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vendredi 13 juin 2014

La maternité est une fontaine de jouvence


Le Point.fr ouvre son espace de débat au professeur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes à la faculté de médecine de Marseille-2.

Le dernier prix Nobel de médecine a été attribué à deux chercheurs, Gurdon et Yamanaka, qui ont réussi à reprogrammer des cellules humaines matures pour en faire des cellules embryonnaires, c'est-à-dire des cellules capables de se transformer en n'importe quelles cellules spécialisées (coeur, cerveau, peau). Ce qui ouvre de grandes perspectives thérapeutiques, ces cellules pouvant se substituer aux cellules défaillantes chez l'adulte.
Or, cette "reprogrammation cellulaire" se fait de façon naturelle chez la femme enceinte. En effet, on a découvert, il y a quelques années, que les femmes étaient souvent porteuses d'un "microchimérisme", c'est-à-dire qu'elles portaient des cellules qui étaient des cellules d'origine différente des leurs. On trouve ainsi, chez la plupart des femmes qui ont eu un garçon, des cellules possédant des gènes de garçon, en particulier dans leur cerveau.
En clair, ces femmes ont été colonisées par des cellules souches de leur enfant pendant leur grossesse. Des cellules issues de l'embryon ou du foetus, qui passent dans le sang maternel. Par ailleurs, on sait que les femmes ont une espérance de vie beaucoup plus longue que celle des hommes. Et cela reste vrai, même une fois corrigés les biais liés aux comportements (tabac, alcoolisme, violence). Les femmes vivent en moyenne plus longtemps et en particulier celles qui ont eu des enfants, encore plus quand ce sont des mères de famille nombreuse !
Quid des hommes ?
Cette colonisation cellulaire des mères par leurs enfants fonctionne donc comme une fontaine de jouvence ! En outre, ces cellules souches, acquises pendant la grossesse, pourraient jouer un rôle dans la protection contre les cancers du sein et contre la maladie d'Alzheimer. 

Quid des hommes ? Ils ne deviennent pas des chimères, sauf, éventuellement, à l'occasion de transfusions massives chez les immunodéprimés, mais dans ce cas, hélas, ce ne sont pas des cellules souches, et elles ont un effet plutôt négatif. Ainsi, contrairement à ce que disait Simone de Beauvoir - "On ne naît pas femme, on le devient" -, il apparaît que certaines femmes, nées totalement femmes, deviennent un peu des hommes, sans le savoir, après avoir été enceintes d'un garçon ! Ce qui, du même coup, contredit la classification simpliste hommes-femmes sur la totalité des gènes.


*Auteur de De l'ignorance et de l'aveuglement : pour une science post-moderne, Kindle Édition, 317 pages, 5,53 euros.

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