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vendredi 29 août 2014

LE VENTRE DE LA FEMME


Pour toutes sortes de raisons, les femmes ne veulent pas avoir de ventre, elles le cachent ou le durcissent. Elles bloquent alors l’énergie vitale de cet espace sacré qui siège en elle.

Aimez-vous votre ventre ? Tentez-vous de le camoufler ? Est-il trop gros, trop mou, trop dur, vide, plein, douloureux ? Quels sont ses mots et ses maux ? Les femmes sont souvent mal à l'aise pour en parler. 

Halte au diktat de la mode !
La relation à notre ventre est essentiellement dictée par la mode et le souci d’afficher une belle apparence. Nous durcissons notre abdomen en travaillant notre musculature et visons un modèle physique idéal qui ne se préoccupe guère de notre santé. Les femmes veulent ressembler à des mannequins qui nous montrent des corps d’enfant ou d’adolescente. 
Il serait pourtant si primordial que la société nous présente de belles femmes, épanouies dans leur féminité et leur sexualité. Car le souci d’un ventre plat et dur fait preuve d’une absence de conscience. Pour ma part, j’encourage les femmes à entretenir leur ventre pour le rendre souple et moelleux. Que l’énergie vitale et sa puissance créative circulent librement. 
En Asie, les Taoïstes valorisent le Dan Tian et les Japonais, le Hara, cette zone située au niveau du nombril qui englobe l’ensemble du bas-ventre. Ils cherchent à remplir le ventre de Qi ou de Ki, l’énergie vitale, et mettent l’accent sur l’importance de maintenir un Hara fort et en bonne santé. Un ventre sain exprime le calme et la sérénité ; il implique nécessairement une relation avec la terre. 
L’image du guerrier pacifique représente bien cette force tranquille : un individu dont le pouvoir se situe davantage dans la souplesse du corps et de l’esprit que dans celui de la force physique. 
Le ventre, foyer de toutes nos blessures et de toutes nos forces 
De nombreux chercheurs aujourd’hui se préoccupent de la santé du ventre, notre "deuxième cerveau". Certains ont constaté que moult désagréments (fatigue, dépression, maux de dos, insomnie, etc.) y prenaient naissance tandis que d’autres y ont découvert un réseau de neurotransmetteurs identiques à ceux de notre cerveau. 
Dans son ouvrage, "Ce que les maux de ventre disent de notre passé" (Petite Bibliothèque, Payot), le Dr Ghislain Devroed établit des corrélations entre les maux de ventre et notre difficulté à nous épanouir dans notre féminité et notre sexualité. 
Rappelons que dans le ventre se situent les organes reliés à la reproduction et à la sexualité (les ovaires et l’utérus), mais aussi ceux liés à l’élimination (les intestins et les reins). Psychiquement, nos tripes sont liées à la capacité de laisser aller le passé, de nous libérer de ses mémoires. Si nous les retenons, nous nous constipons. 
Ainsi, dans le ventre de toutes les femmes, se logeraient leurs peurs, leurs blessures (honte, culpabilité, impuissance, désespoir, tristesse, colère, contrôle, insécurité), mais aussi leurs pouvoirs. 
Il est donc nécessaire et souvent urgent d’alléger ce ventre, de libérer ses mémoires, de l'assouplir, de lui redonner sa tonicité afin de libérer les émotions accumulées qu'il contient pour retrouver notre puissance créatrice. 
Notre ventre, temple de la femme 
Le ventre de la femme est un véritable temple sacré. Lorsqu’elle est pénétrée dans son temple, son utérus, avec respect et honneur, sa terre est moissonnée, labourée, prête à accueillir de nouvelles semences, et l’orgasme joue son rôle pour purifier les mémoires de cette terre, vivifier les cellules du ventre et connaître la légèreté de l’être. Cette mémoire a été transmise de génération en génération, par le cordon ombilical. 
Oui, nous sommes toutes et tous passés par le ventre d’une femme pour naître à la vie. Nous avons tous vibré dans le ventre de notre mère par un lien physique et psychique à ce qu’elle vivait (situation avec le père, avec sa famille, sa situation financière), à ce qu’elle ressentait (joie, amour, peur, tristesse, colère, rage, honte, culpabilité) et à ce qu’elle pensait (d’elle-même, du bébé à venir, des hommes, des femmes, de la Vie). 
Alors, quelle est donc l’histoire de votre ventre ? Comment parle-t-il de votre utérus, de vos ovaires, de votre sexualité, de votre créativité, de votre féminité, de vos mémoires ? 
Le ventre de la femme a besoin de plus de souplesse, de légèreté et de joie. Voilà pourquoi la femme aime tant danser. Elle se libère à travers le mouvement. 
Dans mes séminaires, j’offre différents moyens pour guider les femmes à retrouver toute cette douceur, cette souplesse et cette joie d’être une femme. Guider les femmes à entrer en relation intime avec leur ventre, à libérer leurs émotions accumulées, leurs mémoires du passé est un grand service à rendre à l’inconscient collectif des femmes. 

L'experte :   
Sylvie BÉRUBÉ a cofondé l’École internationale du Féminin sacré à Montréal. Elle est l’auteure de livres comme "Dans le ventre d’Ève, à la découverte du féminin en soi" (éditions Véga). Elle est aussi, au Canada et en Europe, formatrice de thérapeutes en Méthode de Libération des Cuirasses 

LES DIFFERENCES HOMME-FEMME


L'affirmation d'une égalité entre l'homme et la femme est utile dans le monde économique et social parce qu'elle renouvelle les rôles possibles et introduit la féminité dans des secteurs où elle était absente. L'affirmation d'une différence reste essentielle dans le domaine de la sexualité, des valeurs et de la spiritualité. Nier cette différence par un tour de passe-passe mental ne peut aboutir qu'à un accroissement du malaise de civilisation. Si tous les esprits en éveil appellent de leurs voeux le surgissement de la femme engloutie, ce n'est pas pour qu'elle revête l'habit masculin. Ce déguisement ne peut qu'annihiler l'effet de renouvellement qu'on attend d'elle. Ce ne sont pas les femmes qui arborent une franche masculinité qui sont en question. 

