femmes "tellement démoralisées, qu'il faut avant tout les sortir de leur solitude, les faire entrer dans un réseau". C'est le cas de Monique Desserme, bientôt 58 ans, qui évoque un parcours "pas facile, sans faute", mais ponctuée par la violence d'un mari alcoolique. Obligée de quitter son poste, Paris, et d'élever seule sa fille en province, elle dit "ramer" depuis une dizaine d'années. "A mon âge, on vous prend, on vous exploite et on vous jette", juge-t-elle, amère.
La discrimination par l'âge ouvertement assumée
A 52 ans, Claire Audiffret, confie, elle, être rentrée dans "une problématique de survie économique". "J'ai deux handicaps: mon sexe - car les hommes se cooptent -, et mon âge énormément", affirme-t-elle. Ancienne dirigeante d'association, remplacée il y a trois ans par "quelqu'un de plus jeune, en CDD", elle est au RSA depuis six mois. "Je cherche de manière très active, par le réseau, les annonces, les candidatures spontanées; je me déplace même pour déposer des CV, aujourd'hui je prendrais n'importe quoi, je n'ai plus aucune prétention salariale", assure cette diplômée de Sciences-Po Paris.
Désabusée, elle songe aujourd'hui à essayer de vivre de la vente de ses peintures - "mais c'est trop risqué avec un enfant à charge"- ou à passer un Capes de lettres, pour devenir professeur. Selon Sébastien Bompard, le président de l'association A Compétence Egale, qui veut lutter contre tout type de discrimination à l'embauche, l'âge est l'un des rares sujets de discrimination encore ouvertement "assumé" par les recruteurs.
A 57 ans, Françoise Chassande-Baroz, ancienne commerciale au chômage, affirme avoir subi lors d'un récent CDD, du "harcèlement lié à l'âge, dans un environnement très machiste". Elle jure qu'à la rentrée, "elle va tout faire pour trouver un job". Mais avec une certitude: il lui faudra trouver le moyen "de surtout ne pas dire son âge".

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