Celles-là seront de toute façon toujours minoritaires. Le problème se pose pour ces femmes, hyper-féminines d'apparence, mais qui sont passées dans le camp des hommes pour être des gagnantes et des battantes et qui ont oublié de se penser en tant que femmes dans les secteurs où elles se propulsent. Elles sont fascinées par le pouvoir et elles en oublient que leur vocation est d'ordre supérieur dans le domaine de l'amour. La tendance consiste à mettre en avant le concept d'égalité et à se donner un léger frisson de sensationnalisme en disant : " La frontière des sexes serait donc plus aisée à franchir qu'on ne le croit. " L'être humain a toujours la tentation de transgresser l'ordre naturel tel qu'il s'impose à lui, au mépris parfois de sa survie et de son équilibre. 

Pourtant, le fait que les hommes et les femmes soient des êtres humains implique-t-il qu'il soit bon et nécessaire de gommer, négliger ou minimiser leurs différences sexuelles ? 
A l'inverse, doit-on approfondir jusque dans leurs dernières conséquences ces différences biologiques pour permettre à l'homme et à la femme de s'accomplir en tant qu'êtres humains ? 

Les deux positions sont extrêmes et comme telles ne peuvent engendrer que des déséquilibres. Les sociétés passées ont voulu traduire la différence des sexes dans le moindre détail de leur organisation et maintenir deux mondes séparés et souvent antagonistes. La prise de conscience contemporaine vise à éteindre une guerre qui n'a que trop duré entre l'homme et la femme, une guerre qui est devenue coûteuse et trop dangereuse avec les armes de destruction dont dispose la civilisation. La guerre entre l'homme et la femme est à la base de la notion même de guerre; elle est le feu premier qui alimente indirectement tous les autres. Et c'est pour cela qu'il devient aussi nécessaire et urgent de s'en occuper. 

Ce qui ne signifie pas que nous ayons réussi; ce qui commence à s'éteindre à gauche se rallume à droite et vice versa. Pour le moment nous ne sommes que mobilisés, prudents, circonspects avançant à pas comptés sur un volcan qui menace d'entre; en éruption. Les hommes et les femmes se rapprochent, interchangent leur rôle et leurs vêtements, essaient de se comprendre, jouent à se ressembler et, à la moindre alerte, réendossent frileusement une identité malade. La nécessité de réouvrir un passage à la femme pour qu'elle tempère de ses valeurs la civilisation actuelle, qu'elle apporte le sens de l'amour et de l'humain là où il n'y a que langage de pouvoir, de rentabilité et d'argent, conduit pour le moment à des excès. Pour se faire accepter, la femme se masculinise et devient femme de pouvoir au mauvais sens du terme. Son pouvoir existe mais il se situe dans un ascendant spirituel et en se trompant de combat la femme compromet l'espoir contenu dans son surgissement.


Extrait de "La femme solaire " Paule Salomon

Les Mères double facette

Une femme accomplie est-elle une femme multifacettes ? 
La Femme de coeur et la Femme de tête se complètent pour créer la Femme debout, la femme complète. Combien parmi-nous peuvent revendiquer en être une?

Poussée par notre histoire, nos conditionnements, nos expériences nous sommes plutôt une mère affectueuse, tendre, présente et qui assume tout et désormais, pour la majorité d’entre nous, en travaillant. Et / ou une femme active, voire parfois une business woman. Pour d’autres c’est plutôt la femme au service de la famille, sans une réelle vie personnelle. Et dans ces différents cas de figure, qu’en est-il de la Femme, celle qui aurait plusieurs visages, plusieurs aspects ? A-t-elle aussi sa place ? 
Chez FemininBio... évidemment ! Mais quand même, arrêtons-nous quelques minutes sur les multifacettes de la femme et voyons celle que nous sommes. Nous pourrions avoir quelques surprises. 
Les facettes de la femme : un détour par les archétypes 
Prenons les références multimillénaires des grands archétypes féminins que je nous propose de revisiter afin d’apprécier avec lesquels nous sommes en affinité et ceux que nous avons oubliés. Peut-être pourrions-nous découvrir que nous n’avons pas encore tout exploré ? 
Artémis : Vierge / Jeune Femme
Équilibre, sexualité bourgeonnante, développe le sens de l’intimité, la pudeur, la délicatesse, n'appartient à personne, sauvage, libre, instincts, intuition, protège les âmes sensibles et les innocents, sororité, Lunes Rouges.

Aphrodite : Amante
Amour, relations intimes, séduction, beauté, fertilité, créativité.

Amazone : Guerrière
Indépendante, se dirige elle-même, guerrière, forte, courageuse, rebelle.

Déméter : Mère
Liée à la Terre-Mère, moisson, agriculture, naissance, projets créatifs, contrôle, chaleur, nourrir les autres.

Héra : Matriarche
Tête du clan, autorité, sécurité, calme, force émotionnelle, protectrice de la femme et du mariage, gardienne de la fécondité du couple et des femmes en couche. Jalouse des infidélités de son mari.

Hestia : Servante, gardienne
Gardienne du foyer, servante, assure, concorde, bien-être et quiétude.

Isis : Prêtresse
Connaît les Mystères de la Connaissance, reliée au divin, incarne la spiritualité et le sacré.

Hécate : Chamane 
Guérisseuse, chamane, sorcière, clairvoyance, intuition, auto-guérison alchimiste, ombre (mort) et lumière (fertilité, richesse matérielle et spirituelle), transformation, bouclier du pouvoir, fait face à ses plus grandes peurs.

Gaïa : La Grande Mère
La Terre-Mère, le centre de la vie, le grand utérus cosmique, l'obscurité, le chaudron, l'endroit où tout est potentiel et possible, refuge, opportunité de repos.

Nyx : La sage-femme, la femme sage
Paisible, sage, clairvoyance de l’expérience, poétesse, artiste conteuse, se prépare à sa mort (accepte son âge), enseignante, facilitatrice, assiste les autres avec la transformation personnelle, aide les faibles.

Athéna 
Stratégie guerrière, Justice, équilibre, artiste, écrivain, littérature, sagesse, prudence, raison, démocratie, république, politique.

Une fois, cet examen introspectif terminé, je reviens à la Femme Debout.  
Les ressources de la Femme Debout pour changer le monde 
J’ai choisi de terminer la liste des archétypes par Athéna car ayant réhabilité l’émotion et l’intuition, après des centaines d’années de discrédit, nous pourrions laisser la balance pencher exagérément de ce côté et oublier cet autre versant de la Femme qu'elle incarne. Athéna représente celle qui sait régner sur la Cité, qui aide à produire les lois et surtout celle qui fait avancer la démocratie. 
En ces temps de mutation profonde de notre société, sans doute la Femme de tête est-elle aussi nécessaire que la Femme de cœur. Sachant allier la sagesse au sens politique, elle pourrait incarner un autre aspect de la prospective, percevant l’avenir de la Cité grâce à son intuition, moyen de prendre des décisions accélérées, tout à fait propice dans notre monde complexe. Elle a aussi le talent, issu de ses millénaires de gardienne du foyer, d’avoir une vision transdisciplinaire des sujets comme de la vie. Elle sait accueillir l’incertitude et l’improbable, fruit de la vie de famille : des facéties des enfants ou des frasques du mari. Flexibilité et agilité qui sont les compétences désormais convoitées dans les entreprises et qui sont les mamelles de la "gestion" domestique. 
La Femme Debout rassemble toutes les facettes féminines
En un mot l’Athéna du XXIème siècle, Femme Debout, réconciliant ses différentes facettes est la ressource idoine pour appréhender le monde complexe et plein d’incertitudes que nous vivons. Elle manifeste, du tréfonds de sa matrice, les trésors de résilience nécessaires aux transformations sociétales. Elle a la patience d’Héra et de Déméter sachant que les graines prennent du temps à germer, elle saura aider les semis (innovations sociales) à devenir des plantes et faciliter la croissance des émergences de nouveaux possibles de notre société. Elle saura accueillir et faire grandir la biodiversité des solutions, comme Héra aimant ses multiples enfants. Athéna détient la sagesse nécessaire pour opérer les bons choix. 

Avec la force d’Amazone alchimisée, elle manifeste une stratégie patiente et pacifique au service de l’émergence d’une nouvelle humanité. Avec une slow attitude, elle sait communier avec le vivant qui ne l’a jamais quittée, puisqu’elle donne la vie depuis des millénaires. 
Créative, intrépide et aventurière, cette Femme debout ne craint pas d’arpenter de nouvelles voies, d’oser sortir des sentiers battus pour ouvrir les portes et les fenêtres des futurs insolites. Réconciliée avec le sacré, elle propose un avenir pétri de sens, relié à l’essence des choses, jouant avec les sens pour renouer avec la spiritualité, alliant le divin et la sexualité sacrée. Prêtresse et chamane, elle sait écouter les enseignements millénaires des peuples racines et les adapter au monde contemporain pour qu’il retrouve un nouveau souffle. 
C’est la Femme Debout qui fera advenir notre futur souhaité 
C’est de cette Femme Debout dont notre présent a besoin pour faire advenir notre futur souhaité. Cette Athéna du XXIème siècle combinée à Aphrodite, assumant sa féminité, la puissance de l’Amour (d’Eros, à Filia jusqu’à Agapé) et la relation à autrui, est en capacité de créer les solidarités, les fraternités, les coopérations, les synergies essentielles pour dépasser les défis de notre monde en pleine métamorphose. 
Il nous suffit, chacune, de décider de devenir une Femme debout et de nous réconcilier avec chacune des facettes de nos archétypes délaissés. Alors grandie, entière, apaisée de retrouver l’unité en nous, nous pourrons apporter autour de nous les conditions propices au nouveau monde respectueux de tous les règnes du vivant auquel nous aspirons. 
L'experte : 

Christine Marsan est psychologue, psychothérapeute, coach, consultante en accompagnement au changement et des mutations en entreprise et écrivain. Elle a écrit plus de 15 ouvrages dont Chemin de SoiChoisir la paix et Oser changer sa vie. Elle réalise des groupes de thérapie intensive, des stages autour d’Oser changer sa vie et Revisiter ses archétypes pour s’épanouir.

jeudi 28 août 2014

Le Féminin de l'être



Le féminin de l'être : pour en finir avec la côte d'Adam par Annick  Souzenellle


LE LIVRE / Après le temps du féminisme, mouvement social dont Annick de Souzenelle note à la fois la nécessité historique et les limites, et après le temps d'une féminité artificielle exploitée par la publicité, l'heure est venue d'explorer le sens du féminin. A partir d'une lecture du texte biblique en hébreu, l'auteur du Symbolisme du corps humain nous introduit dans cette dimension essentielle. Scrutant la Genèse, elle s'inscrit en faux contre l'image d'une Eve « sortie de la côte d'Adam », pour mettre en évidence Isha, « l'autre côté d'Adam », la réalité féminine présente en chacune de nous. Elle réinterprète ensuite d'autres grandes figures de la Bible - Marie, Marie-Madeleine, Lot ou Lazare - pour les replacer dans une perspective mystique dans laquelle l'âme de l'homme est une « fiancée » promise aux noces divines. -4ème de couverture- (date de publication : 15 octobre 2006)

Extrait d’un entretien d’Annick de Souzenelle – auteur du livre Le Féminin de l’être – avec la comédienne Juliette Binoche. Entretien paru dans Libé

« A. de S. : Je me suis posée la question des lieux du corps dans les textes bibliques. Pourquoi est-ce le talon d’Eve qui est blessé ? Pourquoi la hanche de Jacob ? Pourquoi les cheveux de Samson ? Etc. Quand j’ai été capable de lire le texte en hébreu, j’ai compris que tous ces mots du corps étaient chargés de sens, signifiant autre chose que ce qu’en a consigné et figé la traduction qu’on nous donne. C’est en défrichant à la lettre les lieux du corps que j’ai abordé le problème le plus important dans la Bible : la question du masculin et du féminin. Le mot mâle, en hébreu, c’est le verbe «se souvenir», et n’importe quel être, qu’il soit un homme ou une femme, porte en lui cette capacité à se souvenir. Le mot femelle en hébreu, c’est, d’une façon très crue, «un trou». Mais un trou qui est un abîme sans fond, c’est-à-dire toute la transcendance de l’être.En même temps, c’est le mot qui veut dire aussi «le blasphème» : si je m’arrête à un moment donné dans cette expérience de l’abîme, et que je la fige en une signification idolâtre, alors je blasphème. Il faut donc que j’aille toujours plus loin en moi, toujours plus loin…

J. B. : Ne pas s’arrêter, jamais…

A. de S. : Le féminin porte dans sa définition biblique cette fonction spirituelle intense, continue, intrépide, et cela n’est pas du tout passé dans les traductions de la Bible des Septantes, celles qui ont servi de base aux catholiques. Tout être humain est appelé à aller vers lui-même, à descendre dans ce «trou» : il fait à la fois oeuvre mâle (il se souvient) et oeuvre femelle (il s’ouvre à lui-même), ce qui réconcilie ce qui a toujours été séparé. Il nous faut épouser tous les éléments qui sont dans cet abîme et restent des énergies inaccomplies. Car nous sommes tous enceints du divin. »

« J. B. : J’ai souvent l’impression, en vous entendant, d’avoir fait l’expérience physique de ce que vous décrivez comme une expérience spirituelle. Il y a eu mes cauchemars de petite fille, mais aussi, par exemple, une expérience physique du trou. Il y a quelques années, j’ai voulu visiter la grotte de Marie-Madeleine, à la Sainte-Baume. Elle était fermée pour travaux, alors je suis allée dans une autre, à un quart d’heure de marche, la «grotte aux oeufs». Il fallait d’abord traverser une forêt d’ifs, de hêtres et de chênes, trois heures de marche extraordinaires. Puis, face à la grotte, qui est comme un sexe féminin, une quinzaine de mètres de hauteur, une fente dans la roche, je me suis mise à rire et à pleurer en même temps. C’était insoutenable, de peur et de joie, d’être face à un tel abîme. Même avec une lampe de poche, je ne pouvais plus avancer, je n’arrivais pas à descendre. Mais j’avais écrit une lettre, importante pour moi, que je voulais placer au fond. C’était un voeu. Petit à petit, je suis descendue. Arrivée en bas, je me suis sentie extrêmement bien, comme dans l’utérus de la terre. J’ai déposé ma lettre avec joie, c’était une libération.


A. de S. : Cette plongée dans le sexe de la terre fut votre expérience du «trou» mystique. C’est beau, émouvant, le signe que vous pouvez aller loin dans votre vie intérieure. C’est au plus loin possible qu’existe le noyau divin qui nous donne vie. »

site web d’Annick de Souzenelle : souzenelle.free.fr


Semence pour l’avenir MERE-TERRE

La nouvelle Conscience Collective Ecologique


Un rêve ou une réalité à construire ?

Je rêve d’une nouvelle conscience planétaire où l’écologie ferait partie intégrante de notre éducation, de notre quotidien, de nos valeurs, de nos sociétés afin de servir la Vie. Une nouvelle conscience qui passerait par des paroles, des pensées, des images, des actes positifs comme ceux du documentaire “UN JOUR SUR TERRE” de Alastair Fothergill. Un magnifique hommage à notre splendide planète et aux animaux qui la peuplent, qui se battent pour survivre, malheureusement menacés d’extinction. Le rêve et la volonté de diffuser ce film dans toutes les écoles, les universités, dans nos mairies, nos centres culturels, tous les lieux publics, à travers les écrans dans les transports en commun, les salles de conférences, nos ministères, etc… pour réveiller nos mémoires positives, celles qui savent aimer et honorer la Vie sous toutes ses formes.


D’après le journal australien The Age, les projections de ce rapport, intitulé “Impacts, adaptation et vulnérabilité”, indiquent que 200 à 700 millions de Terriens pourraient souffrir de pénuries alimentaires d’ici 2080 à cause du changement climatique. Les pénuries d’eau pourraient frapper, elles, entre 1,1 et 3,2 milliards d’êtres humains. Après l’attribution du prix Nobel au démocrate et écologiste américain Al Gore pour avoir contribué à éveiller la conscience mondiale sur les dangers du changement climatique, de nombreux experts ont expliqué que d’importants changements climatiques pourraient altérer et menacer les conditions de vie d’une grande partie de l’humanité. Ils pourraient déclencher des migrations massives et déboucher sur une concurrence accrue sur les ressources. Il pourrait y avoir un risque accru de conflits violents et de guerres entre et au sein des Etats. Ces prévisions sur le futur de notre Planète, ressemble plus à un véritable cauchemar qu’à un “Rêve de Femme”, un processus irréversible qui a déjà commencé. Face à l’immobilité et l’indifférence, je désire seulement souligner que nous vivons un moment de tous les dangers, sans pour autant céder à la panique, mais plutôt afin de construire au plus vite une culture écologique, faisant face aux nouveaux périls que nous affrontons.



J’ai la profonde conviction que cette nouvelle conscience écologique existe déjà et même qu’elle a toujours existé, elle a juste besoin d’être réveillée pour un plus grand nombre d’individus. Quelques graines d’espoir qui sont semées un peu partout dans le monde à travers des micro-projets de Femmes défavorisées et pourtant si courageuses pour aider leur communauté, des projets de vie qui unissent et solidarisent, de nouveaux métiers pour la protection de l’environnement, une nouvelle forme d’économie solidaire, la construction d’un développement soutenable au Sud avec le soutien du Nord et dans un échange réellement équitable; des idées, des débats, des livres qui ouvrent le dialogue et préparent aux actions… Une créativité florissante qui permet enfin de défendre, soutenir, protéger et honorer cette merveilleuse planète Terre sur laquelle nous vivons. Des graines qui peuvent germer, croître et se propager plus loin, plus vite que l’on peut imaginer afin d’offrir une Planète encore riche de ressources naturelles, avec une Biodiversité, un Patrimoine écologique digne et respectueux de notre précieux héritage, pour au moins les sept futures générations.



Nous pouvons choisir en notre âme et conscience d’être ces abeilles propageant ce miraculeux pollen, chacune dans son alvéole la plus proche, créant ainsi une nouvelle humanité au service de la Terre. Or cela est possible, comme l’incroyable magie des abeilles, si et seulement si nous nous unissons pour préserver la Vie, si nous ouvrons véritablement nos cœurs à l’unité à l’intérieur comme à l’extérieur de nous.



J’aimerais partager et transmettre mon Amour pour la Vie, pour les arbres, les plantes, les Eaux Sacrées, les pierres, les animaux, les enfants, pour notre belle planète et tous les êtres qui y vivent. Si d’une baguette magique je pouvais ouvrir les cœurs que je croise et réveiller cet Amour, ce respect de soi, de l’autre, de la Vie... Mais il s’agit là d’un doux rêve d’enfant, impossible, alors j’ai choisi en tant que Femme, avec détermination, une réalité à construire, celle de servir à travers mon cœur, avec la profondeur de mon âme, et dans tous mes choix de vie : une nouvelle conscience collective écologique, où servir notre Terre Mère, c’est être entièrement dévouée à la Vie, à mon plus simple et modeste niveau bien sûr, avec la confiance et l’innocence d’un cœur d’enfant, sans jamais me désister, faillir, abandonner et surtout sans condition.



Une grande et belle aventure vers l’inconnu : la chance et la joie dans mon cœur de me sentir libre au plus profond de moi-même, pour me donner inconditionnellement à la Vie avec comme unique guide ce proverbe Soufi :

“Tout ce que tu donnes est à toi, pour toujours.
Tout ce que tu gardes est perdu à jamais”.

Samia Essadi, Femme Berbère

AMAZIGH qui signifie être libre, être noble et citoyenne du Monde.
Extrait de la revue REVE DE FEMMES

La femme solaire


La femme d’aujourd’hui est en pleine émergence. Une femme qui n’a pas encore existé, une femme consciente qui hérite des blessures et des richesses du passé, une femme décidée à se libérer des vieilles chaînes de servitude extérieures et intérieures, une femme qui a la force de la révolte et le pouvoir de l’amour, une femme créative et solaire.


Pendant des millénaires les femmes se sont englouties sous les eaux de l’inconscient, elles ont perdu la parole fécondante de la tradition initiatique des Déesses-mères, elles ont accepté de croire qu’elles étaient des êtres inférieurs et coupables, que leur corps était synonyme de tentation pour l’homme, que le sexe et le plaisir entraînaient la perdition. Elles se sont soumises à l’autorité masculine, au plaisir masculin, elles se sont aliénées et ont cherché leur rédemption en se mettant au service d’un homme et de sa descendance. C’est ainsi que l’humanité s’est trouvée privée d’une partie d’elle-même : la valeur féminine de l’existence reliée à la jouissance, au réceptif en alliance avec l’actif. Depuis des millénaires la civilisation manque cruellement de dimension féminine, se dessèche et se durcit, s’enkyste dans la guerre sous l’influence du masculin. Les hommes et les femmes souffrent également de ce déséquilibre. Même aujourd’hui les femmes ne sont encore que des caricatures d’elles-mêmes et les hommes sont privés de l’accès à leur féminin intérieur positif.


Pourtant une voie de passage s’ouvre. Chaque femme est touchée par un rayon de transformation et malgré les charges familiales et professionnelles qui pèsent souvent sur elle, elle cherche à avancer, s’informer, améliorer la relation à elle-même, à l’homme et à sa famille.

Dans le mouvement du développement personnel les femmes sont présentes à 70% et même celles qui ignorent tout des séminaires lisent avidement quelques bribes d’information psychologique. Beaucoup sont en souffrance dans leur évolution et tâtonnent confusément pour trouver une issue.



Je suis une femme et les outils que je propose sont issus de mon expérience de femme, de philosophe engagée dans une quête de sens et dans une recherche du bonheur. Je peux témoigner avec simplicité que plus j’avance, au moins en âge, et plus je découvre avec émerveillement la profondeur des sensations du vivant, l’insondable mystère de l’être, l’infinie beauté du moment présent, l’exactitude de la voie du milieu.



Je ne représente aucune tradition, je marche à la rencontre de la tradition qui n’a pas de nom, au cœur de la nudité de l’être, la tradition libératrice qui ne prend pouvoir sur personne. Je me sens reliée pourtant à la grande tradition de la Déesse-Mère qu’on dit tantrique. Je fais confiance à mon être, à la conscience en moi pour avancer toujours plus loin dans une initiation énergétique, dans un éveil des centres subtils qui féconde toujours davantage ma structuration verbale. Depuis la publication de la Femme Solaire, j’ai rencontré beaucoup de femmes, j’ai animé de nombreux séminaires et j’aimerais en rencontrer encore davantage. Je suis émerveillée par la capacité de développement du système énergétique féminin et je suis persuadée que l’initiation féminine est en pleine renaissance. 



La sororité est une expérience toujours plus profonde, plus fine quand elle se conjugue dans le silence de la méditation, mais aussi dans la joie de la danse, la sensualité du massage, le partage authentique des âmes nues. C’est un merveilleux privilège de pouvoir ainsi jouer de soi comme d’un instrument et de créer à plusieurs une musique harmonieuse. La Femme Solaire est en train de naître sous nos yeux conscients et inconscients favorisant l’émergence d’un nouvel homme.

Paule Salomon
Livres : La Femme Solaire. La Sainte Folie du couple. La Brûlante Lumière de l’Amour. Les hommes se transforment. Bienheureuse infidélité et Gourmande sérénité

mardi 26 août 2014

LE SENS CACHE DES DEPENDANCES


Avant d’être vécue comme une difficulté, la dépendance constitue en premier lieu une phase physiologique normale du développement de l’être humain. L’œuf nouvellement fécondé, l’embryon, puis le petit enfant ne pourraient survivre si l’extérieur ne lui prêtait des moyens matériels, alimentaires et affectifs. Nous utilisons ces aides pour nous constituer.

La dépendance est donc au départ une nécessité et une bonne chose. L’extérieur pallie notre absence de moyens. Nous sommes donc au départ, dépendants, par la force des choses !

Le chemin de notre vie sera longtemps un chemin d’autonomie. C’est-à-dire un chemin pour apprendre à trouver en nous ce qui au départ nous venait de l’extérieur. Passer d’une dépendance nécessaire à une autonomie voulue et gagnée sur la vie : l’histoire fait fondamentalement partie de notre chemin d’apprentissage.

Tout au long de ce chemin vont se présenter de nombreux écueils parmi lesquels nous trouvons les drogues. Elles sont le plus souvent des substituts ou des déplacements à des dépendances non résolues.

En explorant le chemin de nos dépendances, nous visiterons les phases mal ou incomplètement vécues de notre existence. Quitter nos dépendances, c’est se libérer pour trouver pleinement le sens et les moyens de notre vie.

Commençons par revisiter notre histoire afin d’y découvrir de nombreux mécanismes intimes des dépendances. 

Cannabis : le grand choix
Entré dans l’utérus, l’œuf fécondé vient de parcourir tout le chemin à l’intérieur de la trompe. Pendant tout ce temps, il a vécu sur ses réserves originelles. Mais le voilà au bout : il doit soit accepter l’implantation, soit mourir. Une fois dans l’utérus, il sera nourri. Nous devons aussi garder en nous la mémoire de ce dilemme. Sans cela nous n’existerions pas !

Si nous sommes là, c’est peut-être bien parce que nous l’avons décidé. La moitié des œufs arrivés dans l’utérus ne s’implantent pas, cela veut peut-être dire que les autres ont fait ce choix. Au stade des questions sur la responsabilité et la dépendance, voilà sûrement une question importante à se poser.

La fécondation s’est faite de haute lutte et c’est entre de très nombreux spermatozoïdes que nous avons dû gagner pour être là. Pour y arriver, il nous a fallu être particulièrement décidé.
Coluche, ce sage, le disait avec tant d’humour et une si grande profondeur : « si un jour tu es déprimé, souviens-toi qu’un jour aussi tu as été le premier de 500 millions de spermatozoïdes » (il y a normalement 500 millions de spermatozoïdes en moyenne par éjaculation). Et seulement une fécondation sur quatre donnera un enfant.

Une question est alors posée : suis-je ici dépendant des décisions des autres, ou ai-je eu l’occasion de décider ? Faites vos comptes : il faut 4 lots de 500 millions de spermatozoïdes pour faire un enfant. Soit 1 seul sur 2 milliards… si cela n’est pas un choix…

Au moment donc de l’implantation, l’œuf s’approche et 
la paroi de l’utérus lui envoie une molécule de la famille du cannabis : l’anandamine. C’est donc l’utérus qui fait sa cour à l’œuf pour lui donner envie de venir. En fait, l’œuf s’implante par une demande acceptée.

Puis, et c’est très important, l’anandamine et ses récepteurs disparaissent. Ce message reste donc totalement secret, sans aucune mémoire si ce n’est cellulaire, de ce qui s’est conclu « à l’oreille » entre mère et enfant. Ce sera un des grands contrats secrets de notre vie. Et vous, à votre avis, que vous a-t-on dit pour que vous vous implantiez ?

Le cannabis, cette drogue génératrice des plus habituelles dépendances de l’adolescent, nous renverra à la phase d’implantation. « Je n’ai pas demandé à naître » disent les adolescents, pour tenter d’éloigner d’eux la souffrance et la responsabilité de leur vie qui n’est pas toujours telle qu’ils l’ont espérée. 

Le sucre
Première et éternelle consolation. Symbole de toutes les dépendances. C’est aussi l’archétype de la dépendance alimentaire et/ou affective.

Dès son implantation, l’œuf « tombe » dans la paroi de l’utérus dont les cellules superficielles (dites déciduales) sont remplies à exploser de glycogène. Le glycogène, c’est du sucre sous forme stockée. 
C’est comme si notre œuf atterrissait dans un dépôt de sucre.

Ce sucre va donner de l’énergie à l’œuf à bout de réserve. Mais il va aussi coder profondément le fonctionnement de l’embryon, futur être humain.

Nous venons de voir qu’au départ, la vie est marquée par une promesse au cannabis, elle est suivie d’une abondance de sucre. 
Ces deux dépendances, cannabis et sucre, resteront longtemps intimement liées. Elles pourront même faire le lit l’une de l’autre.
Nourri au départ par le sucre de la couche déciduale, l’embryon le sera ensuite par le cordon ombilical pour tous ses besoins, avant que le sein ne prenne le relais.

Une grande partie du chemin de l’être humain consistera de passer d’une nutrition extérieure où tout lui est donné et dont il est complètement dépendant, à une situation où il sera capable d’être alimentairement et psychologiquement autonome. Capable de se passer d’aliments de façon prolongée, de stocker et déstocker selon ses besoins.

Les attitudes physiologiques alimentaires et psychologiques seront souvent très parallèles. Nous pourrons longtemps juger de l’indépendance psychologique sur la base du besoin de sucre ou d’autres aliments. Avec les années, les apports alimentaires vont se diversifier et la dépendance vitale et unique au sucre va se moduler en de nombreux aliments dont chacun évoquera un besoin spécifique et une dépendance possible. Pensons au chocolat, dépendance au sentiment d’être amoureux, ou à l’alcool, qui traduit notre difficulté à accéder à notre propre vérité.

D’une façon générale, chaque problématique de dépendance non résolue pourra se compenser par un élément extérieur qui se comportera alors comme une drogue. Le sucré évoque la dépendance affective, l’assistance extérieure et la dépendance permanente de l’autre.

Toutes les traditions religieuses ont compris que pour inciter à la méditation et au développement spirituel, il est souhaitable d’apprendre l’autonomie alimentaire. Ce sont les principes du jeûne, du carême et du ramadan, mais aussi l’ascèse du bouddhisme et la recherche de la voie du milieu. 

Amour et oxygène
Tout au long de la grossesse, l’enfant recevra de ce cordon alimentation et oxygène.
L’oxygène, comme nous le disait Arthur Janof, est équivalent à l’amour (Biologie de l’amour). L’amour qui m’est donné avec le sucre et tout le reste. Selon lui, toute carence en oxygène est interprétée par l’enfant comme une carence d’amour. Il nous renvoie là aux carences d’oxygène de l’enfant au moment de la naissance et de la souffrance fœtale qui ne sera pas sans laisser des traces. Certaines situations nous ramènent à cette période. Pensons aux apnées du sommeil d’un côté et aux amateurs de marathon de l’autre.

Le tabac doit aussi nous renvoyer à une dépendance affective, à une faiblesse relationnelle que nous tentons de compenser par le piquant du tabac. A l’heure de l’interdiction du tabac, combien pourront s’interroger dans leur histoire sur ce manque d’amour/oxygène dans leur vie relationnelle ? 

L’accouchement, la première grande épreuve et la première grande souffrance
Elle se vit en coopération intime entre l’enfant et sa maman.

En cas de souffrance trop importante, le cerveau sécrète des endorphines (morphines internes) pour nous aider à passer le cap. Les endorphines nous donnent une sensation de bonheur et de bien-être. Par la suite, il peut survenir dans notre histoire beaucoup d’autres souffrances et des sécrétions d’endorphines pour les supporter.

Prenons garde alors que l’organisme ne finisse pas par confondre souffrance et bonheur. C’est peut-être là un des mécanismes de la recherche et de la dépendance à la souffrance. Cela peut expliquer en partie la physiologie cérébrale de nos conduites répétitives, comme si nous savions qu’à un moment le malheur nous ferait du bien. C’est sûrement une des dépendances les plus perverses. Elle aide les enfants battus à survivre mais doit aussi un peu se cacher au fond de chacun d’entre nous, souffrances physiques, mais surtout souffrances morales. C’est aussi à cela qu’il faudra penser lorsque s’installe la dépendance aux morphines et autres cocaïnes.

D’une façon plus simple, 
combien d’entre nous sont des drogués du stress et de l’adrénaline ? Combien de fois avons-nous pu nous poser et nous reposer simplement dans la possibilité d’être ?

Faut-il voir un lien entre les personnes qui ont souffert et les personnalités entreprenantes aimant le risque ? La souffrance nous rendrait-elle dépendants du désir de conquête ? N’est-ce pas aussi le propre de l’être humain que de créer ses propres solutions et ses civilisations ? 

La première dépendance à la naissance, ce sont les autres
L’enfant est totalement dépendant de sa mère et de ses parents en général. Totalement dominé, il nous faudra au plus vite lui donner et redonner le pouvoir sur sa vie. Mettre nos moyens à son service. Comprendre que le besoin de l’enfant commande. Il pourra alors affirmer au plus vite sa volonté et perdre cette dépendance au groupe que nous retrouvons chez tant d’adultes, ceux à qui on a pu dire « ce n’est quand même pas un petit enfant qui va commander ». Accepter au plus vite ses « Non » et ses prises d’autonomie. Notre peur pour eux est souvent légitime, mais néanmoins problématique en raison du maintien en dépendance. Le « J’ai peur pour eux » risque d’inhiber leurs désirs précoces de prise d’autonomie. Ce point est particulièrement délicat. 

Le temps
Il est aussi une grande dépendance dont l’origine se cache, comme le stress et le groupe, dans la petite enfance. Entre un et sept ans, l’enfant fait ses apprentissages particulièrement émotionnels, sous la gouverne de cette glande essentielle qu’est la thyroïde. Les maladies de la thyroïde renvoient souvent à des insécurités et des manques d’écoute de cette période. La thyroïde, c’est le thermostat des émotions. C’est aussi un grand régulateur du temps. Apprentissage et calme sont liés.

Prendre le temps de comprendre et de faire soi-même, mais surtout en toute sécurité, jusqu’à avoir bien intégré sa solution à soi, avec au besoin l’aide de l’autre, mais surtout à son propre rythme, à distance des « dépêchez-vous ». Passer calmement de l’instant de l’enfant au temps serein de l’adulte, parce que j’ai pu acquérir moi-même mes propres solutions. 
La drogue ici sera l’angoisse du temps, le « dépêchez-vous » et ces journées que l’on sur-remplit. 

Il existe encore beaucoup d’autres dépendances
Le stade anal nous en offrira encore beaucoup, ainsi l’argent et la peur de manquer. Souvenons-nous toujours que l’argent est un équivalent de la peur de manquer d’affection. La peur de manquer couplée à la dépendance affective sera un très bon pourvoyeur de risque d’obésité.

Toutes les rigidités et besoins de sécurité (propreté, règle, orthographe, horaire, rangement) nous renvoient à un besoin de sécurité datant de ce stade, à des manques que nous cachons.
La dépendance à la propreté et la peur des microbes peuvent tourner à la phobie. Les phobies sont souvent des drogues qui cachent des dépendances. Souvent des difficultés de séparation. Au fond, notre organisme a bien compris que le microbe a, par la maladie qu’il pourrait déclencher, un rôle mutateur et testeur de notre état.

Certains sont dépendants de la politique ou de la tradition, des bonnes manières même. Au fond, qu’est-ce qui ne vient pas originellement de nous et dont nous n’arrivons pas à nous passer ? 

Comment avancer
En fait, naturellement, la nature va utiliser l’extérieur tant qu’elle en aura besoin, puis progressivement s’autonomiser comme un fruit mûr cherchant à créer un nouvel arbre. Dès qu’un être aura eu son compte d’aide extérieure, il pourra s’en passer.Remplir un besoin sert à quitter la dépendance. Il pourra alors y avoir passage du relais et transfert du pouvoir. Dès que la structure extérieure a bien fait son travail, il est possible sans difficulté de quitter la dépendance.

Concrètement, on lâche un besoin extérieur dépendant dès qu’il a joué son rôle structurant et autonomisant. La question face à une dépendance est « en quoi ce principe n’a pas été respecté ». N’ai-je pas assez reçu, ou cela ne m’a-t-il pas été donné comme j’en avais besoin, ou encore cela m’a-t-il été donné pour entretenir ma dépendance ? On retrouve le « donner pour recevoir » si fréquent et le « avec tout ce que j’ai fait pour toi… ». Qui a pu avoir intérêt à ce que je sois dépendant ou avoir eu peur que je sois autonome ?

Dans ce transfert progressif de compétence qu’est l’autonomisation, l’amour et la générosité de celui dont on dépend au départ sont les grands moteurs d’une transmission saine. 

De la dépendance à la drogue
Nous passons ainsi de la dépendance à l’autonomie. Sur cette route, la vie va nous proposer de nombreuses drogues chimiques ou sociales. Chaque drogue est un substitut à une dépendance de base non résolue. Un lieu de transfert sur une molécule ou une habitude d’une phase d’autonomie émotionnelle non acquise. Regardons avec attention et cherchons à comprendre. 

De la dépendance à la passion de vivre
Nous avons donc été construits avec l’aide de structures extérieures. Et progressivement nous nous en détachons pour devenir autonome et faire notre propre vie. Nous sommes aussi conscients que notre héritage transgénérationnel représente un poids et peut devenir une dépendance dans le sens de notre vie. Le chemin est aussi à faire à ce niveau.

Mais beaucoup d’entre nous ont des attitudes qui peuvent s’apparenter à des dépendances mais qui en fait peuvent être positives, favoriser notre épanouissement. C’est que l’être humain a besoin de passions pour vivre et qu’une fois débarrassés d’un besoin impératif venant de l’extérieur ou d’une dépendance,
nous pouvons choisir nos besoins.

C’est le passage de la dépendance aux choix et aux passions de la vie, ces dépendances non plus héritées, mais choisies, qui sont en fait nos grands moteurs de vie, les lieux des engagements, ce qui nous motive et nous fait vivre.

Un sport, un art, une création, un développement, sa famille, ses amis et ses amours, tout ce qui fait les moteurs de vie et qui fait que nous sommes des êtres humains faisant avancer le monde. 



Et derrière tout cela… à quoi ça sert ?
A la différence des animaux qui sont totalement déterminés et programmés, l’être humain n’est pas fini. Un animal n’a pas de choix et n’a pas de dépendance. Il s’inscrit comme un maillon dans une chaîne de la vie. Personne ne parlerait pour cela de dépendance, mais de place et d’équilibre.

L’être humain, lui, naît d’abord totalement non fini physiologiquement et ainsi totalement dépendant. Il lui faut au moins un an pour marcher et aller chercher seul sa nourriture. Bien sûr, une part de notre physiologie est comme celle de l’animal, déterminée biologiquement, mais la plus grande part s’apprend, s’écrit. D’un autre côté, l’être humain est en soi rempli d’espérances, de désirs et d’aspirations. C’est sa part supérieure, spirituelle.

Entre les deux, il y a l’homme et son histoire. Entre animal et Dieu, avec une si grande part à écrire. C’est cette part qui aura au départ besoin d’aide extérieure, avant de se reprendre en charge d’elle-même. Avant que l’adulte puisse écrire seul sa propre histoire, sous sa propre responsabilité.

La responsabilité est ici un mot essentiel et une grande question qui se pose au niveau de la dépendance. 
Un être libre et autonome peut poser des actes pleins et entiers, mais en même temps il en est pleinement responsable. Alors qu’une personne dépendante n’est pas vraiment responsable de ses actes et de ses choix.

La liberté se paie ainsi d’un lourd tribut de responsabilité et d’un risque d’angoisse et de peur de se tromper. Le tout nous étant soigneusement évité par la dépendance, surtout si elle est la plus large ou la plus lointaine possible. « C’est la faute des autres » nous aide souvent. C’est la faute des autres, est aussi « le véritable début de la maladie, qui commence à l’instant où nous justifions par l’extérieur le malaise intérieur » nous disait Samuel Hahnemann. C’est peut-être la peur de la responsabilité qui peut nous faire encore choisir la dépendance. 

La liberté est essentielle à l’être humain
Elle donne un sens à sa vie. Elle permet de faire évoluer l’humanité. C’est quand l’être humain a quitté les dépendances qu’il peut commencer à écrire sa vie et à faire avancer le monde. Responsabilité et autonomie sont intimement liées.

Quitter les moteurs hérités pour choisir les moteurs de notre propre vie. 


Article de Olivier Soulier http://www.lessymboles.com/